Faut-il dépister le cancer de la prostate?
Le dépistage
Par définition, le dépistage a pour but de diagnostiquer une maladie avant que les symptômes n’apparaissent. Ceci vise à diminuer la mortalité liée à cette maladie. Concernant le cancer de la prostate, le dépistage se fait actuellement en associant un toucher rectal et une prise de sang pour doser la PSA (une molécule spécifique de la prostate). Si l’un des deux est anormal, une biopsie de la prostate est effectuée (par voie rectale).
Opération ou surveillance: le grand dilemme
Les traitements à visée curative reconnus du cancer de la prostate sont actuellement la prostatectomie radicale, la radiothérapie externe ou la brachythérapie. Faut il traiter tous les cancers de la prostate? Ces traitements peuvent avoir des conséquences importantes sur le système urinaire et pour la vie intime des patients. D’autre part, le cancer de la prostate se développe très lentement et une partie des patients atteints de cancer ne nécessiteront jamais d’opération. A l’opposé, décider de ne pas opérer peut avoir des répercussions psychologiques liées au stress et à la peur de développer une forme agressive de cancer. Outre ces aspects «subjectifs», c’est également prendre le risque de laisser un cancer se développer.
En réponse à ce dilemme, la «surveillance active» s’impose comme option thérapeutique à visée curative qui permet de différer un traitement invasif jusqu’au au stade où un traitement radical est réellement nécessaire pour éviter les complications liées à l’évolution de la maladie. Ce choix offre un bon compromis: elle permet de suivre la progression naturelle de la maladie, et de ne la traiter qu’en cas de progression. Concrètement, il s’agit de renforcer la surveillance en cas de dépistage anormal. Le toucher rectal et le dosage de la PSA sont alors refaits tous les 3 mois. Si le cancer évolue, l’opération est proposée au patient.
Cette manière de faire permet de retarder ou d’éviter un traitement invasif, dans les cas qui ne le nécessitent pas. Une étude montre que cela permettrait d’augmenter la qualité de vie des patients avec une forme de cancer peu agressive (notamment en évitant les effets secondaires de l’opération).
Et pour l’avenir?
De nombreuses recherches sont en cours: il semblerait que l’utilisation d’échographie guidée par ordinateur, de l’imagerie par résonnance magnétique de la prostate et l’analyse du gène PCA3 (que l’on trouve dans l’urine) puisse faire évoluer les méthodes de stratification du risque lié au cancer de la prostate. Affaire à suivre.
Référence
Adapté de «Surveillance active du cancer de la prostate», Drs Massimo Valerio, Laurent Vaucher, Yannick Cerantola, Pr Patrice Jichlinski du Service d’urologie, Dr Dominik Berthold su Service d’oncologie et Dr Fernanda Herrera du Service de radio-oncologie, CHUV, Lausanne in Revue médicale suisse 2011; 7: 2388-91, en collaboration avec les auteurs.
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Cancer du testicule
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 430 nouveaux cas de cancer du testicule, ce qui représente 2 % de toutes les maladies cancéreuses dans la population masculine. Le cancer du testicule touche surtout des hommes jeunes : 86 % des patients ont moins de 50 ans au moment du diagnostic.
Cancer de la prostate
Chaque année en Suisse, environ 6100 hommes développent un cancer de la prostate, qui est le cancer le plus fréquent en général: 30% des cancers chez l’homme sont des cancers de la prostate. Pratiquement tous les patients (99%) ont plus de 50 ans au moment du diagnostic; 47% ont même 70 ans et plus.