Pourquoi ai-je du mal à respirer?

Dernière mise à jour 08/12/20 | Article
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Fragiles, nos poumons sont les seuls organes de notre corps à entrer directement en contact avec le milieu extérieur. Fumée, poussière, pollen et autres particules fines sont susceptibles de les agresser. A long terme, ces agressions peuvent entraîner des maladies pulmonaires ayant d’importantes répercussions sur notre capacité respiratoire. Le détail.

Essentielle à notre survie, notre respiration peut être mise à mal par des maladies ou des éléments irritants provenant de l’air ambiant. Pour que notre système respiratoire fonctionne correctement, les voies aériennes doivent être libres afin que les poumons puissent se remplir d’air à chaque inspiration. Les maladies qui entraînent une irritation, une obstruction des bronches et des alvéoles pulmonaires, ou des infections vont provoquer des perturbations au niveau de la ventilation des poumons. Les alvéoles pulmonaires doivent par exemple garder leur finesse et leur souplesse afin de pouvoir assurer les échanges gazeux entre l’air et le sang. Lorsqu’elles sont le siège d’inflammations, qu’elles se remplissent de sécrétions anormales (comme dans la pneumonie) ou que leurs parois s’épaississent à cause d’une fibrose, le passage de l’oxygène dans le sang et du gaz carbonique dans l’air est perturbé.

Le rôle de la musculature

De la même manière qu’une pompe doit disposer d’un moteur en bon état de marche pour fonctionner efficacement, les poumons doivent pouvoir compter sur le diaphragme, les muscles du thorax et ceux du cou pour écarter la cage thoracique, lui permettre de s’ouvrir et de se vider correctement. S’ils ne peuvent plus se contracter normalement, parce qu’ils sont affectés par une maladie ou parce que le cerveau ne peut plus leur en donner l’ordre, la respiration s’en ressent. Et ce même si, de leur côté, les bronches et les poumons sont parfaitement sains. Ainsi, certaines pathologies neuromusculaires ont un impact sur la ventilation pulmonaire (myasthénie, syndrome de Guillain-Barré, sclérose latérale amyotrophique, AVC). Sur le plan anatomique, une colonne vertébrale déformée peut aussi avoir une incidence sur les capacités respiratoires.

Les vaisseaux sanguins jouent également un rôle important dans la respiration, puisqu’ils assurent le bon fonctionnement des échanges gazeux. Il faut que le sang puisse arriver sans obstacle dans les poumons et dans chacune de leurs alvéoles. Si l’artère pulmonaire est obstruée, les parois des vaisseaux sanguins sont irritées ou compressées, les alvéoles pulmonaires ne seront plus irriguées. Le sang ne se chargera donc plus convenablement en oxygène. Ce gaz vital est véhiculé dans tous les tissus de l’organisme par les globules rouges, et plus précisément par l’une de leurs protéines, l’hémoglobine, sur laquelle il se fixe. Si cette dernière est anormale, en raison de maladies congénitales ou  dues à des parasites comme le paludisme, le sang perdra de sa capacité à transporter l’oxygène.

Aussi, certains troubles du métabolisme, comme l’obésité, peuvent avoir un impact sur la respiration. En effet, la graisse accumulée sur l’abdomen créé une charge importante sur le diaphragme qui peine à ouvrir ou fermer correctement les poumons. Elle oblige également les muscles intercostaux à faire de gros efforts pour assurer l’entrée de l’air dans les poumons.

Enfin, les maladies qui affectent nos reins peuvent elles aussi être en cause. Par exemple, en cas d’insuffisance rénale, les reins ne filtrent plus correctement le sang. L’eau en excès passe moins dans l’urine et s’accumule dans l’organisme, notamment dans les tissus pulmonaires.

Le rôle des polluants

Notre environnement et la qualité de l’air que nous respirons chaque jour ont bien évidemment une incidence sur notre respiration.Selon un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), neuf citadins sur dix vivent dans une atmosphère polluée. L’air qu’ils respirent est chargé de gaz toxiques et de particules fines qui pénètrent dans les bronches et dans les poumons. Il peut aussi contenir des particules issues des végétaux : les pollens. Ceux-ci provoquent des réponses immunes qui, elles, favorisent l’asthme allergique. Si les individus en bonne santé n’encourent pas de risque particulier à court terme, les personnes âgées, les enfants et ceux souffrant de troubles respiratoires peuvent voir leurs symptômes s’aggraver.

Enfin, le tabac est l’un des principaux ennemis des poumons. Sa fumée hautement cancérigène renferme beaucoup plus de particules fines que la pollution issue du trafic automobile. Du fait de leur taille et de leur forme, ces poussières irritent les bronches et engendrent des bronchites chroniques. Elles pénètrent également dans les alvéoles pulmonaires qu’elles irritent, au point de former des trous dans leur fine paroi. Celle-ci ne peut dès lors plus assurer correctement les échanges gazeux (emphysème). En plus d’être cancérigènes, les nombreuses molécules que renferme la cigarette peuvent induire des mutations génétiques de l’ADN qui conduisent au développement du cancer du poumon. Ces modifications du patrimoine génétique accélèrent le vieillissement des cellules, ce qui favoriserait l’émergence de la bronchopneumopathie chronique obstructive, ou BPCO.

Le saviez-vous?

Le filtre de notre nez retient les particules dont le diamètre est supérieur à 10 microns (10 millièmes de millimètres). Les autres passent entre les mailles du filet et irritent les bronches. Les conduits aériens se défendent en produisant une grande quantité de mucus qui est normalement éliminé par les cils vibratiles. Toutefois, s’ils sont très enflammés, ils perdent leurs petits filaments protecteurs. Les sécrétions visqueuses stagnent, au risque de bloquer les bronches ou d’entraîner des infections.

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*J’ai envie de comprendre la respiration, Elisabeth Gordon et Laurent Nicod, Ed Planète santé, 2019.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 38 – Octobre 2020

    

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