Dépression: révolution du côté des traitements

Dernière mise à jour 25/11/20 | Article
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Le champ de la dépression vit aujourd’hui une nouvelle ère thérapeutique, avec un espoir certain pour les cas de dépression résistante. «Les substances psychédéliques ouvrent des portes dans le cerveau qui sont normalement fermées, permettant aux patients de sortir de leur blocage et de redynamiser les psychothérapies», explique le Pr Daniele Zullino, chef du Service d’addictologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
  • L’eskétamine: Des premiers patient·es ont été traité·es aux HUG avec ce dérivé de la kétamine. Cette substance psychoactive, approuvée par différentes instances européennes, s’administre sous forme de spray nasal. «Ses effets sont rapides, mais en raison de ses possibles effets indésirables, elle nécessite une surveillance médicale étroite», prévient la Dre Richard-Lepouriel, responsable de l’Unité des troubles de l’humeur.
  • Le LSD: Il est proposé aux patient·es souffrant de dépression existentielle (questionnements sur le sens de la vie) et/ou de troubles anxieux. Le traitement se fait selon un protocole très défini et encadré par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le récit de l’expérience psychédélique est enregistré le lendemain de la séance pour que la personne puisse avoir à nouveau accès à ces sensations nouvelles et s’en imprégner durablement. Le LSD ouvre le passage vers une perception plus positive de soi-même et du monde, qui fait défaut dans la dépression. «Ce traitement a montré d’excellents résultats chez les personnes souffrant de maladies invalidantes avec de fortes répercussions sur l’humeur», atteste le psychiatre.
  • La psilocybine: Cette substance active dans les champignons hallucinogènes a des effets similaires au LSD, mais en plus apaisants. Elle n’est pour l’heure employée que dans le cadre d’études cliniques aux HUG. 
  • L’ecstasy: Elle a fait ses preuves dans le cadre de la dépression, la littérature scientifique est riche à ce sujet. «Nous sommes les premiers en Suisse à proposer ce traitement dans un cadre institutionnel», déclare le Pr Zullino.

Le psychiatre tient à rappeler que les auto-expériences avec ces produits sont interdites et que leur utilisation dans un but thérapeutique est soumise à des autorisations exceptionnelles de l’OFSP.

Témoignage

Jean-Michel, 59 ans: «Je ne savais plus quoi faire pour ne pas mourir»

«Mes filles aînées m’ont rejeté, ce qui m’a précipité dans la dépression. Elles étaient le sens de ma vie. Tout s’est effondré. J’avais de la colère, de la tristesse, et même des idées noires. J’avais aussi eu une trajectoire de vie tourmentée: deux divorces, le décès de proches, mais surtout une carrière humanitaire au cours de laquelle je suis allé dans des zones de conflit. Ces missions ont laissé des traces, avec un syndrome de stress post-traumatique. Je ne me sens pas doué pour le bonheur. Les ennuis se sont enchaînés: j’ai hérité des entreprises familiales, une lourde tâche à gérer. Je n’arrivais plus à dormir, j’étais hyper angoissé. C’était trop pour un seul homme. J’avais tendance à boire pour calmer mes angoisses. J’ai connu des creux très profonds.

J’ai été suivi par une psychiatre en ville il y a quelques années. Puis on m’a référé aux HUG. Je ne savais plus quoi faire pour ne pas mourir. Les antidépresseurs m’ont permis de me détacher de ma souffrance et d’être moins submergé. La psychothérapie m’a aidé à comprendre mes choix, et le temps à panser mes plaies. J’ai pris part au programme de méditation de pleine conscience. Aujourd’hui, je vais mieux. Je dois encore apprendre à penser à moi et à me faire plaisir.»

Article repris du site  pulsations.swiss

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