Une success story (in)ouïe

Dernière mise à jour 25/11/11 | Article
Oreille
Les HUG ont joué un rôle pionnier dans le développement des implants cochléaires. Cette invention rend possible la communication orale pour 90% des personnes atteintes de surdité totale.
Implant cochléaire
Implant cochléaire - échelle

En 1985, on criait au miracle. En 2011, l’implant cochléaire est devenu une opération de routine. Chaque année aux HUG, une vingtaine de patients retrouve l’ouïe grâce à cette merveille de micro-technologie. A Genève, quelque 200 enfants vivent aujourd’hui avec un implant. Dans le monde, on compte environ 200'000 personnes implantées. « C’est une vraie success story ! », se réjouit le Pr Marco Pelizzone, physicien aux HUG et responsable du centre romand d’implants cochléaires. Il est d’autant plus fier de cette réussite que l’Hôpital genevois, en collaboration avec le Massachusetts Institute of Technology (Etats-Unis), a joué un rôle pionnier dans l’élaboration de cette prothèse auditive électronique. L’implant cochléaire permet de retrouver la communication orale dans plus de 90% des cas de surdité profonde. Pour qu’il soit efficace, il suffit que le nerf auditif et les zones du cerveau qui traitent l’audition fonctionnent normalement, ce qui est le cas pour la grande majorité de surdités totales.

Bien entendu, les 24 électrodes du dispositif ne restituent pas les sons avec la même finesse que les 3000 cellules nerveuses d’une cochlée saine.

Six octaves

Mais l’essentiel est là. Un patient implanté pourra communiquer avec son entourage – même si l’apprentissage peut prendre parfois plusieurs années, comme dans le cas d’un enfant sourd de naissance. En revanche, il lui sera plus difficile d’apprécier les subtilités d’un concerto de Mozart. « Contrairement à la musique, la parole couvre un signal à large bande, de 80 à 6000 Hertz. C’est six octaves sur un piano. Elle résiste donc très bien aux perturbations et déformations sonores », explique le Pr Pelizzone. Après la pose de l’implant, l’équipe des HUG accompagne le patient pour l’aider à utiliser au mieux sa nouvelle perception auditive. Elle assure son suivi médical, logopédique et psychologique. La plupart des enfants implantés peuvent être scolarisés à l’école ordinaire. Certains iront même à l’université. « Le bénéfice ne se mesure pas en comparant le patient à une personne dont l’audition est normale. Mais par rapport à sa situation de départ, celle d’une absence complète de communication orale », souligne le Pr Pelizzone.

En 1994, le centre des HUG est devenu officiellement le Centre romand d’implants cochléaires. En 2006, une antenne a été ouverte au service ORL du CHUV.

Première mondiale aux HUG

Fin 2010, en première mondiale, l’équipe du Pr Jean-Philippe Guyot, médecin-chef du service d’ORL et de chirurgie cervicofaciale, a démontré la faisabilité d’un implant vestibulaire. De quoi s’agit-il ?
Le système vestibulaire gère la perception du mouvement et de l’orientation. Un dysfonctionnement de ce système provoque des pertes d’équilibre et perturbe la vision en mouvement. « Nous avons démontré qu’il est possible de générer des réflexes d’équilibre par un capteur de mouvement, placé sur la tête du patient, relié à un implant. A l’avenir, nous pourrons pallier la déficience vestibulaire et supprimer les symptômes typiques
de cette affection », indique le Pr Jean-Philippe Guyot

Source

Pulsations - juillet-août 2011 / Photos : Julien Gregorio / Phovea

Article original: http://www.hug-ge.ch/_library/pdf/Actualite_sante/Journale_Pulsations_07_2011/p08_13_DOSSIER.pdf  

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