Don croisé de rein

La question est récurrente: comment faire face au manque d’organes? Les patients en attente de greffe rénale peuvent bénéficier d’un don d’une personne en bonne santé, membre de la famille ou proche lié affectivement. Condition préalable toutefois à la greffe, la compatibilité immunologique entre le donneur et le receveur.
Et c’est là que le bât blesse: dans 20% à 30% des cas, il y a une incompatibilité. Mais il existe une solution pour la contourner: la greffe croisée.
La première a été réalisée aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), en septembre 2011: deux frères qui ne pouvaient donner leur rein à leur propre sœur étaient en revanche compatibles avec la sœur de l’autre. En mai 2012, un pas de plus est franchi: un triple don croisé, réalisé par les Hôpitaux universitaires de Zurich et de Genève, entre un couple genevois et deux Zurichois. A ce jour, treize binômes ont participé à un don croisé en Suisse. Le succès d’un tel processus dépend d’un travail d’équipe entre plusieurs établissements hospitaliers œuvrant tous ensemble au bénéfice des patients. «Les opérations ont lieu le même jour et à la même heure, ce qui représente un défi logistique pour les hôpitaux, avec coordination du personnel médico-chirurgical (chirurgiens, anesthésistes, infirmiers, coordinateurs, etc.) de chacun des sites», relève la Dre Karine Hadaya, médecin adjoint aux services de néphrologie et de transplantation des HUG.
Chaîne de donneurs
Un donneur vivant peut aussi vouloir offrir un rein à un patient qui souffre d’insuffisance rénale et est dialysé, mais qu’il ne connaît pas. Dans ce cas-là, le don demeure anonyme. C’est Swisstransplant qui attribue le rein au patient le plus compatible en liste d’attente, selon les mêmes critères d’allocation que pour un donneur décédé. Cette forme de don non dirigée, altruiste, ne peut pas encore intervenir dans le programme de dons croisés. «Nous menons des discussions avec l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour qu’une ordonnance autorise ces donneurs altruistes à s’impliquer dans les dons croisés en initiant une chaîne, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays et notamment aux Pays-Bas, leader européen dans le domaine. Ce système permet, en moyenne, à cinq patients provenant de couples incompatibles d’être greffés», explique la Dre Hadaya.
Plateforme de coordination
La spécialiste insiste sur un autre point: «Il faut également mettre en place une plateforme de coordination au niveau national avec un logiciel qui gère tous les paramètres médicaux et recherche les meilleures combinaisons entre tous les couples donneurs-receveurs incompatibles.» Là aussi, les professionnels de la santé attendent l’aval de l’OFSP. Au final, l’objectif des greffes croisées et des chaînes est de ne pas récuser un donneur vivant lorsqu’il se présente, augmentant ainsi significativement le nombre de transplantations en provenance de donneurs vivants.
Rappelons qu’à Genève, entre 40% et 75% des greffes de rein (en moyenne 30 par an) sont effectuées à partir d’un donneur vivant et que 102 patients, en dialyse trois fois par semaine, sont en liste d’attente.
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Pulsations – Mai-Juin 2014
Article original: http://www.hug-ge.ch/sites/interhug/files/mai-juin_2014.pdf

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