Médicaments contre l’obésité: comment en gérer l’arrêt?
Les médicaments pour perdre du poids? Oui, ils existent désormais bel et bien. Initialement conçus pour soigner le diabète, ces traitements, appelés «agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide 1 (GLP-1)» et dont le plus connu est l’Ozempic, ont révolutionné la prise en charge de l’obésité grâce à leurs résultats spectaculaires. Ils agissent en effet à plusieurs niveaux pour favoriser et maintenir la perte de poids: ils modulent les signaux de faim et de satiété, renforcent le contrôle de l’appétit et influencent les circuits cérébraux liés à la récompense alimentaire (lire encadré). Toutefois, derrière ce succès se cache un défi majeur: le sevrage. En effet, à la fin du traitement, les effets bénéfiques disparaissent et l’organisme reprend naturellement le contrôle, ce qui aboutit souvent à une reprise de poids. Cet arrêt est généralement inévitable, car en Suisse, en l’absence de diabète, le remboursement du traitement n’est plus assuré au-delà de trois ans. Certains patients peuvent également être contraints d’arrêter leur traitement en raison de pénuries ponctuelles causées par une trop forte demande. Cela avait notamment été le cas il y a quelques mois, et si la situation s’est aujourd’hui stabilisée, rien ne garantit qu’elle ne se reproduira pas à l’avenir.
L’importance d’une approche individualisée et interdisciplinaire
Mais pas de panique! La reprise pondérale à l’arrêt du traitement n’est pas une fatalité. Un sevrage progressif permet au corps de s’adapter en douceur et réduit considérablement ce risque. Mieux encore, il est possible de continuer à perdre du poids, à condition d’adopter des habitudes alimentaires adéquates et de bénéficier d’un suivi approprié par des spécialistes de l’obésité.
COMMENT FONCTIONNENT LES MÉDICAMENTS CONTRE L’OBÉSITÉ?
Les agonistes des récepteurs du GLP-1 favorisent la perte de poids en réduisant l’appétit. Ils agissent en effet sur le cerveau, notamment sur les zones qui contrôlent la faim et le plaisir associé à la nourriture. Résultat: moins d’envies liées à l’alimentation et d’attirance pour les aliments très caloriques, une diminution de l’appétit, ainsi qu’une sensation de satiété plus rapide. Ces médicaments aident aussi à déjouer les mécanismes de défense de l’organisme face à l’amaigrissement. En effet, lorsqu’on réduit son apport calorique, le corps réagit en augmentant la production d’hormones stimulant l’appétit. Les agonistes des récepteurs du GLP-1 bloquent cette réponse naturelle en favorisant, au contraire, les hormones qui réduisent la sensation de faim, facilitant ainsi la perte de poids et son maintien. Ces médicaments influencent également le système nerveux central, notamment le circuit de la récompense, en atténuant les pulsions alimentaires, souvent dictées par des émotions négatives comme le stress ou l’anxiété.
Un sevrage réussi repose en effet sur une prise en charge sur mesure, dans laquelle le patient joue un rôle actif. L’éducation thérapeutique reste ainsi la pierre angulaire du suivi des personnes en situation d’obésité, car mieux comprendre cette maladie et son traitement permet d’adopter des comportements durables pour stabiliser son poids sur le long terme. De plus, la prise en charge doit idéalement être effectuée par une équipe interdisciplinaire qui inclut des médecins, diététiciens, psychologues, physiothérapeutes et spécialistes en activité physique adaptée. Et pour cause, l’obésité est une maladie complexe, engageant des facteurs multiples à la fois physiques et émotionnels. Une approche globale est donc la solution pour favoriser la stabilisation, voire la perte de poids à l’arrêt du traitement.
Les différentes étapes d’un sevrage optimal
Un sevrage optimal se déroule en plusieurs étapes. L’objectif est d’instaurer des habitudes alimentaires saines et durables, et ce, avant même l’arrêt du traitement. L’une des clés: miser sur une alimentation équilibrée, riche en fibres, en protéines et en aliments peu transformés, tout en limitant les sucres rapides et les graisses saturées. Une activité physique régulière, combinant cardio, renforcement musculaire et pratiques douces (yoga, marche, etc.), est également recommandée. Un accompagnement psychologique par un professionnel de santé est par ailleurs indispensable pour anticiper les angoisses dues à l’arrêt du traitement, renforcer l’estime de soi et gérer les compulsions alimentaires que le médicament ne traite pas directement. La phase post-sevrage est tout aussi capitale. L’obésité étant une maladie chronique, elle comporte un haut risque de rechute.
Un suivi régulier après l’arrêt du traitement est donc crucial pour repérer rapidement d’éventuelles difficultés et ajuster la prise en charge. L’intégration de la dimension émotionnelle aide enfin à reconnaître et apaiser le stress et l’anxiété, deux facteurs de prise de poids.
*Adapté de: Correia, J., C., et al., Gestion de l’arrêt des GLP-1: comment accompagner une transition en toute sérénité. Rev Med Suisse. 2025; 21 (910): 527–530.
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Obésité
L’obésité est une maladie qui augmente le risque de survenue d’autres maladies et réduit l’espérance et la qualité de vie. Les patients atteints de cette accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle nécessitent une prise en charge individualisée et à long terme, diététique et comportementale.