La cellulite est méconnue mais il ne faut pas en faire une maladie

Dernière mise à jour 23/05/17 | Article
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Liée à une mauvaise répartition des graisses, la peau d’orange a des causes peu claires. Contrairement à nombre d’idées reçues, la génétique pourrait jouer un rôle prépondérant.

De quoi on parle ?

Posant en couverture de Glamour avec les trois autres actrices de la série «Girls», Lena Dunham expose fièrement sa cuisse, dévoilant sa cellulite. «Merci à Glamour d’avoir laissé ma cellulite s’afficher en kiosques partout aujourd’hui», a-t-elle écrit sur Instagram. Pour la jeune Américaine qui lutte en faveur d’une «normalisation» du physique féminin à Hollywood, ce cliché est une manière de faire un acte militant tout en montrant qu’elle assume son corps.

En montrant sa cellulite en couverture d’un magazine à grand tirage, l’actrice féministe Lena Dunham a voulu faire un acte militant. Peut-être parviendra-t-elle ainsi à décomplexer de nombreuses femmes qui, elles, cherchent plutôt à masquer la peau d’orange de leurs cuisses ou de leurs bras, qu’elles jugent peu esthétique. C’est affaire de jugement et de ressenti personnels mais, médicalement parlant, elles peuvent être rassurées. «La cellulite n’est pas une maladie», souligne Bahram Shahidi, spécialiste en chirurgie plastique, reconstructive et esthétique à la Clinique Montchoisi, à Lausanne. La «lypodystrophie superficielle» (du grec lypo qui signifie graisse, dys – trouble – et trophè – nourriture), comme les médecins la nomment, modifie l’aspect de la peau, mais elle n’affecte pas la santé et n’entraîne aucune complication physiologique.

Des irrégularités visibles sur la peau

Le derme, couche intermédiaire de la peau, renferme des cellules de graisse, qui se répartissent en petites «chambres», et des cellules de fibroblastes. Ces dernières synthétisent le collagène qui forme un réseau de fibres élastiques servant de soutien à l’ensemble. «C’est en quelque sorte l’armature de la structure. La graisse qui se trouve à l’intérieur s’adapte aux formes des contours», explique Bahram Shahidi. La cellulite provient en fait «d’un changement de la distribution des cellules graisseuses par rapport aux tissus qui les entourent». En se regroupant, ces cellules créent des irrégularités qui sont visibles à la surface de la peau. Celle-ci ressemble alors, surtout quand on la pince, à celle d’une orange.

Le phénomène se manifeste principalement sur les côtés des hanches et des cuisses, ainsi que sous les bras. En revanche, il n’apparaît que rarement sur le visage ou sur les seins et n’est apparent sur le cou que lorsque le surpoids crée un double menton.

Si la cellulite fait fréquemment la une des journaux féminins, ce n’est pas un hasard. Elle concerne en effet beaucoup plus les femmes que les hommes, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. On sait en tout cas que «la graisse n’est pas répartie de la même manière chez les représentants des deux sexes», constate le chirurgien. Les changements ou les déséquilibres hormonaux jouent aussi un rôle. C’est ce qui explique qu’à la puberté ou lorsqu’ils ont des troubles hormonaux, certains hommes puissent eux aussi être concernés.

Quant aux causes de la cellulite, plusieurs indices montrent qu’elles sont génétiques. Le surpoids ou le stress n’y sont pas pour grand-chose (lire encadré).

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Aspirer la graisse ou la faire fondre

À titre de prévention, mais aussi lorsque la cellulite est déjà présente, le médecin conseille «d’hydrater régulièrement sa peau, ce qui lui donne une plus grande fermeté».

Il reste qu’une fois installée, la lipodystrophie superficielle de la peau ne disparaît pas. Le phénomène «n’est pas réversible et il n’existe aucun traitement miracle», souligne Bahram Shahidi.

Il existe toutefois divers moyens pour améliorer la situation. Leur choix dépend de la qualité de la peau de la personne, de son âge, de son poids et des parties du corps concernées.

Pour diminuer la quantité des amas de graisse, l’une des solutions consiste à les aspirer par liposuccion, une technique chirurgicale qui permet également de couper les armatures de collagène. Il est aussi possible de faire fondre la graisse en la chauffant à l’aide d’ultrasons ou par radiofréquence ou, au contraire, en la refroidissant par cryolipolyse.

«Chaque technique a ses avantages et ses limites, c’est pourquoi il est important que les femmes en soient bien informées pour éviter une éventuelle déception», précise le spécialiste. Comme toute intervention chirurgicale, la liposuccion n’est pas sans risque; elle peut entraîner une hémorragie, une infection ou, dans de rares cas, une embolie. Quant aux traitements non invasifs, ils peuvent potentiellement provoquer des brûlures, ainsi que des changements de pigmentation et de texture de la peau. Lena Dunham n’a pas à s’en soucier, puisqu’elle a décidé de garder sa peau d’orange et même de la revendiquer.

La peau d’orange, un phénomène entouré de mystère et de mythes

«Moins un phénomène est connu, plus il est entouré de mythes», constate Bahram Shahidi, spécialiste en chirurgie plastique, reconstructive et esthétique à la Clinique Montchoisi, à Lausanne. Cet adage s’applique à la cellulite. La peau d’orange n’affectant pas la santé, elle n’a pas jusqu’ici suscité beaucoup de recherches scientifiques et bien des éléments la concernant restent obscurs.

À commencer par ses causes. On pense souvent que la cellulite est liée au surpoids. Il n’en est rien. Les femmes minces peuvent aussi en avoir sur certaines parties de leur corps, même si chez elle cela se voit moins que chez les autres. La sédentarité et le stress sont, eux aussi, fréquemment invoqués comme des facteurs favorisant la peau d’orange. Toutefois, «on n’en a aucune preuve scientifique», selon le chirurgien.

Il en est de même de la nourriture. Les produits gras, trop salés ou trop sucrés, pauvres en fibres ou farineux, favorisent-ils l’apparition de la cellulite? «Il est possible que certains aliments changent la distribution des tissus, notamment de la graisse, répond le chirurgien. Mais comment? On l’ignore.» Il n’est donc pas possible de conseiller un régime qui aurait des effets anticellulite.

Il faut se faire une raison et admettre qu’en l’état actuel des connaissances, on a simplement observé que certaines personnes sont plus touchées que d’autres par la lipodystrophie superficielle de la peau, sans que l’on comprenne les causes de leur vulnérabilité.

Quant aux très nombreux procédés et machines dont les fabricants promettent monts et merveilles, ils relèvent plus du marketing que de la médecine. Les femmes qui sont gênées par leur peau d’orange qu’elles trouvent disgracieuse peuvent consulter un spécialiste. Il pourra leur proposer un traitement adapté à leur situation personnelle, mais aussi les informer, ce qui est un bon moyen de détruire les mythes.

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Référence:

Paru dans Le Matin Dimanche, numéro du 29 janvier 2017

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