Cancer: traitement de chimiothérapie
Un article du Centre du cancer (CHUV) |
La chimiothérapie, qu’est-ce que c’est?
Le terme de chimiothérapie fait référence à diverses familles de médicaments:
Les médicaments contre les tumeurs peuvent être administrés sous forme orale ou sous forme d’injections ou de perfusions. Celles-ci nécessitent une prise en charge soit ambulatoire (la journée), soit hospitalière (de 2 à plusieurs jours).
Ces médicaments empêchent les cellules tumorales de se multiplier, ce qui entraîne dans le meilleur des cas leur destruction, quel que soit l’endroit où elles apparaissent dans le corps. Nous disposons à l’heure actuelle de plus de 60 médicaments, ils sont utilisés soit seuls (chimiothérapie exclusive, poly chimiothérapie ou chimiothérapie combinée), soit en combinaison avec la radiothérapie (radio chimiothérapie) ou la chirurgie.
Dans le cadre d’un traitement combiné avec la chirurgie, les chimiothérapies peuvent être prescrites:
- avant l’opération dans le but de réduire la taille de la tumeur, la rendre plus facile à opérer et conserver la fonction de l’organe atteint, on parle de chimiothérapie néo-adjuvante ou pré-opératoire.
- après l’opération pour prévenir les récidives, on parle de chimiothérapie adjuvante.
Les doses de chimiothérapies prescrites peuvent varier selon le but recherché. La chimiothérapie peut être:
- à faible dose dans le cadre d’un traitement palliatif
- à dose curative
- à haute dose ou intensive.
La chimiothérapie à haute dose ou intensive est une modalité de traitement récente qui prévoit de très fortes doses de médicaments pour augmenter les perspectives de rémission complète de la maladie (myélome, certaines leucémies, lymphomes). Souvent, un «sauvetage» par transfusion de moelle osseuse (cellules précurseurs du sang) est ensuite nécessaire pour rétablir les défenses immunitaires du patient. Ce traitement nécessite une hospitalisation relativement longue mais offre, pour certains cancers, de meilleures chances de guérison.
L’hormonothérapie peut limiter la croissance des tumeurs dites hormonodépendantes ou en favoriser la destruction. L’organisme humain produit naturellement des hormones qui s’ancrent sur les récepteurs que possèdent les cellules de certains organes, et qui favorisent ainsi leur croissance. On peut imaginer que l’hormone, par exemple, la testostérone, fait office de clé qui, engagée dans la bonne serrure (le récepteur sur les cellules de la prostate), permet d’«ouvrir la porte», c’est-à-dire de stimuler la croissance des cellules prostatiques. L’exemple est aussi valable pour les cellules mammaires, dont la croissance est stimulée par les oestrogènes.
L’hormonothérapie est donc le plus souvent une thérapie antihormonale, puisque son objectif est d’abolir les effets biologiques d’une hormone à laquelle la tumeur est sensible. On parle de tumeur hormonosensible quand les cellules tumorales possèdent en surface les récepteurs à une hormone donnée; cela concerne surtout certains cancers du sein, de l’utérus ou de la prostate.
Certains médicaments occupent les récepteurs et l’hormone ne peut s’y fixer. Le tamoxifène, prescrit dans certains cancers du sein, agit de cette façon-là.
D’autres médicaments empêchent l’organisme de fabriquer l’hormone. Ils agissent au niveau de l’organe responsable de la fabrication (par exemple, les testicules, qui produisent la testostérone), mais aussi au niveau de la commande de fabrication (la synthèse des hormones est pilotée par deux glandes localisées près du cerveau: l’hypothalamus et l’hypophyse).
Finalement, certains médicaments diminuent les quantités d’hormones en circulation dans le sang.
L’hormonothérapie est administrée soit seule, soit en association avec d’autres traitements. Les effets indésirables sont moins prononcés que lors d’un traitement avec un agent cytostatique et peuvent se manifester par des bouffées de chaleur, des maux de tête et des troubles du sommeil qui s’atténuent en général en cours de traitement. L’hormonothérapie s’administre souvent durant plusieurs mois, voire des années.
L’immunothérapie consiste à administrer des substances qui modulent les défenses immunitaires (immunomodulateurs) telles les interférons et les interleukines. Ce traitement vise à stimuler les moyens par lesquels l’organisme se défend contre les cellules cancéreuses. Détériorées, celle-ci sont alors éliminées.
Pour certaines tumeurs des «vaccins» ont été développés, par exemple pour le mélanome malin cutané. Le terme de vaccin, cependant, ne désigne pas un traitement préventif, comme ce terme pourrait le suggérer.
Les anticorps monoclonaux constituent une alternative thérapeutique ou peut compléter un traitement de chimiothérapie (cytostatiques) pour certains types de tumeurs. Un anticorps est une protéine spécialisée qui reconnaît un antigène (qui est également une protéine), située à la surface d’une cellule comme une épine sur un hérisson. L’anticorps est capable de s’ancrer sur l’antigène, selon le principe de la clé et de la serrure évoqué plus haut (chapitre sur les hormonothérapies). Cette «association» déclenche une série de réactions biologiques qui mènent au blocage ou à la destruction de la cellule porteuse de l’antigène.
«Monoclonaux» signifie que les anticorps descendent tous d’une seule et unique cellule, donc qu’ils sont parfaitement identiques. Aujourd’hui, il existe des traitements avec des anticorps monoclonaux pour certains types de lymphomes, de cancers du sein et du côlon. Cette stratégie de traitement est récente, les médecins n’en connaissent pas encore toutes les modalités, qui font encore l’objet de recherches.
Quels sont les effets indésirables de la chimiothérapie?
La chimiothérapie a un inconvénient: elle ne fait pas la différence entre les cellules malades et les cellules saines. Ainsi, les médicaments empêchent aussi provisoirement la multiplication des cellules de l’organisme à croissance particulièrement rapide, telles que:
- les cellules de la moelle osseuse qui donnent naissance aux globules blancs (leucocytes - défenses immunitaires), aux globules rouges (érythrocytes - transport de l’oxygène) et aux plaquettes (thrombocytes - rôle dans la coagulation),
- les cellules des muqueuses (bouche, estomac, organes génitaux),
- les cellules du système pileux qui donnent naissance aux cheveux, sourcils et autres poils.
De ce «manque de discernement» résulte un certain nombre d’effets indésirables. Néanmoins, les cellules saines de l’organisme ont une capacité de régénération supérieure à celle des cellules cancéreuses. Le traitement agit donc davantage sur les cellules malades que sur les cellules saines.
L’apparition des effets indésirables sont dépendants de plusieurs facteurs:
- le médicament lui-même: chaque substance a des effets indésirables généraux et spécifiques. Vous ne souffrirez pas de tous les effets indésirables potentiels
- les doses administrées
- la tolérance individuelle au médicament
- l’état général.
Lorsque les effets indésirables dépassent votre seuil de tolérance, votre oncologue peut soit – si le type de tumeur le permet – prescrire un autre cytostatique, soit réduire la dose initiale afin de déterminer celle que votre organisme peut supporter. Des médicaments sont systématiquement prescrits pour prévenir certaines manifestations désagréables, les nausées par exemple. Il est donc essentiel de les prendre selon les instructions reçues.
Au cours des dernières années, la recherche et les soins médicaux ont concentré leurs efforts sur la réduction maximale des effets indésirables. Les oncologues peuvent de mieux en mieux évaluer les risques propres à chaque patient et en tenir compte - autant que faire se peut - dans la planification du traitement. Mais il n’est guère possible d’éliminer tous les phénomènes secondaires désagréables. Le dialogue avec votre médecin vous aidera à peser les inconvénients que vous pouvez ou voulez accepter en regard du bénéfice potentiel du traitement.
L’expérience a démontré que l’état d’esprit, l’attitude face à la maladie influencent aussi la tolérance à la thérapie. Souvent, le seul mot «chimiothérapie» déclenche des peurs, partiellement fondées, et des sentiments négatifs dus à des informations inexactes, incomplètes ou encore dépassées. Si vous avez des préoccupations, n’hésitez pas à en faire part à votre équipe soignante et à poser toutes les questions qui vous inquiètent.
Il est particulièrement important qu’une relation de confiance vous lie à l’équipe soignante. Peut-être aurez-vous besoin en plus d’un soutien psychologique professionnel. Dans ce cas, votre médecin vous donnera toutes les informations nécessaires à ce propos.
Rien ne sert d’attendre
Il est indispensable que votre médecin vous informe des effets indésirables qui risquent de vous affecter. Au moindre doute, n’attendez pas la consultation suivante, téléphonez immédiatement. C’est la meilleure manière de remédier à certains inconvénients peut-être en partie évitables, avant qu’ils ne s’aggravent.
L’idée de recevoir une chimiothérapie m’inquiète. Je suis tenté(e) de la refuser. Y a-t-il d’autres solutions?
Vous avez naturellement la possibilité de demander un deuxième avis à un autre médecin.
Et vous avez toujours la possibilité de refuser un traitement, en fonction des dispositions sur le consentement libre et éclairé du patient: "Le patient capable de discernement a le droit de refuser des soins, d'interrompre un traitement ou de quitter un établissement sanitaire s'il le souhaite (articles 23 et 23c de la loi du 29 mai 1985 sur la santé publique)."
Dans ce cas, le professionnel de la santé peut vous demander de confirmer votre décision par écrit. Il vous informera des risques que votre décision vous fait courir et c’est vous qui les assumerez.
Pour en savoir plus sur les droits des patients, vous pouvez consulter le site www.sanimedia.ch
Comment se déroule un traitement de chimiothérapie?
Certaines chimiothérapies peuvent se faire de manière ambulatoire. D’autres nécessitent une hospitalisation.
Article original: http://www.cancer-chuv.ch/ccl_home/ccl_traitements/ccl_cancer_traitements_page/ccl_traitement_chimiotherapie-page.htm