Une success story (in)ouïe
En 1985, on criait au miracle. En 2011, l’implant cochléaire est devenu une opération de routine. Chaque année aux HUG, une vingtaine de patients retrouve l’ouïe grâce à cette merveille de micro-technologie. A Genève, quelque 200 enfants vivent aujourd’hui avec un implant. Dans le monde, on compte environ 200'000 personnes implantées. « C’est une vraie success story ! », se réjouit le Pr Marco Pelizzone, physicien aux HUG et responsable du centre romand d’implants cochléaires. Il est d’autant plus fier de cette réussite que l’Hôpital genevois, en collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis), a joué un rôle pionnier dans l’élaboration de cette prothèse auditive électronique. L’implant cochléaire permet de retrouver la communication orale dans plus de 90% des cas de surdité profonde. Pour qu’il soit efficace, il suffit que le nerf auditif et les zones du cerveau qui traitent l’audition fonctionnent normalement, ce qui est le cas pour la grande majorité de surdités totales. |
Bien entendu, les 24 électrodes du dispositif ne restituent pas les sons avec la même finesse que les 3000 cellules nerveuses d’une cochlée saine.
Six octaves
Mais l’essentiel est là. Un patient implanté pourra communiquer avec son entourage – même si l’apprentissage peut prendre parfois plusieurs années, comme dans le cas d’un enfant sourd de naissance. En revanche, il lui sera plus difficile d’apprécier les subtilités d’un concerto de Mozart. « Contrairement à la musique, la parole couvre un signal à large bande, de 80 à 6000 Hertz. C’est six octaves sur un piano. Elle résiste donc très bien aux perturbations et déformations sonores », explique le Pr Pelizzone. Après la pose de l’implant, l’équipe des HUG accompagne le patient pour l’aider à utiliser au mieux sa nouvelle perception auditive. Elle assure son suivi médical, logopédique et psychologique. La plupart des enfants implantés peuvent être scolarisés à l’école ordinaire. Certains iront même à l’université. « Le bénéfice ne se mesure pas en comparant le patient à une personne dont l’audition est normale. Mais par rapport à sa situation de départ, celle d’une absence complète de communication orale », souligne le Pr Pelizzone.
En 1994, le centre des HUG est devenu officiellement le Centre romand d’implants cochléaires. En 2006, une antenne a été ouverte au service ORL du CHUV.
Source
Pulsations - juillet-août 2011 / Photos : Julien Gregorio / Phovea
Article original: http://www.hug-ge.ch/_library/pdf/Actualite_sante/Journale_Pulsations_07_2011/p08_13_DOSSIER.pdf