Les reins, précis comme un mécanisme d’horlogerie
Chaque rein – environ 150 g chacun – se compose d’un million de minuscules filtres appelés glomérules. Chaque minute, 1,5 litre de sang passe par ces organes qui produisent 120 ml de «filtrat glomérulaire», ou urine primitive. Ce filtrat est ensuite transformé en urine définitive, ajustée précisément aux besoins de l’organisme. Par exemple, l’ingestion d’une bonne fondue provoque une surcharge de plusieurs grammes de sel qui seront exactement éliminés par les reins pour garder constante la concentration en sel du sang. De même, une gastro-entérite qui empêche toute alimentation, tout en induisant une perte de liquide et de sel par les diarrhées, conduirait rapidement à la mort si le rein n’arrivait pas à empêcher toute perte de sel dans l’urine, ce qu’il fait avec une grande efficacité.
Imaginons que le rein se «trompe» et conserve chaque jour ¼ de gramme de sel en trop (comme c’est le cas dans l’insuffisance cardiaque par exemple). Ce sel, gardé dans l’organisme avec de l’eau, conduirait vite à la formation d’œdèmes, presque un litre par mois, soit 10 litres en une année! Et ¼ de gramme, ce n’est presque rien! Le comment de ces ajustements dépasse l’ambition du présent article, mais il faut savoir que d’autres minéraux sont soumis aux mêmes régulations fines : magnésium, potassium, calcium, phosphates, acides.
Bien des maladies peuvent perturber le fonctionnement de ces organes étonnants: inflammations des glomérules (glomérulonéphrites), atteinte du tissu de soutien des glomérules (néphrites interstitielles), infections (pyélonéphrites), obstruction des voies urinaires (calculs rénaux). Mais les deux plus grandes menaces sont le diabète, souvent lié à l’obésité, et l’hypertension artérielle. Dans le monde on assiste actuellement à une augmentation tout à fait alarmante d’insuffisances rénales provoquées par ces deux maladies de «civilisation». Il s’agit vraiment d’une pandémie.
Il est étonnant que les fonctions aussi complexes des reins puissent être remplacées par des méthodes somme toute assez simples dans leur principe – mais pas dans leur application – que sont l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. Ces méthodes permettent une survie de bonne qualité, au prix d’une stricte discipline et d’une dépendance à la machine. Malheureusement l’hémodialyse coûte très cher – environ 60 000 francs par an et par patient – et le nombre des dialysés augmente régulièrement, le traitement étant proposé à des patients de plus en plus âgés, qui souvent le supportent très bien. La transplantation rénale est la méthode de choix. Mais la liste d’attente est longue, la Suisse étant l’un des pays où les donneurs sont les plus rares.
Donc la prévention, applicable à chacun, est essentielle et capitale : garder un poids correct, mesurer la pression artérielle et suivre régulièrement un traitement si les valeurs sont élevées!
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