La pollution de l’air vient aussi de l’intérieur

Dernière mise à jour 23/06/25 | Article
PS57_Pollution de l'air
Pour beaucoup, pollution de l’air est synonyme de trafic routier et d’émissions industrielles. Le terme est ainsi la plupart du temps associé exclusivement à l’air extérieur. Pourtant, celui de nos habitations, celui que nous respirons le plus, n’est pas sans conséquence sur la santé lorsqu’il est de mauvaise qualité. La composition de l’air intérieur devrait donc être surveillée de plus près et ses méfaits, moins négligés.

« La qualité de l’air intérieur est un élément essentiel influençant directement la santé et le bien-être des individus », introduisent d’emblée la Dre Shuna Myers et le Dr Ivan Guerreiro, respectivement médecin interne au Service de médecine interne générale et médecin adjoint au Service de pneumologie au sein du Département de médecine des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), dans un récent article consacré aux composés organiques volatils (COV) paru dans la Revue médicale suisse (RMS)*. Or cet air intérieur est souvent oublié, l’environnement extérieur prenant toute la place lorsqu’il est question de pollution et de santé.

Pourtant, nous passons en moyenne 80 % de notre temps dans des lieux clos. Et l’air qui y circule, principalement dans nos habitations, peut donc représenter un sérieux danger s’il contient des substances nocives, comme les COV et le dioxyde de carbone présents en excès. Un air intérieur pollué augmenterait ainsi le risque de maladies respiratoires comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Vous avez dit « COV » ?

Il s’agit de substances chimiques composées d’au moins un atome de carbone et d’un ou plusieurs autres éléments tels que des molécules d’alcools ou d‘hydrocarbures. D’origine naturelle (ils sont par exemple produits par les forêts et les prairies), ces COV ne présentent pas de risque pour la santé. À l’inverse, lorsqu’ils sont issus d’activités industrielles ou des transports, ils peuvent provoquer des effets délétères.

En pratique, ces substances peuvent provenir de l’extérieur et gagner les habitations, mais elles peuvent aussi être directement libérées dans l’air intérieur. Parmi les sources possibles : les parfums, les jouets en plastique, certains meubles contenant du bois composite, la poussière, les bougies, les bâtonnets d’encens, la combustion émanant d’une cheminée ou encore les produits ménagers, de bricolage et de four à gaz. On le comprend, les COV peuvent se trouver partout, de la salle de bains au salon, en passant par les chambres à coucher et éventuels caves ou greniers.

COV et santé respiratoire

Si ces composés chimiques inquiètent, c’est parce que leur inhalation pourrait au fil du temps provoquer une inflammation des voies respiratoires et des réactions allergiques. « Des études ont établi que la majorité des COV, en particulier le benzène, constituent des facteurs de risque importants pour l’asthme, spécialement chez les enfants », confirment les auteurs. Les respirer pourrait aussi augmenter le risque de BPCO et de cancer du poumon, mais aussi d’irritations cutanées, de maux de tête, de problèmes gastro-intestinaux ou encore de vertiges.

Les bons gestes à adopter

Face à ce constat, il apparaît primordial de veiller davantage à la qualité de l’air intérieur. Et pour ce faire, d’éviter l’exposition aux produits contenant des COV, en se débarrassant par exemple des bougies ou autres brûle-parfums, mais pas seulement. Le mieux est d’« opter pour des produits ménagers à faible émission de COV en s’assurant sur l’étiquette qu’ils ne contiennent pas de solvants comme le toluène, le benzène ou le formaldéhyde, ou des produits qui sont étiquetés “naturels“, “sans solvants“ ou certifiés par des labels écologiques contribue à réduire l’exposition à la pollution intérieure », conseillent les auteurs, qui rappellent tout l’intérêt de bannir la cigarette, elle aussi émettrice de COV, entre autres.

Une autre mesure pour limiter les expositions aux COV est d’aérer régulièrement les pièces de son domicile. « Une pratique simple et gratuite pour évacuer la pollution domestique », complètent les médecins. Mais, attention, la fréquence à laquelle il faut aérer dépend de l’isolation du bâtiment et des fenêtres, de l’activité des occupants ou encore de la taille de la pièce. « En règle générale, il est recommandé de “faire un courant d’air“ au moins deux ou trois fois par jour, pendant cinq à dix minutes, et après la cuisson, le nettoyage ou encore après toute autre activité susceptible de libérer des polluants », résument la Dre Myers et le Dr Guerreiro. Enfin, les COV se mêlant facilement à la poussière, il est aussi recommandé de bien nettoyer son logement. Et de le dépoussiérer le mieux et le plus régulièrement possible.

De nouveaux capteurs sur le marché

Savoir qu’il faut surveiller la qualité de l’air intérieur, c’est bien. Mais connaître sa composition, cela peut être intéressant. Cependant, ces données ne sont pas faciles à obtenir. Il existe depuis peu sur le marché des capteurs qui permettent de surveiller la qualité de l’air d’une pièce donnée. Installés par exemple dans son salon, ils détectent la présence des COV parmi d’autres polluants, comme le dioxyde de carbone.

* Adapté de Myers, S., et al., Composés organiques volatils et maladies respiratoires. Rev Med Suisse. 2024; 20 (895): 2116–2120.

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