Traitement de la rosacée: quelles avancées?

Dernière mise à jour 19/06/18 | Article
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Inflammatoire et chronique, la rosacée est une maladie de peau courante dont les multiples manifestations sont rassemblées en quatre sous-types. A chacun correspond un traitement distinct qui a pour objectif d’atténuer les symptômes et leur impact sur le patient.

Fréquente au sein de la population suisse, la rosacée est un trouble dermatologique chronique. Classifiée selon quatre types, chaque catégorie nécessite un traitement différent, qui agit cependant davantage sur les symptômes que sur les mécanismes de la pathologie, encore méconnus.

Qui est concerné?

De simples rougeurs de «bonne mine» à une souffrance défigurante, cette affection faciale, qui touche entre 2 et 10% des adultes en Europe, se manifeste de différentes façons. Les personnes concernées ont le plus souvent la peau, les cheveux et les yeux clairs, c’est pourquoi on parle de «malédiction des Celtes». Souvent confondue avec l’acné, elle débute à l’âge adulte et concerne plus particulièrement les femmes entre 40 et 50 ans.

Evolution de la rosacée

Pathologie fluctuant entre poussées et rémissions, certains facteurs environnementaux comme l’alcool, l’exposition au soleil, le sport, les épices, le stress et les changements de température sont à surveiller. Même si elle tend à se confirmer, la progression entre les différents stades de la maladie reste cependant incertaine et fait l’objet d’études plus approfondies.

Le système immunitaire en cause

Auto-inflammatoire, la survenue de la rosacée pourrait en fait venir d’une exacerbation du système immunitaire influencée par l’exposition aux UV, les radicaux libres d’oxygène, et différents microbes, notamment. On suspecte aussi une anomalie vasculaire du visage se traduisant par des bouffées vasomotrices et un érythème permanent (la couperose). Résultat, un œdème permanent du derme, favorisant un acarien responsable de lésions papulo-pustuleuses. Les peptides antimicrobiens (AMP) –protéines naturelles aux propriétés antimicrobiennes– activeraient aussi le système immunitaire, et joueraient un rôle déterminant dans cette affection. Par ailleurs, le récepteur TLR2 provoque dès son activation une réponse inflammatoire à la vitamine D issue des rayons UV et des agents microbiens. La rosacée serait en fait la réponse à cette hypersollicitation du système immunitaire. Dernière piste, la bactérie Bacillus oleronius qui contribuerait à déclencher la rosacée.

Quatre sous-types

Le premier sous-type de rosacée se caractérise par des érythèmes permanents ou transitoires, nommés «flushs». Les flushs sont des bouffées vasomotrices soudaines à l’origine de rougeurs et de chaleur, qui disparaissant spontanément. Changements de température, soleil, alcool, stress, émotions, nourriture épicée et sport en seraient les principaux déclencheurs.

Le sous-type papulo-pustuleux se manifeste quant à lui par un érythème qui touche plutôt la bouche et les paupières. Aucun comédon ni cicatrice ne sont visibles, mais des sensations de brûlure et de tiraillements interviennent.

Le phyma, un autre sous-type, consiste en un érythème et un épaississement cutané pouvant provoquer des nodules défigurants au niveau du nez, mais aussi des sourcils, des oreilles, du menton et des paupières. Les hommes de plus de 50 ans sont les plus concernés. On remarque une hypertrophie des glandes sébacées.

Enfin, la forme oculaire est une atteinte larmoyante avec des picotements ponctuels, une photosensibilité, une hypertrophie des paupières et de la conjonctive. Souvent négligée, elle pourrait concerner jusqu’à 9% de la population, 5% étant diagnostiqués par un dermatologue.
Les types plus rares de rosacée sont la forme fulminante, la forme de «Morbihans» (œdémateuse) et la forme granulomateuse. Il convient, dans tous les cas, de consulter un spécialiste.

Quels outils pour réduire l’impact de la rosacée?

Les conséquences psychiques et sociales de la rosacée sont latentes, avec parfois une angoisse de rougir en public et le risque que ces rougeurs soient confondues avec l’alcoolisme, et aboutissent à une perte de confiance en soi. Se protéger du soleil permet de contrer les radicaux libres dus aux UV. Le soin de la peau au quotidien à l’aide d’un nettoyage doux et d’une hydratation légère adaptée à la saison est recommandé. Gommages, peelings et fond de teint sont à proscrire. Il existe par ailleurs des techniques de maquillage afin de camoufler les rougeurs avec des correcteurs de teinte verte. Côté médicaments, des comprimés –notamment antibiotiques–, des gels et des collyres, ainsi que le laser et la chirurgie sont des outils pour remédier à la rosacée. Enfin, les recherches en cours laissent présager de nouveaux traitements pour la soigner.

Acné, lupus érythémaux, dermatite… A ne pas confondre!

Touchant les plus jeunes, l’acné comprend, à la différence de la rosacée, séborrhées, comédons, kystes, et ne se limite pas au visage. Les lupus, quant à eux, ne comportent pas de flushs, pas de papulo-pustules, et pas de photosensibilité. La dermatite séborrhéique peut s’associer à la rosacée avec des érythèmes sur les plis nasogéniens (rides allant du nez à la bouche), la gabelle («rides du lion»), les sourcils et le cuir chevelu. Enfin, bien que rare, il existe une rosacée induite par des médicaments.

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Adapté de «Rosacée: où en sommes-nous?», Drs Justine Czernielewski, Conrad Curdin, Service de dermatologie, CHUV, Lausanne. In Revue Médicale Suisse 2016;12:1272-7, en collaboration avec les auteurs.

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