Nouvel espoir dans le traitement de la rétinite pigmentaire

Dernière mise à jour 25/01/23 | Article
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Maladie rare, la rétinite pigmentaire touche environ une personne sur 4000 dans le monde. Des travaux expérimentaux menés par une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) en collaboration avec l’Université de Lausanne (UNIL) ont permis d’identifier le mécanisme provoquant l’apparition de cette pathologie. Une découverte qui ouvre la porte à de potentiels traitements.

Une perte de la vision nocturne, un champ visuel qui rétrécit (vision en «tunnel»), puis une difficulté à distinguer les couleurs ou des scintillements: voici les principaux symptômes qui apparaissent, généralement entre l’âge de 10 et 20 ans, chez les personnes souffrant de rétinite pigmentaire. Dans près de la moitié des cas, cette maladie génétique est héréditaire, c’est-à-dire transmise par les parents. Dans l’autre moitié des cas, elle est due à une mutation survenant sur l’un des cinquante gènes identifiés et impliqués dans son apparition.

«Affectant de façon progressive la vision, la rétinite pigmentaire peut, à terme, mener à la cécité, explique Corinne Kostic, responsable du groupe "Retinal disorder research" au Centre de recherche des sciences de la vue de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin (Service universitaire d’ophtalmologie de l’Université de Lausanne). La dégénérescence des cellules photosensibles ou photorécepteurs (qui captent la lumière et la convertissent en signal nerveux) dans le cas de la rétinite pigmentaire 28 (un des sous-types de la maladie) était jusqu’à présent mal comprise et ne bénéficie d’aucun traitement.»

Une structure qui s’écroule

Or pour comprendre la maladie, il faut d’abord savoir comment sont constitués ces photorécepteurs. Ces cellules de la rétine contiennent un empilement de disques portant des pigments photosensibles. Là, un cil de liaison agit comme une structure de soutien à toute cette machinerie essentielle au fonctionnement de la cellule. Dans ces cils, des protéines agissent telles une fermeture éclair pour assurer le maintien des éléments. «Mais des mutations sur les gènes de ces protéines peuvent provoquer un écroulement de la structure, ce qui mène à la dégénérescence, puis à la mort de la cellule», explique le Prof. Paul Guichard, chercheur au Département de biologie moléculaire et cellulaire de la Faculté des sciences de l’UNIGE et co-auteur d’une récente étude apportant un éclairage nouveau sur le fonctionnement des cils de liaison dans la rétinite pigmentaire de type 281.

Ces travaux ont été rendus possibles grâce à une imagerie de «super-résolution», la microscopie à expansion, développée en 2015 au Massachusetts Institute of Technology (États-Unis) et perfectionnée par l’équipe de l’UNIGE. «Cette technologie de pointe nous a permis de mieux comprendre le rôle des protéines dans le maintien de la structure des cellules de la rétine, ajoute le chercheur. La prochaine étape sera de dupliquer chez l’humain ces travaux menés pour l’instant uniquement sur la souris.»

Vers un potentiel traitement?

La compréhension des mécanismes de la rétinite pigmentaire ouvre la voie à de nombreuses pistes de recherche pour tenter de mettre au point un traitement. En collaboration avec le laboratoire du Prof. Paul Guichard et de la Dre Virginie Hamel (UNIGE), les équipes du Prof. Yvan Arsenijevic et de la Dre Corinne Kostic de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin tentent désormais de remplacer le gène muté par un gène sain, afin de rétablir la fonction des protéines et d’éviter l’effondrement de la structure cellulaire, voire de la réparer. «C’est ce qu’on appelle la thérapie génique de remplacement, explique la Dre Kostic. Cela est très prometteur, mais nous en sommes à un stade expérimental et de nombreuses questions restent encore en suspens.»

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1. Mercey O, Kostic C, Bertiaux E, et al. The connecting cilium inner scaffold provides a structural foundation that protects against retinal degeneration. PLoS Biol. 2022 Jun 16;20(6):e3001649.

Article repris du site  BienVu!

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