400 000 Suisses souffrent d’essoufflement chronique

Dernière mise à jour 13/11/16 | Article
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Conséquence du tabagisme, la BPCO, ou bronchopneumopathie chronique obstructive, touche une population toujours plus large. D’ici à 2030, elle sera même le troisième facteur mondial de mortalité.

A bout de souffle. De la peine à respirer, c’est le symptôme principal de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie qui touche les poumons de très nombreux habitants du pays: on estime que 400 000 personnes en sont atteintes. Et ce chiffre va encore augmenter. D’ici à 2030, ce sera la troisième cause de décès dans le monde, estime l’OMS. 

«Il faut vous imaginer respirer par une paille, illustre le Dr Alban Lovis, médecin associé au service de pneumologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Tant que vous inspirez calmement, l’air passe. Mais si vous accélérez, du fait d’un effort par exemple, les parois de la paille se collent et l’air ne passe plus.» Résultat dans les cas les plus graves: des personnes si essoufflées que faire plus de deux pas à la suite leur demande un effort énorme.

Le tabac, cause numéro 1 

Dans la BPCO coexistent habituellement une toux chronique, des crachats et un essoufflement – selon des proportions qui varient entre les patients. L’atteinte des bronches (les conduits qui transportent l’air à l’intérieur des poumons) limite le débit de l’air. La difficulté que ressentent les patients n’est pas tant d’inspirer que d’expirer. Plus est bas le volume maximum d’air qu’ils sont capables d’expirer en une seconde, plus l’affection est sévère. 

Aux stades avancés ou en l’absence de traitement, la maladie peut être mortelle. «Les malades sont plus fragiles, tant sur le plan respiratoire que de leur santé générale, détaille le pneumologue. Ils attrapent ainsi beaucoup plus facilement des infections qui leur sont parfois fatales. Dans certaines conditions, on peut être littéralement asphyxié par la BPCO.» 

La cause No 1 de la maladie est le tabagisme. Chez les rares patients qui n’ont jamais fumé, la maladie vient de l’exposition répétée à des polluants environnementaux. Dans les pays en voie de développement, des BPCO sont aussi provoquées par les fumées de feux ouverts à l’intérieur des habitations, servant à la cuisine ou au chauffage.

Un fléau planétaire  

Le monde se dirige vers une importante croissance du nombre de cas de BPCO, explique le Dr Plojoux. En effet, si le tabagisme recule dans les pays occidentaux, ce n’est que dans quelques décennies que l’on en verra l’effet positif sur la maladie. D’autant plus que la consommation de tabac par les femmes s’est généralisée dans les années 1950, alors qu’elle était rare auparavant.  

Sans compter que, selon l’OMS, «90% des décès par BPCO se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire». Autrement dit, dans les pays où les cigarettiers concentrent leurs efforts de marketing et où résident, aujourd’hui, 80% des fumeurs de la planète. 

Prendre la toux au sérieux  

«Ce contact avec des substances irritantes produit une inflammation des bronches et des alvéoles des poumons, explique le Dr Lovis. Les bronches se rétrécissent et se couvrent de cicatrices. Dans le poumon lui-même, on constate une destruction des alvéoles, ce qui compromet l’échange des gaz entre le sang et la respiration.»  

Pour les médecins, il est essentiel de diagnostiquer les malades avant que la BPCO ne soit trop grave. On ne peut en effet pas «récupérer» ou reconstruire les alvéoles perdues mais on peut aménager le cadre de vie du patient pour que la maladie ne progresse pas et que sa vie quotidienne soit plus facile. 

Par conséquent, les spécialistes conseillent d’être vigilant et de ne pas hésiter à consulter son médecin: «Une toux chronique chez un fumeur, cela peut ne pas être banal, martèle le Dr Jérôme Plojoux, pneumologue aux Hôpitaux universitaires de Genève. De même qu’un essoufflement, même chez un fumeur, doit être pris au sérieux. Et si l’on suspecte une BPCO, il faut réaliser une spirométrie.» Cet examen, simple et peu coûteux, permet une bonne évaluation du souffle. 

Le traitement d’une BPCO a plusieurs aspects mais une mesure est impérative: arrêter de fumer. «C’est le seul élément dont on a démontré qu’il a un impact sur la mortalité de la maladie», relate le Dr Plojoux. Mais on observe que, même avec un argument aussi puissant, l’arrêt du tabac peut rester très difficile. Comme les autres, ces patients doivent donc être accompagnés dans cette démarche, avec l’aide des spécialistes du sevrage tabagique.

Un traitement à domicile expliqué au Salon suisse de la santé 

Une bonne partie du traitement de la BPCO, une fois qu’elle est stabilisée, se déroule à domicile. Infirmière spécialisée en santé respiratoire employée par la Ligue pulmonaire vaudoise, Aurore Geenens se rend ainsi régulièrement chez des malades.  

«Je vois particulièrement les patients sous ventilation non invasive. Ceux-ci portent la nuit un appareil qui optimise l’élimination du gaz carbonique retenu dans les poumons. Nous nous assurons qu’ils disposent d’un masque adapté à leur morphologie, que celui-ci ne leur fasse pas mal et qu’il soit suffisamment étanche pour être efficace. De même, nous nous assurons que les réglages de l’appareil sont en adéquation avec la situation du patient.»  

Et surtout, ces visites à intervalles réguliers sont l’occasion de vérifier et de renforcer les autres éléments de la prise en charge: exercice, alimentation, cessation du tabagisme. «Le patient doit entendre plusieurs fois ces messages d’éducation thérapeutique pour se les approprier.»  

Aurore Geneens présentera son activité le vendredi 25 novembre lors d’un événement consacré à la BPCO au salon Planète Santé live. Par ailleurs, un atelier organisé par Swiss Digital Health mettra patients et ingénieurs autour d’une même table pour dessiner des solutions innovantes dans le traitement de la BPCO. 

Aidés à rebouger 

Quant aux autres interventions, elles améliorent considérablement la qualité de vie des malades. Il s’agit des bronchodilatateurs, qui élargissent le diamètre des bronches et augmentent le débit d’air, ou de l’administration d’oxygène. Ou encore de la vaccination contre la grippe qui permet d’éviter son impact sur le système respiratoire, très important en cas de BPCO. Dans les cas graves, des interventions chirurgicales sont possibles. 

Mais les experts insistent sur la nécessité d’une prise en charge globale, touchant en particulier l’exercice physique. Le but est de «refaire bouger» les malades, quel que soit le stade de leur BPCO. En effet, explique le Dr Lovis, ceux-ci «présentent souvent un déconditionnement physique important. Essoufflés, ils ont réduit leurs efforts et leurs muscles ont fondu. Souvent, ils souffrent aussi de troubles alimentaires.» On leur propose donc des programmes de réhabilitation avec des exercices progressifs, supervisés par des physiothérapeutes. De même, ils bénéficient de conseils diététiques. «Il faut vraiment souligner, insiste le Dr Plojoux, que les effets d’un tel programme de reconditionnement physique sur les symptômes de la BPCO sont excellents.»

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[1] Le terme générique de bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO) regroupe un ensemble de maladies respiratoires, dont les plus connues sont la bronchite chronique obstructive et l’emphysème.

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