Prévenir très tôt les facteurs de risque
La psychiatrie vit des moments fascinants. Deux continents longtemps séparés, la médecine du corps (somatique) et celle de l’esprit (psychologique), se rapprochent, se touchent, se confondent. Du coup, leurs coutumes et leur langue fusionnent. Avant, les médecins parlaient organes, fonctions, lésions. Tandis que les psychiatres discutaient complexes, affects, représentations. Aujourd’hui, ils s’entendent sur des termes comme processus cérébraux, gènes, molécules ou protéines, et ils travaillent dans les mêmes laboratoires.
A la fois médecin, psychiatre et neurobiologiste, le Dr Alexandre Dayer, médecin adjoint agrégé au service des spécialités psychiatriques et professeur boursier du fonds national, est l’incarnation parfaite de cette convergence. Il codirige un axe de recherche dans un pôle de recherche national dans le domaine de la psychiatrie. Le sujet de sa recherche? L’importance des altérations précoces des circuits cérébraux dans l’émergence des maladies psychiatriques.
«La schizophrénie ou les troubles bipolaires touchent 1 à 2% de la population. Mais les diagnostics sont posés à un stade relativement tardif de la maladie. D’où un intérêt scientifique grandissant pour mieux comprendre leur apparition et pourquoi certaines personnes y sont plus vulnérables que d’autres», explique le chercheur.
Le Dr Dayer et son équipe, affiliés au département des neurosciences fondamentales, mènent cette étude en expérimentant sur des modèles animaux. «Nous avons montré que des facteurs génétiques associés aux maladies psychiatriques influencent la mise en place des circuits cérébraux au stade fœtal de la souris. Ces modifications précoces vont jouer un rôle à l’âge adulte et influer sur l’anxiété ou la réactivité au stress», reprend le Dr Dayer.
Prise de conscience
Ces résultats guident ensuite des recherches sur des groupes humains à risque, notamment dans le domaine de la périnatalité chez des mamans souffrant de troubles anxio-dépressifs pendant la grossesse et le post-partum. «Les psychiatres prennent conscience aujourd’hui de la nécessité d’intervenir de plus en plus tôt, et de prévenir des facteurs de risque survenant déjà pendant la périnatalité», relève le chercheur.
Les neurosciences nous enseignent qu’il existe, au cours du développement cérébral, des périodes critiques propres à chaque système: visuel, perceptif ou émotionnel. A un stade embryonnaire, lorsque les circuits neuronaux se mettent en place, il suffit de bloquer les transporteurs de la sérotonine (une protéine essentielle pour le bon fonctionnement du système nerveux) pour que le souriceau développe à l’âge adulte une prédisposition aux comportements anxieux.
A l’inverse, le traitement de l’anxiété, chez un sujet adulte, passe précisément par le blocage des transporteurs de sérotonine. «Le développement des circuits neuronaux et le fonctionnement adulte de ces mêmes circuits obéissent à des logiques différentes. De tels résultats, essentiels pour la compréhension des mécanismes neuronaux à la base des maladies psychiques, sont parfaitement imprévisibles. Seule l’expérimentation animale peut les révéler», conclut le chercheur.
Pulsations - juillet-août 2013
Article original: https://docs.google.com/viewer?url=http://www.hug-ge.ch/sites/interhug/files/puls-juillet-aout2013.pdf&chrome=true
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Schizophrénie
On utilise parfois le terme de «psychose», qui s’applique à un ensemble de maladies psychiatriques dans le cadre desquelles apparaissent des symptômes psychotiques tels que des hallucinations, des idées délirantes ou une désorganisation de la pensée: la schizophrénie n’est cependant qu’un cas particulier de psychose. Dans le langage courant, on confond régulièrement la schizophrénie avec le dédoublement de la personnalité, qui est une entité complètement différente.
Anxiété
L'anxiété est un sentiment de tension interne. Normale dans certaines situations, elle peut aussi révéler des maladies ou devenir gênante au quotidien.
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