L’adolescence, une période charnière en matière d’alimentation

L’adolescence est synonyme de nombreux changements, à la fois corporels et psychosociaux. « L’adolescent s’affirme, tout en voyant sa silhouette changer. Cela influence à la fois son comportement alimentaire et ses besoins nutritionnels », explique Géraldine Darbellay, diététicienne à la Consultation santé et mouvement de la Maison de l’enfance et de l’adolescence des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Durant cette période de pic de croissance, le corps a en effet besoin d’un apport énergétique accru et de suffisamment de minéraux. Le fer, par exemple, soutient entre autres la croissance et l’augmentation de la masse musculaire. En outre, chez les jeunes filles, l’arrivée des règles est un facteur de risque de carence (anémie). « Entre 8 et 20 % des adolescents manquent de fer », alerte la diététicienne.
Phase cruciale pour les os et le cerveau
Dans le même temps, l’ossature se densifie et se solidifie, jusqu’à l’âge de 20 ans environ. Une bonne santé osseuse passe par l’activité physique et par une alimentation riche en calcium, que contiennent notamment les produits laitiers. Indispensable à son absorption, la vitamine D est, elle aussi, essentielle. Cette dernière étant synthétisée par l’exposition au soleil, la spécialiste en nutrition préconise les activités à l’extérieur.
L’adolescence est également marquée par un développement très rapide du cerveau, ce dernier ayant particulièrement besoin de bonnes graisses. « La qualité des aliments a un impact sur les connexions cérébrales, d’où l’intérêt de cuisiner soi-même avec des huiles de qualité, la nourriture ultra-transformée étant, pour sa part, souvent source de “mauvaises graisses“ », souligne Géraldine Darbellay.
Le goût de l’interdit
Si la puberté est une période décisive en termes de développement et d’apports nutritionnels, manger équilibré est souvent un défi. D’abord parce que l’adolescent affirme son besoin d’indépendance vis-à-vis du cercle familial. « La prise de liberté est inhérente à l’adolescence. Ce processus implique la transgression, par exemple en mangeant au fast-food avec ses copains ou en s’achetant des sucreries, quand on sait que ses parents désapprouveraient », illustre la Dre Albane Maggio, pédiatre responsable de la Consultation santé et mouvement des HUG.
L’attrait pour la malbouffe s’explique aussi par une dette de sommeil qui va de pair avec une recherche d’énergie dans ce type d’aliment. La puberté est en effet marquée par un dérèglement de l’horloge biologique en raison d’une baisse de mélatonine (hormone dite « du sommeil ») qui retarde l’heure du coucher. Résultat : « Les jeunes tendent à se lever plus tard et à “sauter“ le petit-déjeuner. À 10h, ils auront très faim et mangeront plutôt un pain au chocolat qu’un aliment plus sain », explique Albane Maggio. Ainsi, éviter les couchers tardifs – et les écrans avant de dormir – contribue à une assiette plus équilibrée.
Gare aux régimes douteux
Les réseaux sociaux influencent également le comportement alimentaire. Or une multitude de vidéos sur la nutrition prodiguent des conseils souvent peu judicieux. « Les régimes alimentaires vantés favorisent, par exemple, rarement les produits laitiers et sont systématiquement déséquilibrés », avertit Géraldine Darbellay. Elle cite les régimes 100 % carnés, qui « n’ont aucun sens », et ceux composés à 100 % de végétaux, qui « nécessitent les conseils de professionnels de santé ».
Autre enjeu : l’image corporelle souvent problématique véhiculée par les réseaux sociaux. « L’adolescent est confronté en permanence à des injonctions pour perdre du poids ou avoir des muscles parfaits. Or c’est un âge où l’acceptation de soi n’est pas aisée, le corps change et on le compare à celui des autres », poursuit Albane Maggio. Certaines jeunes filles entament des régimes restrictifs par exemple, au risque de tomber dans des troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie ou la boulimie. Chez les garçons, certains se musclent à outrance ou ingèrent des poudres protéinées en excès.
« Les parents ont un rôle de prévention à jouer, comme inculquer l’esprit critique afin que l’adolescent puisse faire le tri parmi ce qu’il voit, mais aussi promouvoir l’estime de soi », avertit l’experte.
Faire la morale et interdire : une bonne idée ?
En matière d’alimentation, les parents peuvent avoir tendance à faire la morale à leur enfant. Or, « commenter ce que mange son adolescent est contreproductif. Et ce, autant pour les habitudes alimentaires elles-mêmes que pour l’image de soi », souligne Géraldine Darbellay, diététicienne à la Consultation santé et mouvement de la Maison de l’enfance et de l’adolescence des HUG. Son conseil : montrer l’exemple en évitant les grands discours. D’où l’importance des repas en famille et d’un menu commun et équilibré. Ces bons comportements augmentent les chances que le jeune garde une alimentation équilibrée sur le long terme, malgré les écarts. « L’essentiel est d’avoir un équilibre sur plusieurs repas », insiste Albane Maggio, pédiatre responsable de la Consultation Santé et Mouvements des HUG. Qu’en est-il des interdictions autour de l’alimentation ? Elles sont, elles aussi, contreproductives. « Mieux vaut autoriser de temps en temps des sucreries en responsabilisant l’adolescent. Par exemple, s’il s’achète des biscuits, il s’agira de définir avec lui quand il pourra en manger quelques-uns », illustre la pédiatre.
Plus d’infos : https://www.sge-ssn.ch/media/ct_protected_attachments/7a15d036d8f66a09a05f42ae4ffa14/SSN_FI_adolescents_FR.pdf
Proposé à Julia Rippstein
Premiers aliments et allergies
"36.9°: Premiers aliments et allergies "

Acné
L’acné est une maladie du follicule sébacé formé par la glande sébacée et le poil. À la puberté, la glande sébacée sécrète du sébum en excès et trop épais, ce qui obstrue son orifice. C’est ce qui s’appelle la séborrhée. Cela provoque alors des comédons ouverts –les fameux points noirs– et des microkystes blancs, aussi appelés comédons fermés. Apparaissent également des pustules et des papules qui sont des petits boutons fermes et lisses.