Les tests de QI: pour qui et pourquoi?

Dernière mise à jour 03/10/14 | Article
Les tests de QI: pour qui et pourquoi?
Créés il y a plus d’un siècle, les tests du QI (quotient intellectuel) sont l’un des nombreux outils des psychologues. Les explications de Jérôme Rossier, professeur à l'Institut de psychologie de l'Université de Lausanne.

Mis au point par des psychologues français à la demande de l’Etat qui cherchait un moyen de détecter les élèves faibles à l’école, les tests du QI consistent entre autres à trouver des intrus dans des séries de mots ou de formes géographiques, à compléter des suites de nombres ou à résoudre des problèmes mathématiques. «Ils sont censés évaluer le quotient intellectuel, c’est-à-dire la capacité d’une personne à effectuer un certain nombre de tâches liées au raisonnement, aux aptitudes verbales, numériques, logiques et spatiales», explique en préambule le Pr Rossier. 

Plus d’un siècle après leur élaboration, ils sont toujours utilisés dans des versions régulièrement remises à jour. «Les modèles ont évolué, les tâches et les barèmes aussi, mais le principe est resté le même: on compare toujours un individu par rapport à la moyenne des individus du même âge». Ce que le QI établit, c’est donc le niveau d’une personne en référence à une modélisation des compétences de l’ensemble des personnes de sa classe d’âge. La moyenne a été fixée à 100. La moitié de la population se situe entre 90 et 110.

Les tests du QI s'intéressent essentiellement soit à un potentiel, soit, au contraire, à des difficultés prévisibles pour un futur cursus. Créés pour le milieu scolaire, ils sont l’un des instruments utilisés par les psychologues, notamment dans le cadre du bilan global d’un élève qui présente des difficultés. «Ils permettent d’établir un état des lieux des compétences, de définir un problème tel que des troubles cognitifs ou de l’adaptation, d’en vérifier l'origine et de voir si le résultat obtenu concorde avec ce qui est observé en classe».

Une aide à l’orientation

Toujours dans le cadre de l’école, ces tests trouvent également une application pour définir l’orientation scolaire. «Ils permettent de comprendre si les difficultés sont liées au potentiel de l’élève ou à une stratégie de comportement qui masque des difficultés cognitives».

L’orientation professionnelle figure aussi parmi les champs d’application de ces tests. «On ne dirigera pas un jeune avec un QI très inférieur à la moyenne vers une carrière demandant de grandes facultés de raisonnement. En revanche, un élève qui a de mauvaises notes mais de bonnes capacités de raisonnement peut très bien réussir ses études à condition de se trouver dans un contexte adéquat et de fournir plus d’efforts pour y arriver», souligne le spécialiste.

Ces tests ne s’adressent pas qu’aux enfants. Dans la vie professionnelle, un test de QI peut être utilisé lors de la mise au concours d'un poste pour mesurer la capacité d'apprentissage des candidats ou pour évaluer une personne restée longtemps loin du monde du travail. Ils servent également dans le cadre du bilan d’une personne ayant subi des lésions cérébrales pour définir le ou les domaines endommagés. Sous forme très brève, ils permettent également de tester les aptitudes cognitives chez les personnes âgées de manière à écarter ou à dépister une démence.

Les limites des tests

Utiles, les tests du QI seuls ne suffisent pourtant pas à déterminer les compétences d’un individu. Ils ne sont que l’un des outils à disposition des psychologues pour mieux comprendre une personne qui présente des difficultés. «Quantité d’autres éléments sont nécessaires pour comprendre quelqu’un. Les tests du QI ne prennent pas en compte l’ensemble de l’intelligence, comme l’intelligence sociale, pratique ou affective». Ils ne mesurent pas non plus l’ouverture d’esprit, la créativité, la capacité à dépasser un problème pour le placer dans une perspective plus générale, alors que ces points jouent un rôle important dans beaucoup de travaux intellectuels. Le spécialiste cite ainsi l’exemple des jeunes en rupture de scolarité qui présentent aussi souvent des problèmes en matière de compétences sociales et affectives. «Lors d’un bilan, les tests de QI doivent donc être complétés par une analyse de toutes les compétences de la personne».

Enfin, le résultat d’un test du QI ne doit pas être considéré comme une sanction. Si le QI reste assez stable au cours d’une vie, il peut néanmoins évoluer et s’améliorer. «On peut aider un enfant qui a un QI de 85 à mieux utiliser ses compétences. Une bonne mémoire, par exemple, peut pallier à certaines lacunes cognitives.»

Que valent les tests en ligne?

Vous soupçonnez votre enfant d’être HP (haut potentiel) et souhaitez le tester via l’un des très nombreux tests du QI gratuits en ligne? Très mauvaise idée. «Les résultats ne veulent rien dire parce que la plupart des tests ne sont pas fiables, voire même fantaisistes», commente le Pr Jérôme Rossier. «Pour développer correctement un test, il faut des modèles adaptés à chaque tâche et qui soient représentatifs par rapport à un barème, ce qui n’est pas le cas avec la majorité des tests en ligne. Pour avoir du sens, il leur manque par ailleurs l’interprétation des résultats par un professionnel».

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