Les ligaments croisés antérieurs du genou à l'épreuve du ski

Dernière mise à jour 31/01/23 | Article
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Fréquemment touchés lors d’accidents de ski, les ligaments croisés antérieurs sont des structures clés pour la stabilité du genou. En cas de rupture, une opération n’est pas toujours indispensable et peut attendre dans la majorité des cas. Mais avant de reprendre le chemin des pistes, une longue rééducation et une préparation physique et psychologique sont indispensables.

Prévenir les ruptures du ligament croisé

Pour prévenir les blessures au genou, une préparation physique est nécessaire dans le but d’assurer la fonction et la stabilité des ligaments, des muscles et des os. «Des exercices réguliers de renforcement, de coordination et d’équilibre pendant au moins deux mois sont conseillés avant de reprendre le ski, car les ligaments ont besoin de temps pour s’adapter, explique le Dr Philippe Tscholl, médecin adjoint à l’Unité d’orthopédie et de traumatologie du sport des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Un deuxième aspect important est de contrôler et adapter le matériel et les réglages (largeur du ski, hauteur de la chaussure sur le ski, calibration des fixations par rapport au poids pour pouvoir déchausser facilement, etc.) auprès de spécialistes.» Avant de descendre les pistes, il est important de bien s’échauffer et, finalement, de connaître ses limites et de ne pas les dépasser.

Nos genoux sont à risque lors de la pratique du ski: ce sport de type «pivot», avec des rotations et des impacts violents, impose de nombreuses contraintes au niveau du genou. Une bonne stabilisation s’avère donc cruciale. Elle est assurée par les muscles et les ligaments, notamment les ligaments croisés antérieurs (LCA). «Cette structure située à l’intérieur du genou empêche la jambe d’aller trop en avant ou d’avoir une rotation trop importante, explique le Pr Vincent Gremeaux-Bader, responsable du Centre de médecine du sport au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Mais parfois, lors de la pratique du ski et même à l’arrêt, la sollicitation de ce type de mouvement au niveau du genou dépasse les capacités de résistance des ligaments.» Il en résulte leur rupture et dans certains cas des lésions associées, notamment du cartilage et des ménisques (lire l’encadré). 

Si, par le passé, les blessures liées au ski concernaient surtout des fractures de la jambe et de la cheville, avec l’apparition des skis carving il y a une vingtaine d’années, la rotation a surtout lieu au niveau des genoux. Comme l’explique le Dr Philippe Tscholl, médecin adjoint à l'Unité d’orthopédie et de traumatologie du sport des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG): «Avec ce type de skis, et particulièrement les carving longs et larges au bout, le LCA est le ligament le plus touché.» 

Quel traitement en cas de rupture des ligaments croisés antérieurs?

En cas de LCA déchirés, un premier constat s’impose, selon le Dr Tscholl: «Cela constitue rarement une urgence. La majorité des personnes touchées peuvent attendre, débuter une rééducation active et voir comment elles se sentent avant de décider d’une éventuelle opération.» La chirurgie est surtout recommandée aux personnes pratiquant un sport de manière très intense (sport pivot et de contact principalement) et qui ne veulent pas y renoncer. Ou s’il y a une autre lésion grave, notamment au niveau des ménisques, sortes de petits coussins entre le fémur et le tibia qui jouent aussi un rôle dans la stabilité du genou. Dans ce cas, ne pas opérer augmente le risque de déchirure et d’usure du ménisque et celui de développer une arthrose du genou. Dans les autres situations, la discussion reste ouverte sur le besoin d’opérer ou pas. «Avec un traitement conservateur (non chirurgical), on retrouve pratiquement toute sa force après trois à cinq mois et sa coordination après six mois», poursuit le chirurgien. 

Le traitement conservateur consiste d’abord en un travail de physiothérapie, afin de récupérer la mobilité, la force et la stabilité du genou. «Ce sont ces critères qui permettent de reprendre une vie normale et active, sans que le genou ne soit gonflé ni douloureux et avec une stabilité permettant d’accomplir les gestes de la vie quotidienne sans appréhension, explique le Pr Gremeaux-Bader. À partir de cette étape, un programme de renforcement, ou "réathlétisation", est prévu pour préparer la reprise du sport.» 

Quant à l’opération, la procédure dominante consiste à remplacer le ligament déchiré par un tendon prélevé ailleurs sur le corps (sur un muscle ischio-jambier, par exemple). Dans ce cas, le temps à investir dans la rééducation est plus long et plus intensif que pour le traitement conservateur, car l’opération constitue un deuxième traumatisme pour le genou. Il faut compter neuf à douze mois, avec deux séances de physiothérapie par semaine ainsi que du sport trois à quatre fois par semaine. Mais l’avantage de la chirurgie est qu’elle confère une meilleure stabilité du genou. À noter qu’une opération est toujours possible même douze mois après l’accident ou si les résultats du traitement conservateur ne sont pas satisfaisants. 

Peut-on reprendre le ski?

«Oui, affirme le Dr Tscholl. Mais pas avant neuf mois au minimum après une opération, car le genou a besoin de pratiquement une année pour rétablir sa stabilité, sa force, sa résistance en termes de chocs et d’endurance, et la coordination.» Avant de reprendre le ski, l’équipe médicale (médecins, physiothérapeutes, etc.) doit donc s’assurer que tous ces critères sont en place, que l’on ait choisi une opération ou un traitement conservateur. Un autre aspect important est la confiance en soi, c’est-à-dire pouvoir skier sans penser au fait que son genou est blessé. «Après une rupture du LCA, environ deux tiers des personnes refont du ski l’année d’après. Mais la moitié d’entre elles ont peur, n’ont plus la même force ou adaptent leur niveau», constate le spécialiste. 

Le ski et les blessures au genou

Le ligament croisé antérieur (LCA) est le plus souvent touché lors d’un accident de ski. «Un genou gonflé, un appui impossible et une sensation d’instabilité sont les signes que le LCA est très probablement touché, explique le Pr Vincent Gremeaux-Bader, responsable du Centre de médecine du sport au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Il faut alors appliquer du froid et immobiliser la jambe, puis consulter rapidement.» À noter qu’un coup reçu au niveau de la rotule peut aussi provoquer un œdème douloureux pendant plusieurs semaines, mais sans gravité. Il est toutefois préférable de consulter pour s’assurer du diagnostic. Outre le LCA, de nombreuses autres blessures au genou sont possibles, notamment aux ménisques, souvent touchés en même temps. «Le ligament croisé postérieur peut aussi se rompre ou les ligaments latéraux (à l’extérieur de l’articulation), quand les genoux subissent un choc qui va exagérer la physionomie arquée ou en "X". On trouve aussi des fractures ou des lésions du cartilage du genou.» Les lésions musculaires ou des tendons qui s’insèrent sur la rotule sont plutôt rares au ski, tout comme les cas de luxation du genou (quand les deux os de l’articulation se séparent), qui sont liés à des traumatismes violents.

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Paru dans Le Matin Dimanche le 08/01/2023

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