Quand l’acné s’invite chez les femmes

L’acné, une affaire d’adolescents? Pas seulement! Cette affection de la peau, qui peut non seulement persister à l’âge adulte, mais aussi apparaître après 25 ans, touche près de 19% des femmes âgées de 25 à 39 ans. Pour rappel, l’acné se manifeste par des boutons rouges (peu ou moyennement enflammés), souvent accompagnés de points blancs ou de kystes sous la peau sur plusieurs zones du visage. Elle repose sur quatre mécanismes fondamentaux: une fabrication trop importante de sébum (une substance grasse qui hydrate naturellement la peau, mais qui, lorsqu’elle est produite en excès, obstrue les pores et favorise l’apparition de boutons); une accumulation de cellules mortes qui bouchent également les pores; une inflammation survenant lorsque ces pores sont obstrués; et enfin, une prolifération de bactéries, appelées Propionibacterium acnes, qui aggrave les lésions. Contrairement à l’acné adolescente, celle de l’adulte peut se montrer plus tenace et parfois plus difficile à traiter.

Des causes complexes et multiples

Les causes de l’acné de la femme adulte sont complexes et multiples. Parmi les facteurs impliqués: les antécédents familiaux et des éléments du quotidien comme l’usage de produits cosmétiques, l’alimentation, le stress chronique, le tabagisme ou encore la prise de certains médicaments. Les hormones jouent également un rôle clé, en particulier les androgènes. Ces hormones, dont la testostérone est la plus connue, sont responsables du développement des caractéristiques sexuelles masculines (telles que la pilosité, la voix grave et la prise musculaire). Bien que présents principalement chez les hommes, les androgènes existent aussi en quantité variable chez les femmes. Or, comme ils agissent directement sur la production de sébum par les glandes sébacées, ils influencent le développement de l’acné féminin. Cette donnée est essentielle pour comprendre ce phénomène: selon une étude**, près de la moitié des femmes qui en souffrent produisent des androgènes de manière excessive. Outre l’atteinte dermatologique, ce dérèglement hormonal peut être le signe d’une maladie sous-jacente, comme le syndrome des ovaires polykystiques (lire encadré), et nécessite des investigations plus poussées.

Doser les hormones, une bonne idée?

Un bilan hormonal est-il donc recommandé lorsqu’une femme adulte a de l’acné? Absolument, surtout lorsque les lésions cutanées s’accompagnent d’autres signes indiquant un excès d’androgènes. Il peut s’agir, entre autres, de règles irrégulières, d’une poussée d’acné avant les menstruations, d’une pilosité excessive sur des zones typiquement masculines comme le visage, le menton, la poitrine ou le ventre (on parle alors d’hirsutisme), d’une perte de cheveux, de difficultés à concevoir, voire de signes de virilisation tels qu’une voix plus grave ou une augmentation inhabituelle de la masse musculaire. Le bilan hormonal doit idéalement être réalisé entre le troisième et le cinquième jour du cycle menstruel, et au moins trois mois après l’arrêt d’une pilule contraceptive.

Quels traitements envisager?

Il est donc important de ne pas sous-estimer un éventuel déséquilibre hormonal, car s’il est à l’origine de l’acné, les traitements classiques risquent de ne pas suffire. Le plus souvent, ce sont des crèmes locales ou des antibiotiques qui sont prescrits en premier lieu. Mais si les lésions persistent, un traitement hormonal peut s’avérer nécessaire —même lorsque les analyses sanguines ne révèlent aucune anomalie. En effet, certaines femmes présentent un excès d’androgènes localisé dans la peau, sans que cela ne se reflète dans leur taux sanguin. Dans ce cas, un contraceptif oral œstroprogestatif, comme Jasminelle, Gracial ou Bellara, peut être ajouté au traitement de base. À noter que les rétinoïdes oraux, tels que le Roaccutane, ne sont envisagés qu’en cas d’acné sévère et résistante. Issus de la vitamine A, ces médicaments nécessitent la prise simultanée d’un contraceptif hormonal pour limiter les risques de grossesse (celle-ci étant incompatible avec le traitement en raison des possibles effets secondaires sur le fœtus) et renforcer leur efficacité.

L’acné chez la femme adulte requiert donc une prise en charge personnalisée et spécialisée, adaptée à la sévérité des symptômes, à la nature des lésions, à d’éventuelles pathologies associées, ainsi qu’au profil de la patiente. 

* Adapté de: Farny, C., et al. Acné de la femme adulte: quand et pourquoi envisager un bilan hormonal? Rev Med Suisse. 2025; 21 (911): 602–605.
** Uysal G, Sahin Y, Unluhizarci K, Ferahbas A, Uludag SZ, Aygen E, Kelestimur F. Is acne a sign of androgen excess disorder or not? Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2017 Apr;211:21-25. 

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Paru dans Planète Santé magazine N° 58 – Septembre 2025