Crise émotionnelle: comment aider au mieux ceux qui en souffrent?

Dernière mise à jour 08/10/14 | Article
Crise émotionnelle: comment aider au mieux ceux qui en souffrent?
L’American Psychological Association (APA) vient de préciser les grandes lignes de la conduite à tenir face à cette urgence psychologique. Explications.

Qu’est-ce qu’une «crise émotionnelle»? C’est une entité qui peut prendre de multiples formes, allant de la crise dépressive à des troubles du comportement alimentaire, des excès d’alcool ou de produits psychotropes illicites, des automutilations ou des pensées suicidaires. Dans tous les cas, c’est une urgence psychologique, parfois vitale. Il est donc important de savoir reconnaître les premiers symptômes chez ceux qui nous entourent, proches ou moins proches.

Symptômes multiples

Un changement brutal dans le comportement est, la plupart du temps, le signe le plus précoce (ou du moins le plus visible) d’une «détresse émotionnelle». Ces changements de comportement peuvent prendre de multiples formes: négligence de l'hygiène personnelle, modifications radicales et dégradation des habitudes de sommeil, prise (ou perte) de poids brutale, changements inexpliqués dans l’humeur, plus grande irritabilité, crises de colère, d’angoisse ou de tristesse.

Ce peut être encore des baisses des performances physiques ou intellectuelles, un abandon progressif des activités et des relations de routine. Sous divers aspects, c’est l’installation d’une souffrance plus ou moins marquée, associée à une «asocialité». Généralement brusque, l’installation des symptômes peut aussi se faire dans la durée.

La mise au point de l’American Psychological Association (APA)1 rappelle, de manière utile, quelques principes de base pour gérer au mieux ce moment toujours délicat à traverser et à dépasser.

Intervenir au plus tôt

Que l’installation des symptômes soit rapide ou pas, il est toujours préférable d'intervenir au plus tôt. Différents modes d’intervention sont possibles. En résume, et de manière schématique, il convient:

 

  • de «prêter l'oreille» à ces changements;
  • de «tendre la main»;
  • de parler d'une manière positive sans porter de jugements;
  • de rester calme et faire preuve de plus d'«écoute» que de «conseils»;
  • d’apporter au mieux un soutien (toujours sans porter de jugements);
  • de s'en tenir autant que possible aux faits (et d’essayer de ne pas blâmer ou critiquer).

Aide du psychologue

Il est essentiel d’encourager la personne souffrante à rechercher l’aide d’un professionnel. Il faut trouver les moyens de faire comprendre que les psychologues (ou psychiatres) ont une formation qui leur permet de prendre en charge les problèmes émotionnels et comportementaux complexes.

Attention: c’est là une démarche qui peut être parfois très difficile et délicate. Les personnes suicidaires ne recherchent précisément pas le soutien de professionnels de l’écoute.

Urgence médicale

Face à une personne ayant des pensées suicidaires, l’APA rappelle plusieurs points essentiels:

  • la pensée suicidaire ne devient anormale, pathologique, que lorsque la personne perçoit dans le suicide la seule et unique solution aux problèmes qui l’assaillent;
  • les pensées suicidaires persistantes constituent une urgence médicale;
  • il ne faut jamais laisser seule une personne manifestement suicidaire.

Blocages émotionnels

Les signaux d’alerte de suicide restent cependant parfois très difficiles à percevoir pour les proches (comme, parfois, pour les médecins). De plus, les membres de la famille et les amis de la personne souffrante se retrouvent eux aussi dans une situation chargée d'émotion, avec de puissants blocages émotionnels. C’est pourquoi, au moindre doute, mieux vaut trouver les moyens (directs ou indirects) d’obtenir que la personne recherche (et trouve) rapidement l’aide d’un professionnel. Dans les cas manifestement les plus graves la contrainte peut s’imposer.

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1. Le résumé (en anglais) de la conduite à tenir selon l’AMA est disponible ici.

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