L’épilation, vraiment sans risques?

Dernière mise à jour 04/09/18 | Article
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C’est l’été! Et avec lui, les séances de farniente, de baignade… mais aussi d’épilation. Et si les méthodes diffèrent –cire, rasoir, laser, crème dépilatoire– le but est toujours le même: traquer le moindre poil. Mais attention, toutes ces techniques ne sont pas sans danger.

«Certaines méthodes d’épilation sont plus irritantes que d’autres pour la peau»,explique la Dre Konstantine Buxtorf-Friedli, dermatologue et vénérologue dans la région genevoise. Le rasoir, en premier lieu, a un effet abrasif sur l’épiderme: «Quand vous vous rasez, vous effectuez une sorte de peeling très agressif». Côté crème dépilatoire, la peau n’est pas plus ménagée: «Le but de ces crèmes est de détruire le poil, donc on peut être en mesure d’imaginer que les substances qu’elles contiennent ne sont pas formulées pour préserver la peau».

Pour l’épilation à la cire, le mieux est d’en choisir la plus naturelle possible, sans ajout de parfums ou d’huiles essentielles, potentiellement irritantes, en particulier pour les peaux atopiques. Quant à l’épilateur, tout comme l’utilisation de cire ou d’une pince à épiler, il peut entraîner l’apparition de petits points rouges résultant d’une micro-inflammation du bulbe pileux.

«Après une épilation, la peau est plus vulnérable, prévient la spécialiste. Elle a subi un traitement légèrement décapant, c’est pourquoi on conseille d’éviter le soleil ainsi que les gommages pendant au moins une semaine.»

Et le laser?

Camille*, 32 ans: «M’épiler seule à la cire chaude, plus jamais!»

«Je me suis longtemps épilée seule, à la cire. J’utilisais pour cela un pot acheté en grande surface, à faire chauffer au micro-ondes. Ça marchait plutôt bien jusqu’au jour où… ce fut le drame! Je n’ai peut-être pas été assez vigilante, je n’ai pas attendu suffisamment longtemps que ça refroidisse. Au moment d’appliquer la cire au niveau du maillot, sur une zone où je venais déjà de passer une bande, j’ai immédiatement ressenti une violente brûlure. Pour enlever la cire, j’ai dû utiliser une bande en papier et tirer dessus, ce qui n’a fait qu’accentuer la douleur. C’était horrible! Ma peau était rouge et malgré l’application d’une crème apaisante, j’ai eu mal pendant plusieurs jours. Seul un jet d’eau froide me faisait du bien. Mais dès que j’enfilais un sous-vêtement ou un pantalon, la brûlure revenait. Une fine croûte brune s’est formée puis a laissé place à une plaque rouge pendant longtemps. Depuis, je vais me faire épiler par une esthéticienne et tout se passe bien!»

 

* Prénom d’emprunt.

L’épilation définitive au laser ou à la lumière pulsée est très prisée depuis quelques années. D’après les observations des dermatologues, la peau n’est pas abîmée lors des séances, à condition de respecter les indications en fonction des phénotypes. «Le laser n’est pas conseillé à tout le monde, explique le Dr Marc Pechère, dermatologue et vénérologue à la Clinique de La Tour, à Genève. On ne le pratique généralement pas sur les personnes aux poils clairs chez qui il peut s’avérer inefficace, ni avant la puberté. On n’épile pas non plus la zone sous le sourcil à cause de la proximité de l’œil.»

Autre question qui plane, celle de l’effet à long terme de l’utilisation du laser. Sur ce point, le Dr Pechère se veut rassurant: «En l’état actuel des connaissances et du recul que nous avons, on peut dire que le laser n’a pas d’effet néfaste sur l’organisme. On utilise une longueur d’onde extrêmement précise, non cancérigène, qui reste dans le derme et ne va pas plus loin».

Des complications parfois graves

Mais malgré un encadrement de la pratique, des complications –rares– existent néanmoins. «On peut avoir des brûlures qui apparaissent sous forme de cloques et de croûtes, ou des dépigmentations sur certaines zones épilées, explique le dermatologue. Il s’agit alors d’un mauvais choix de laser ou, le plus souvent, d’une mauvaise indication en fonction du type de peau.»

Pour minimiser les réactions, la méthode choisie doit donc être adaptée au type de peau. On conseille par exemple aux phototypes clairs de privilégier une épilation électrique ou à la cire. Mais là encore: prudence! Qu’on l’applique soi-même ou en cabinet d’esthétique, la cire peut provoquer des brûlures importantes (lire encadré). Les personnes à la peau noire doivent également être vigilantes face à l’utilisation de cire, comme l’explique le Dr Pechère: «Les phototypes foncés ont des peaux très fragiles d’un point de vue esthétique. L’épilation à la cire chaude de la lèvre supérieure, par exemple, peut provoquer une pigmentation post-inflammatoire qui laissera une ombre disgracieuse».

Quant au rasoir, il comporte un risque de coupures. Or, ces dernières peuvent servir de porte d’entrée à certaines bactéries et provoquer une infection à streptocoque ou un impétigo, très contagieux.

Le poil, vraiment inutile?

Ne court-on pas un risque à nous séparer de notre toison? On peut en effet se poser la question de l’utilité physiologique du poil et des conséquences générales lorsque l’on décide de l’ôter. A travers une étude publiée dans le British Medical Journal, une équipe de chercheurs de l’Université de Californie* a établi un lien entre épilation du maillot et infections sexuellement transmissibles. Arrachés, les poils pubiens ne peuvent plus remplir leur fonction protectrice, ce qui ouvre la voie aux virus et aux bactéries. En revanche, l’épilation d’autres zones du corps n’entraînerait pas de complications particulières, comme l’explique le Dr Pechère en évoquant une étude menée sur des personnes atteintes de pelade universelle (perte des cheveux et des poils sur toute la surface du corps): «Il n’a pas été observé d’avantage de cancer de la peau ni de vieillissement cutané dans cette population». Au contraire, le poil non épilé favoriserait parfois certaines infections, comme des folliculites et, dans certains cas extrêmes, des furoncles.«Dans les zones de frottement, il y a un point de faiblesse là où le poil sort, qui peut permettre le passage des bactéries», conclut-il.

L’épilation a donc encore de beaux jours devant elle… reste à faire le choix de la technique.

* https://sti.bmj.com/content/93/3/162

La libération du poil aura-t-elle lieu?

Tandis qu’il confère à l’homme ses caractéristiques viriles et dominantes, chez la femme, il est à la fois symbole de bestialité (il est l’attribut des animaux) et de vice sexuel (il permet la diffusion de phéromones provoquant le désir.) Au fil des civilisations, le poil est alors mal vu, proscrit chez les femmes dans leur quotidien, mais aussi dans les représentations que l’on en fait dans l’art. Regardez bien, les statues féminines de l’Antiquité tout comme les figures de la Renaissance sont parfaitement glabres. La femme sans poils est ainsi tenue à distance de sa condition animale et de sa sexualité.

Depuis le milieu du XXe siècle, régulièrement, sous la bannière de la liberté et du refus des diktats, les femmes ont revendiqué un retour au poil naturel. La fin des années 60 exhibe des aisselles non épilées, tandis que dans les années 80 la mode est aux sourcils fournis. Mais, toujours, la doctrine du «sans poil» reprend le dessus. Même les tentatives pileuses des stars les plus influentes –Julia Roberts en 1999, Madonna en 2014, Miley Cyrus en 2015– se résument à des pavés dans la mare. Si, sur bien des fronts, les femmes se battent pour la liberté, la parité et le refus des carcans esthétiques imposés… le poil reste encore et toujours une victime maudite de la bienséance.

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Paru dans le Quotidien de La Côte le 22/08/2018.

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