Cécité des personnes âgées: l’espoir des cellules souches contre la DMLA

Dernière mise à jour 08/08/13 | Article
Cécité des personnes âgées : l’espoir des cellules souches contre la DMLA
Le Japon est sur le point d’accorder son feu vert au premier essai clinique à partir de cellules souches adultes humaines contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). C’est là un véritable espoir thérapeutique face à cette maladie incurable de la rétine.

L’information vient d’être donnée par le «RIKEN CDB Laboratory of Retinal Regeneration», centre que dirige à Kobe le Pr Masayo Takahashi:  les autorités japonaises sont sur le point de donner leur feu vert pour que puissent être menés les premiers essais cliniques mondiaux sur l’homme, de traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Toutes les autorisations préliminaires ont été obtenues et ne manque plus que la décision du ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales.

Les premières tentatives qui avaient été faites aux Etats Unis concernaient des greffes de cellules souches embryonnaires. Il s’agit cette fois de cellules souches adultes prélevées sur la rétine des malades et génétiquement manipulées pour retrouver les caractéristiques de leurs homologues embryonnaires. Six personnes seront incluses dans cet essai clinique qui devrait durer entre un et trois ans. Il s’agit d’établir à la fois  l’innocuité et l’efficacité de cette technique particulièrement originale.

La première forme de cécité après cinquante ans

La DMLA est une affection dégénérative de la partie centrale (la macula) de la rétine. Elle se manifeste par des difficultés croissantes pour lire, des difficultés d’adaptation aux changement de luminosité ainsi qu’une vision déformée plus ou moins associée à une tache noire au centre de la vision. C’est la principale cause de malvoyance et de cécité chez les personnes de plus de cinquante ans dans les pays industrialisés. La maladie affecte les deux yeux et conduire à la perte progressive de la vision centrale, sans toutefois affecter la vision périphérique (c’est alors que la personne constate une tache immobile plus ou moins opaque là elle fixe son regard).

On distingue deux formes de la maladie, la forme dite «sèche» (la plus fréquente) et celle dite «humide» ou «néo-vasculaire» car elle se caractérise par l’apparition de néo-vaisseaux sanguins dans le territoire de la macula. Avec le temps la DMLA évolue vers une perte progressive de la vision centrale. La conduite automobile devient ainsi impossible, la lecture et la reconnaissance des visages sont de plus en plus difficiles.

La prévention alimentaire

Des études épidémiologiques ont montré l'existence de facteurs de protection face à la DMLA. C’est ainsi que la consommation de poissons gras, riches en oméga 3 (DHA), de lutéine (un pigment jaune contenu dans les carottes, les épinards, les brocolis, les choux) et d'anti-oxydants (vitamine C et E, zinc, bêtacarotène) diminue le risque de développer la maladie.

Il existe aussi une dimension génétique de la maladie. Plusieurs gènes associés à son développement ont récemment été identifiés et l’on sait que le caractère héréditaire de la maladie est élevé: la présence d’un antécédent familial multiplie le risque par quatre. La consommation de tabac multiplie par un facteur de quater à six le risque de contracter la pathologie. Une mauvaise alimentation et une surcharge pondérale sont deux autres facteurs de vulnérabilité, le risque de DMLA étant par exemple doublé dans la population obèse.

Les traitements disponibles

La forme sèche de la DMLA nécessite une supplémentation en lutéine et antioxydants.  Il existe aussi des systèmes optiques grossissants qui permettent de restaurer la capacité visuelle de base. «Pour les patients les plus jeunes, on propose une rééducation basse vision améliorant la fixation excentrique» précise-t-on auprès de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm). On ajoute que la forme humide a connu des progrès thérapeutiques importants. Le principal traitement consiste aujourd’hui à injecter des anti-VEGF: les néo-vaisseaux de la DMLA se forment grâce à un facteur de croissance vasculaire (VEGF) que les molécules anti-angiogéniques peuvent inhiber. Plusieurs molécules sont en phase d’essai clinique, agissant sur l’angiogenèse et sur l’inflammation. Les chercheurs visent également à améliorer le mode d’administration, par des mécanismes de diffusion douce, des molécules à travers la sclère (la membrane du blanc de l’œil).

L’essai japonais

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’essai clinique japonais à venir et qui sera conduit avec la coopération et le soutien de Kobe Medical City Hospital General Center. Le laboratoire RIKEN CDB travaille depuis plusieurs années à la faisabilité de la «régénération rétinienne»  par transplantation de cellules. Il s’agit ici de cellules  «iPS» - cellules redevenues cellules souches après avoir été dérivées de cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien, la couche externe pigmentée de la rétine, chez des personnes patients atteintes de la forme «néo-vasculaire» de la DMLA.

Le Pr Masayo Takahashi mènera cet essai chez six patients qui, pour des raisons de sécurité, devront résider au Japon. Après prélèvements sur leur rétine et travail en laboratoire ces cellules seront retransplantées dans des couches de cellules intactes de la rétine affectée, en remplacement du tissu rétinien lésé. Les participants volontaires seront suivis de manière intensive sur une période allant d’un à trois ans et des soins d’urgence sont prévus en cas d’une éventuelle évolution négative.

Le précédent américain

Un seul essai similaire avait jusqu’ici été mené. C’était au Etats-Unis mais à partir de cellules souches d’origine embryonnaires. Les premiers résultats avaient été rendus publics dans The Lancet au début de 2012 et rapportés ici par Marina Casselyn. Des chercheurs américains (de l’Université de Californie à Los Angeles et de la société Advanced Cell Technology) avaient mené leur essai sur deux patientes présentant chacune une forme de dégénérescence maculaire: une DMLA sous sa forme «sèche» et une forme génétique, la maladie de Stargardt. Leur travail avait consisté à injecter, sous la rétine d’un seul œil, une faible quantité (5.104) de cellules d’épithélium pigmentaire rétinien dérivées d’un embryon humain. Les patientes avaient été soumises à un léger traitement immunosuppresseur dès la semaine précédant l’opération, puis pendant trois mois environ.

Chez les deux patientes, les capacités visuelles ont augmenté rapidement. Les résultats les plus probants ont été obtenus chez la patiente atteinte de DMLA. Son acuité visuelle est passée de 20/500 à 20/200 en deux semaines, puis à 20/320 après six semaines. Elle était stable à trois mois. La vision du deuxième œil, non greffé, était légèrement améliorée. La patiente atteinte du syndrome de Stargardt ne pouvait que distinguer les mouvements des mains avant l’intervention. Dès la deuxième semaine, elle pouvait visualiser ses doigts et après trois mois, son acuité visuelle était passée, et s’est stabilisée, à 20/800. Bien que modestes, les effets obtenus semblaient réels et montrent l’intérêt de cette technique.

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