Embonpoint et longévité

Dernière mise à jour 06/02/13 | Article
Embonpoint et longévité
Alors qu'un poids excessif réduit notre espérance de vie, un léger embonpoint pourrait nous faire vivre plus longtemps. Tel est le résultat surprenant auquel parvient l'analyse récente de 97 études médicales, ayant impliqué près de 3 millions d'adultes dans le monde entier.

Il y a plus de 70 ans, une compagnie d'assurance américaine avait constaté que le poids corporel des individus était étroitement associé à leur longévité. Et que notre espérance de vie était statistiquement la plus grande lorsque notre poids n'avait pas trop évolué depuis l'âge de 25 ans.

Depuis lors, le message est resté plus ou moins le même, mais le critère s'est beaucoup affiné.

La stricte notion de poids a en effet été remplacée par ce que l'on nomme désormais l'indice de masse corporelle, ou IMC (BMI en anglais). Cet indice est calculé en divisant le poids de l'individu, exprimé en kilogrammes, par le carré de sa taille, exprimée en mètres. Ainsi, un sujet pesant 100 kilos et mesurant 2 mètres a un IMC de 25.

Il était admis jusqu'alors, selon les normes établies par l'OMS en 1997, qu'un poids "normal" (celui qui était associé au risque le plus faible d'être victime d'une série de pathologies, maladies cardiaques en tête) était caractérisé par un IMC situé entre 18,5 et 25. En dessous de 18,5 l'individu était considéré comme trop maigre, et un IMC de 25 à 30 traduisait un surpoids ou une "pré-obésité". Ce n'est qu'au-delà d'un IMC de 30 que le sujet commençait à être qualifié d'obèse.

Changement de perspective

Or, les choses vont devoir être considérées dès maintenant sous un tout autre jour, à la lumière de l'étude que vient de publier le très réputé Journal de l'Association Médicale Américaine (JAMA) sous la direction de Katherine Flegal, du Centre National de la Statistique des Etats-Unis. Son analyse a repris les données de 97 études médicales prospectives déjà publiées et ayant porté sur les conséquences pour la santé d'un surpoids ou d'une obésité. Elles ont été sélectionnées selon des critères très sévères parmi plus de 4000 publications.

Katherine Flegal a systématiquement mis ces chiffres en relation avec le taux de mortalité des individus, toutes causes de décès confondues, et en a tiré le risque relatif, pour diverses catégories, par rapport à un individu dit normal, c'est-à-dire ayant un IMC compris entre 18.5 et 25. Il s'avère dès lors que si un IMC de 30 à 40, caractéristique des divers degrés de l'obésité, est associé globalement à un risque de mortalité de 23% plus élevé, un léger embonpoint ou une petite surcharge pondérale pourrait au contraire nous faire vivre plus longtemps.

Quand on regarde les chiffres en détail, on se rend compte que les 270'000 décès recensés par l'ensemble de ces études se répartissent de façon très inégale selon l'IMC de l'individu, valeur dûment enregistrée au début de chaque étude. On constate par exemple que les individus présentant une obésité modérée (IMC compris entre 30 et 35) ne courent finalement pas un risque statistiquement plus grand que les sujets «normaux».

Les vertus de l'embonpoint

Mieux, et encore plus surprenant: ceux dont l'IMC trahit un léger surpoids (de 25 à 30) se révèlent avoir un risque de décès inférieur de 6%, et cet avantage monte même à 10% pour les sujets de plus de 65 ans présentant un tel embonpoint!

Or, cette découverte est loin d'être anodine, quand on réalise – sur la base des statistiques disponibles en Angleterre, au Canada et aux Etats-Unis – qu'environ 40% d'hommes et 30% de femmes font partie de cette catégorie des individus «enveloppés». On peut donc imaginer que ces résultats vont tempérer un peu l'ardeur des ayatollahs de la silhouette idéale.

Cela étant, et même si les conclusions de Katherine Flegal paraissent très solides compte tenu du nombre d'individus considérés, l'indice de masse corporelle ne constitue pas une référence absolue, pour évaluer le risque que fait courir à la santé un petit embonpoint ou une obésité légère. On estime en effet aujourd'hui qu'il faut lui associer la mesure du tour de taille (plus précisément la circonférence abdominale), qui peut mieux prendre en compte la distribution corporelle de la graisse ainsi que la graisse viscérale, dont découle par exemple le risque cardiovasculaire.

Enfin, cette étude ne concerne que le risque de décès, mais n'évoque pas les diverses pathologies que peut favoriser un IMC plus ou moins élevé. Il s'agit donc de relativiser quelque peu les bonnes nouvelles ci-dessus avant de se jeter sans retenue sur le chocolat…

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