Petites incisions
La Dre Sindy Monnier, médecin adjoint au service de gynécologie, s’est formée à l’Institut Curie, à Paris, établissement pionnier en Europe pour l’oncoplastie, et à l’université de San Francisco, en Californie. De retour aux HUG, elle expose à Pulsations les avantages de cette technique.
Qu’est-ce que l’oncoplastie ?
C’est l’application de techniques issues de la chirurgie esthétique à la chirurgie conservatrice du sein. Cela veut dire qu’on opère les cancers du sein avec des incisions plus petites et moins visibles. De plus, on utilise les repères anatomiques naturels, comme l’aréole, pour aborder les tumeurs en minimisant les cicatrices.
Est-elle réalisée en meme temps que l’ablation de la tumeur?
Oui, absolument. Tout se fait simultanément. Et, si nécessaire, afin de conserver la symétrie de la poitrine, l’autre sein peut également être retouché. Cette dernière intervention concerne environ 5 à 10% des patients bénéficiant d’une oncoplastie.
Toutes les patients peuvent-elles en bénéficier?
Oui, pour autant que le cancer soit à un stade précoce. Dans les années 70, on pratiquait essentiellement la mastectomie, soit l’ablation complète du sein. Puis des études ont démontré que la chirurgie conservatrice du sein pouvait être proposée aux patientes sans risque pour la survie à long terme. Désormais, quelque 70% des patientes aux HUG bénéficient d’une chirurgie conservatrice. Et, selon une estimation personnelle – les statistiques à ce sujet n’existent pas encore – 40% d’entre elles reçoivent une oncoplastie.
Y a-t-il un âge limite?
Non. Peuvent en bénéficier toutes les patientes pour lesquelles la chirurgie conservatrice est indiquée, quel que soit leur âge.
Peut-on améliorer une oncoplastie après coup?
Bien sûr. En cas de perte de volume important après une chirurgie conservatrice, par exemple, on pourra recourir au lipofilling. C’est une technique simple. On prélève un peu de graisse chez la patiente (ventre ou cuisse) et on l’injecte dans le sein afin de combler la perte de volume.
«Que va penser mon mari?»
Quand le diagnostic est tombé, Antonella, 51 ans, a pensé avant tout à sa santé. «Un cancer du sein relègue toute autre préoccupation au second plan. J’avais peur. Ce qui comptait, c’était mes chances de m’en sortir. A ce moment-là, j’avais vraiment autre chose en tête que des considerations d’ordre esthétique», témoigne la patiente des HUG.
La perspective a changé après l’opération. L’intervention s’est très bien passée et Antonella a été rassurée par les résultats des analyses. «Là, j’ai commencé à me regarder. A m’interroger sur le regard que portera mon mari. Heureusement, sur le plan esthétique, c’est parfait! Il n’y a aucune cicatrice. On ne voit aucune différence entre les deux seins. Se sentir physiquement intacte, comme avant, est très rassurant pour la relation de couple. Cela facilite énormément la convalescence. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai été soignée par des gens réellement exceptionnels, du radiologue à la chirurgienne», s’enthousiasme-t-elle.
Le message d’Antonella aux femmes à qui l’on diagnostique un cancer du sein: «Parlez-en à vos amis, à votre entourage! Vous y trouverez toujours du réconfort, quelqu’un pour vous aider à mieux vivre cette épreuve.»
Pulsations - septembre-octobre 2012
Article original: http://www.hug-ge.ch/actualite/pulsations.html
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