Le temps de la ménopause

Dernière mise à jour 16/03/16 | Article
Le temps de la ménopause
Accompagnée de symptômes parfois gênants, la fin de la période fertile chez la femme se vit entre sentiment de perte ou de libération.

«Suis-je en ménopause?», se demandent de nombreuses femmes à l’approche de la cinquantaine. Encore taboue, la ménopause, dont l’âge est fixé à 51 ans en moyenne, est pourtant une étape incontournable dans la vie d’une femme. Bouffées de chaleur, sudation nocturne, douleurs articulaires, baisse de l’humeur, sécheresse vaginale en sont les symptômes classiques. Eux-mêmes peuvent entraîner des troubles du sommeil, des difficultés sexuelles, une plus grande émotivité et irritabilité. Acceptables pour les unes, ces symptômes seront très gênants pour les autres, avec une baisse significative de la qualité de vie.

La ménopause s’installe progressivement, parfois sur plusieurs années. Elle est précédée par une période anarchique, où les cycles sont irréguliers, parfois plus courts, avec des saignements eux aussi irréguliers. L’ovulation peut devenir aléatoire, parfois les règles disparaissent pendant quelques mois, puis des saignements surviennent à nouveau.

«La ménopause est un état particulier dont on ne peut faire le diagnostic que rétrospectivement. Il n’y a pas véritablement de dosage qui le confirme, explique le Dr Nicolas Vulliemoz, responsable de l’Unité de médecine de la reproduction à la maternité du Centre hospitalier universitaire vaudois (Chuv). On peut décréter qu’une femme est en ménopause après une aménorrhée (arrêt des règles menstruelles) de 12 mois», précise le spécialiste. Sur le plan hormonal, l’ovulation s’arrête et on assiste à une chute de la libération d’œstrogènes, qui va être à l’origine de ces symptômes.

Quelques symptômes l’annoncent

Incontinence urinaire

Entre 50 et 60 ans, les femmes se plaignent fréquemment d’incontinence auprès de leur médecin. Cela s’explique également par la chute de sécrétion hormonale à la ménopause. Les tissus du sphincter, qui sont dotés de récepteurs hormonaux, s’atrophient et se fragilisent. Pour y remédier, on administre par voie locale des œstrogènes, qu’on associe à de la rééducation. Si cela ne suffit pas, la prise de médicaments ou un traitement chirurgical pourront être envisagés.

Prise de poids

Certaines femmes, en plus des symptômes décrits, connaissent une prise de poids à la ménopause. Plus que quelques kilos en trop, il s’agit plutôt d’une redistribution des graisses sur le corps. La prise de poids liée à l’âge serait plus faible chez les femmes sous substitution hormonale.

«Pré-ménopause»

Avant 40 ans, 1% des jeunes femmes connaissent une insuffisance ovarienne prématurée. La «pré-ménopause» a un impact considérable. La substitution hormonale devient indispensable, jusqu’à 51 ans, soit l’âge de la ménopause. Les chances de grossesse sont très faibles, estimées à 5%. Le traitement substitutif a un effet neutre sur la fertilité. Seule solution: le don d’ovocyte (interdit en Suisse, mais permis à l’étranger).

Des répercussions psychologiques

Sur le plan psychologique, la ménopause peut être associée à des troubles de l’humeur ou à des symptômes de dépression. «Dans nos sociétés, les femmes qui la traversent sont confrontées à une perte, celle de la fertilité, au passage du temps et à leur propre finitude. C’est parfois une période de solitude et d’abandon, la fin aussi du mythe de la beauté et de la jeunesse éternelles. Tout cela peut créer une crise psychique qui nécessite une adaptation», analyse le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, du département de gynécologie des Hôpitaux universitaires de Genève.

Un traitement de substitution hormonale (prise d’hormones, œstrogènes seuls ou associés à de la progestérone) peut, globalement, jouer un rôle très positif sur ces symptômes, pour autant qu’il soit prescrit de façon adéquate. «Il fut une période où on pensait qu’elle pouvait avoir des bénéfices sur toutes les patientes, puis les résultats de la fameuse étude WHI (Women’s Health Initiative) ont cloué au pilori ce traitement à cause des risques cardiovasculaires, de thrombose et de cancer du sein augmentés, résume le Dr Nicolas Vulliemoz. Dix ans plus tard, les données ont été revues, de nouvelles études ont été menées et de nouvelles recommandations ont vu le jour. Quand la substitution hormonale est prescrite dans les dix ans après le début de la ménopause ou en dessous de soixante ans, les bénéfices dépassent les risques sur la santé. C’est ce qu’on appelle la fenêtre d’opportunité. Il faut aussi tenir compte de la situation de chaque femme (présence ou non d’utérus)», poursuit le spécialiste. Il peut également être un bon choix pour les patientes ayant un risque d’ostéoporose accru.

De grandes disparités

Sur le plan individuel, les symptômes de la ménopause ne touchent pas toutes les femmes de la même manière, qu’il s’agisse du type de symptômes ou de leur intensité. De même, la durée des symptômes connaît des variations individuelles, mais aussi culturelles, comme l’a récemment (2015) illustré une étude parue dans la revue scientifique JAMA (The Journal of the American Medical Association) Internal Medicine. Ces symptômes durent en moyenne sept ans. Chez les femmes noires, ils dureraient plus longtemps, plutôt dix ans. Les Asiatiques seraient plus chanceuses, puisque ces symptômes seraient réduits à cinq ans en moyenne. Les plaintes de ces dernières seraient plus discrètes. Il faut savoir aussi que plus les symptômes apparaissent tôt, plus la femme en souffre longtemps. Le constat est le même chez les fumeuses, chez les femmes en proie à de l’anxiété ou à des symptômes dépressifs. A contrario, la durée des symptômes sera plus courte chez les femmes mariées ou en couple, chez celles qui ont un plus haut niveau d’éducation, qui ont moins de contraintes financières et qui ont un meilleur environnement social. Une réalité purement biologique, ou influencée par la culture ou le ressenti individuel? La question reste ouverte…

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