Course à pied et troubles gastro-intestinaux

Dernière mise à jour 10/02/12 | Article
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Les sportifs d’endurance, et surtout les coureurs à pied, peuvent présenter un grand nombre de complications digestives. Le point sur prévention et traitement.

La plupart du temps, les affections digestives des coureurs sont des  problèmes bénins qui vont  se résoudre spontanément en quelques jours. Mais elles sont  généralement gênantes et peuvent perturber significativement la capacité de performance. En cas de persistance des symptômes, il vaut mieux consulter un  spécialiste, surtout après 40 ans. Car associés à un état  de  déshydratation, ces troubles peuvent  entraîner  des  complications graves et un désagrément psychologique.

La survenue de troubles digestifs chez les coureurs est un phénomène peu  connu et malheureusement relativement fréquent, pouvant même entraver significativement la performance sportive. L’Australien  Derek  Clayton,  vainqueur du marathon de Fukuoka, a sidéré les spectateurs après avoir franchi la ligne  d’arrivée  lorsqu’on a remarqué que son  short  était taché d’excréments sanguinolents. Ces  affections ont  moins  été étudiées que les  problèmes des os ou des articulations et leur origine reste souvent incomprise.

Crampes, diarrhées, vomissements

L’émergence de crampes abdominales,  de diarrhées, parfois sanguinolentes ou encore de vomissements est  fréquente chez  les  sportifs. Les diarrhées peuvent  aggraver un  état de déshydratation et provoquer une  hyperthermie, état clinique potentiellement  mortel.  Il incombe donc  au médecin de se familiariser avec la présentation et la gestion des plaintes digestives  dans le domaine du sport, en particulier celui de l’endurance.

Les  facteurs  qui  peuvent affecter les voies digestives inférieures et provoquer la diarrhée du coureur sont  nombreux. On peut citer le stress, l’intensité de l’effort, la déshydratation, l’hypoglycémie, la fatigue liée  à l’effort physique, les erreurs diététiques ou la prise de médicaments.

L’intensité de  l’effort  physique joue  probablement le rôle le plus  important.  De même que les facteurs mécanique. Le martellement du  sol,  lors  de la course à pied, transmet des ondes mécaniques aux viscères avec comme conséquence une  augmentation de la vitesse du transit intestinal, ce qui peut être à l’origine  des urgences fécales. Ce phénomène n’est par contre pas décrit chez les cyclistes.

De  plus,  des facteurs nutritionnels ont  aussi  une  certaine importance, particulièrement les aliments trop riches en hydrates de carbone.  La caféine est  un excitant qui peut aussi  agir comme un laxatif,  elle  devrait être évitée lors d’exercices physiques d’intensité prolongée.

Les médicaments, en particulier les anti-inflammatoires non  stéroïdiens, peuvent aussi  jouer  un  rôle.  Ces derniers peuvent provoquer des saignements gastro­intestinaux, voire des ulcères. Leur utilisation est malheureusement fréquente par les athlètes et ils sont  même les médicaments les  plus  utilisés par  les  sportifs de niveau olympique.

Diagnostic  et prise en charge

En plus  des causes liées à la pratique sportive, il convient de ne pas oublier qu’il existe différentes raisons susceptibles de provoquer une  pathologie digestive chez  un sportif. On peut citer la présence d’hémorroïdes, de fissures anales, d’une  maladie inflammatoire ou infectieuse, voire celle  d’une  pathologie tumorale. La liste  n’est pas  exhaustive  et il conviendra d’en  tenir  compte lors du  diagnostic différentiel, en  particulier chez  tout  sportif dont l’âge est supérieur à 40 ans.

Le diagnostic différentiel des affections des voies digestives  inférieures chez l’athlète d’endurance commence par une  anamnèse précise qui tiendra compte du fait que les athlètes ont  souvent de la réticence à parler de ces questions, imaginant que ce problème fait partie du sport. Il convient d’interroger le  sportif sur  la  survenue des symptômes par  rapport au  moment de l’exercice,  de la prise des repas. La localisation d’une  douleur abdominale, la gêne par  rapport à l’exercice  en y incluant des symptômes  associés (nausées, spasmes coliques, constipation) sont des notions importantes. Enfin, des questions sur l’état général (fatigue, malaise, vertiges, fièvre,  perte de poids) devront aussi  faire partie de l’anamnèse et donneront des renseignements utiles. 

L’inventaire du régime alimentaire du patient, de la consommation de suppléments alimentaires et/ou de médicaments est impératif, y compris l’utilisation de boissons sportives,  de gels  sportifs, de caféine ou encore de fibres  diététiques. Un journal alimentaire est  souvent utile,  puisque les patients peuvent avoir de la difficulté à se rappeler des détails spécifiques de leur consommation nutritionnelle.

 Le retour au sport d’un  patient ayant  présenté une  affection des voies digestives lors d’une  compétition, peut se faire  dès la  résolution des symptômes. Il s’agira  de reprendre une  activité d’endurance à faible  intensité dans un premier temps en fonction du feeling. Pour le retour à la compétition, une  stratégie de prévention devrait être élaborée sur  le  plan  diététique et réhydratation en cours  d’épreuve. De même, une  bonne acclimatation à la chaleur devra être entreprise.

Référence

Adapté de «Troubles gastro-intestinaux et activités sportives», Dr Gérald Gremion, Swiss Olympic Medical Center Département de l’appareil locomoteur Hôpital orthopédique et CHUV, in Revue médicale suisse 2011 ; 7 : 1525-8, en collaboration avec les auteurs.

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