Le poids des émotions

Dernière mise à jour 11/07/22 | Article
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Derrière une silhouette opulente se cache la plupart du temps un rapport conflictuel à l’alimentation, voire un trouble du comportement alimentaire (TCA), comme la boulimie ou l’hyperphagie (compulsations alimentaires).

50%

Les troubles du comportement alimentaire sont présents dans plus de 50% des cas d’obésité.

Des troubles de l’humeur, anxieux ou des traumatismes (abus sexuels, maltraitance infantile, négligence parentale, par exemple) peuvent eux-mêmes être à l’origine d’un TCA. «Les personnes qui consultent chez nous ont déjà essayé beaucoup de choses pour perdre du poids, mais l’aspect psychologique reste souvent inexploré», indique Lydia Lanza, psychologue et psychothérapeute FSP à l’Unité d’éducation thérapeutique du patient des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Dès le premier entretien avec la ou le médecin, le rapport à la nourriture est questionné. Pour beaucoup, celle-ci ne sert pas uniquement à combler les besoins physiologiques, mais revêt une fonction émotionnelle. «La personne mange par exemple pour lutter contre un sentiment d’anxiété, pour soulager sa tristesse, pour diminuer les tensions internes, pour se sentir vivre ou à l’inverse pour mettre à distance son mal-être et se couper de ses émotions», explique la psychologue. Le temps et la place que la nourriture occupe dans la tête sont un signe d’alerte: «Certaines personnes pensent sans cesse à ce qu’elles vont manger, à la façon de se procurer l’aliment désiré, ou se mettent à cacher leurs accès compulsifs», illustre la spécialiste. Ce rapport quasi addictif à la nourriture entraîne immanquablement des kilos supplémentaires sur la balance, mais aussi beaucoup de culpabilité et de souffrance.

La prise en charge multidisciplinaire implique un travail sur le comportement alimentaire. «Il s’agit d’une découverte de soi guidée au cours de laquelle les psychologues aident patientes et patients à explorer leur lien à la nourriture et à mettre des mots sur leur ressenti», note la psychologue. L’approche, fondée sur les thérapies cognitives et comportementales, invite à l’auto-observation: manger en pleine conscience, se connecter à ses sensations, identifier les émotions qui déclenchent l’envie de manger, mettre en place des stratégies différentes. En fonction des problèmes rencontrés, une psychothérapie individuelle peut être proposée.

L’art-thérapie offre également un espace précieux pour accéder à ses émotions, comme l’explique Cristina Anzules, art-thérapeute à l’Unité d’éducation thérapeutique du patient des HUG: «L’obésité est une maladie dans laquelle le corps exprime une souffrance. Par le biais de la matière (peinture, terre), l’art-thérapie donne forme aux émotions et sensations, mais aussi à son monde imaginaire pour appréhender son vécu autrement.»

Luc, 25 ans: «Aujourd’hui, j’ai à nouveau un IMC dans la norme»

«J’avais pris du poids ces dernières années. Je ne faisais pas attention à ce que je mangeais. À cela s’ajoutait le stress des études. Et puis, j’avais de la peine à entrer en contact avec les autres. J’avais l’impression de ne pas les intéresser à cause de mon surpoids. Mon médecin de famille, voyant que j’avais de l’hypertension et d’autres problèmes de santé, m’a suggéré de m’adresser aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Étant encore jeune, je trouvais important de me prendre en main. Grâce à ma diététicienne référente, j’ai appris à manger plus varié et équilibré, à contrôler les quantités et à écouter mes sensations de faim et de satiété. J’ai développé mes goûts et j’apprécie davantage la nourriture saine désormais. En complément, j’ai repris une activité physique – marche et natation –, ce qui m’a permis de perdre du poids. Aujourd’hui, j’ai à nouveau un IMC dans la norme.»

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Article repris du site  pulsations.swiss

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