Dépression: quelles armes pour la combattre?
On le sait désormais avec certitude, la dépression n’est ni une faiblesse, ni une honte, ni un simple «coup de mou», mais bien une véritable maladie, qui nécessite une prise en charge adaptée. Si les approches pour la surmonter se multiplient, toutes ne se valent pas et la vigilance s’impose. Tour d’horizon avec la Dre Hélène Richard-Lepouriel, médecin adjointe agrégée, responsable de l’Unité Humeur & Anxiété (UHA) aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Psychothérapie et antidépresseur, le duo validé
C’est aujourd’hui sur la base de critères précis et scientifiquement validés que la dépression peut être diagnostiquée, mais également prise en charge selon un schéma ajusté au cas par cas. Ainsi, pour une dépression dite «légère», la psychothérapie est la démarche préconisée par le corps médical. En cas de dépression modérée à sévère, la stratégie recommandée est de combiner psychothérapie et traitements antidépresseurs. Si la durée de la première varie selon les situations et l’approche choisie, celle du traitement médicamenteux est à prévoir sur le long terme. Et pour cause, la dépression comporte un risque élevé de rechute. Ce dernier est en effet de 50 à 60% après un premier épisode, 70% pour un deuxième et près de 90% pour un troisième. La durée d’un traitement antidépresseur doit ainsi être envisagée, dans l’idéal, sur six à neuf mois pour un premier épisode dépressif, sur un minimum de deux ans s’il s’agit d’un deuxième, généralement plus encore pour un troisième. Et ce, même si un mieux-être est ressenti.
Approches «alternatives»: oui, mais…
Qu’elles soient originales, insolites ou ancestrales, les approches dites «alternatives» pour contrer la dépression se multiplient. Ainsi, yoga, musicothérapie, fleurs de Bach, compléments alimentaires (tels qu’oméga 3 ou curcuma) se proposent de soulager certains maux, comme la dépression ou l’anxiété. Les bienfaits ressentis peuvent être flagrants pour leurs adeptes. Pourquoi alors ne pas les voir inscrites officiellement au tableau des recommandations médicales? La raison est simple: les études scientifiques manquent cruellement à ce jour pour en mesurer les bienfaits de façon officielle, rigoureuse et validée. La ligne qui en découle est donc claire: en cas de dépression avérée, ces approches peuvent s’envisager en complément du traitement médical qui s’impose, mais pas le substituer sans avis médical. Une dépression non correctement traitée expose à l’aggravation des symptômes et à un risque élevé de rechute.
Méditation de pleine conscience et activité physique, deux exceptions
Leur efficacité étant aujourd’hui solidement prouvée, méditation de pleine conscience et activité physique sont désormais intégrées à de nombreux protocoles de soins visant à traiter la dépression. Commençons par la première. À pratiquer seul ou en groupe, idéalement au quotidien, la méditation de pleine conscience vise à s’ancrer dans ce qui se vit en soi dans l’instant présent, sans chercher à le modifier. Une démarche, simple en apparence, dont les bienfaits ont pu être attestés par les neurosciences, tant pour apaiser les symptômes de la dépression que pour en limiter le risque de rechute. À noter que la méditation de pleine conscience n’est pas recommandée dans les épisodes aigus de dépression, en raison des pensées sombres et obsédantes en présence. Quant à l’activité physique, la liste de ses bienfaits avérés, tant pour la santé mentale que physique, ne cesse de s’allonger. Et bonne nouvelle: inutile de viser des efforts trop intenses ou marqués: une pratique régulière, même aussi simple qu’une promenade quotidienne, apporte des bienfaits face à la dépression.
Côté phytothérapie?
Si les rayons de phytothérapie impressionnent par leur diversité, peu des remèdes qu’ils exposent, vendus sans ordonnance, ont fait l’objet d’études scientifiques rigoureuses. La plupart ne comportent ainsi pas ou peu de données de pharmacovigilance permettant de mettre en lumière leurs actions ou effets secondaires. La prudence est donc de mise et un avis médical s’impose. Une plante fait toutefois exception: le millepertuis, étudié de près et reconnu pour son efficacité en cas de dépression. À réserver aux dépressions légères à modérées, il peut être utilisé en première intention, sous réserve d’un suivi médical. Recommandation clé: même s’il s’agit d’une plante, que l’on imagine plus anodine qu’un traitement chimique, le millepertuis expose à des interactions médicamenteuses (avec le paracétamol notamment) et n’est pas à concilier avec un autre traitement contre la dépression. D’où l’importance de demander conseil à son médecin ou à son pharmacien.
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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2023.
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