L’infarctus du myocarde est plus grave la nuit

Dernière mise à jour 07/01/15 | Article
L’infarctus du myocarde est plus grave la nuit
Le risque d’infarctus du myocarde ainsi que sa gravité varient selon l’heure de la journée. Une nouvelle voie de recherche explore l’influence des rythmes circadiens sur la vulnérabilité cardiaque et pourrait amener à améliorer les prises en charge thérapeutiques.

Selon la saison ou l’heure de la journée le risque d’être victime d’un infarctus du myocarde n’est pas le même. De récentes études ont montré que la gravité de cet accident cardiaque, qui reste une des causes de mortalité les plus fréquentes, fluctue au cours de la journée. Des modèles expérimentaux permettent aujourd’hui de mieux comprendre les relations qui existent entre horloge biologique et vulnérabilité cardiaque. Une voie de recherche qui pourrait permettre d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.

Des variations saisonnières et journalières

C’est en hiver que les infarctus du myocarde sont les plus nombreux. Les raisons de ce pic saisonnier ne sont pas encore totalement élucidées, mais des hypothèses évoquent le rôle de l’exposition au froid. L’augmentation de la concentration de particules fines dans l’air à cette période de l’année, ainsi que le pic d’infections respiratoires, pourraient aussi contribuer à cette augmentation des accidents cardiaques.

Plusieurs études ont démontré qu’il existe également une fluctuation de la survenue des infarctus au cours de la journée. Les scientifiques ont pu démontrer que c’est en fin de matinée, entre dix et onze heures, que le risque d’infarctus est maximal.

Pic de gravité nocturne

C’est cependant autour de minuit que les accidents cardiaques affichent la plus haute mortalité. Une étude menée sur 354 patients du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) entre 2009 et 2010 a permis de montrer que cette observation était indépendante des  délais ou d’éventuelles différences  de prise en charge entre la nuit et le jour.

Si les infarctus nocturnes tuent plus, c’est qu’ils induiraient des lésions cardiaques plus importantes. Une hypothèse corroborée par plusieurs travaux de recherche, dont une étude rassemblant 6223 patients suisses. Ceux dont les symptômes surviennent autour de 23h présentent des lésions cardiaques jusqu’à 15% plus importantes que ceux victimes d’un infarctus en fin de matinée.

Il existe donc bien un décalage entre l’heure du pic de fréquence de l’infarctus et celle du pic de gravité. Comme de nombreuses activités biologiques (sommeil, sécrétions hormonales…), la vulnérabilité du cœur aux attaques qu’il aurait à subir semble donc fluctuer au cours du cycle de 24 heures, et serait donc soumise à un rythme circadien.

Le rôle de l’horloge biologique

Cette variation est due en partie à la présence de gènes dans les cellules cardiaques dont l’expression varie au cours de la journée. Ces gènes, dits circadiens, représenteraient entre 8 et 10% de ceux exprimés dans le cœur et constituent une horloge biologique «locale». Chaque organe possède ce type d’horloges dites périphériques. Elles sont toutes mises en phase, via le système nerveux autonome et certains facteurs hormonaux, par l’horloge biologique centrale située dans le cerveau.

Pour mieux comprendre le rôle des gènes circadiens dans la vulnérabilité nocturne du myocarde, des études ont été menées sur des souris chez lesquelles l’expression de ces gènes pouvait être aisément bloquée. Chez les souris où ces gênes n’étaient pas bloqués, des différences de taille d’infarctus étaient observées entre le jour et la nuit. Elles n’étaient en revanche plus observées chez les souris dont ces gênes avaient été bloqués.

Le fonctionnement de l’horloge biologique interne du cœur est complexe mais mieux comprendre comment celle-ci est régulée permettrait d’ouvrir de nouvelles voies de recherche, de définir des cibles thérapeutiques innovantes et, à terme, d’améliorer la prise en charge des patients.

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Références

Adapté de «Influence des rythmes circadiens sur les infarctus du myocarde», par Stéphane Fournier, Ahmed T. Beggah, Olivier Muller, service de cardiologie, CHUV, Lausanne. Stéphane Cook, service de cardiologie, Hôpital cantonal de Fribourg. In Revue médicale suisse 2014;10:1204-9. En collaboration avec les auteurs.

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