Cancer du sein: moins de chimiothérapie

Dernière mise à jour 30/11/20 | Article
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Grâce à la signature génomique de la tumeur, 40 % des chimiothérapies sont aujourd’hui évitées. Du dépistage au suivi thérapeutique, le Centre du sein des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) propose toutes les prestations dans le domaine du cancer du sein.

Aujourd’hui, le cancer du sein demeure celui qui touche le plus les femmes (6200 nouveaux cas en Suisse l’an dernier), mais la mortalité baisse régulièrement et la Suisse se place parmi les pays présentant le meilleur pronostic avec une survie de 85 % à 5 ans. Les raisons? «La généralisation du dépistage, une meilleure compréhension des cancers du sein et l’amélioration des traitements», répond le Dr Alexandre Bodmer, médecin adjoint, chef du Centre du sein des HUG. Une note positive concerne en particulier la chimiothérapie. «Grâce à la signature génomique de la tumeur, nous avons réduit de 40 % les indications de chimiothérapie. Ceci a pour conséquence la réduction des effets secondaires à moyen et long terme. Actuellement, les efforts sont portés sur la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques, permettant de développer des traitements spécifiques encore plus efficaces, plus personnalisés», explique l’oncologue.

Autre exemple avec l’avancée majeure qu’a représenté le développement de l’immunothérapie pour les cancers du sein dits HER2+. «Elle a révolutionné la prise en charge de ce type de cancer, présentant un taux anormalement élevé de récepteurs HER2 (environ 15 % des cancers du sein), en diminuant fortement le risque de récidive», précise le Dr Bodmer.

Combinaison de traitements

Au stade précoce, la chirurgie demeure cependant le traitement standard et reste incontournable dans une prise en charge curative du cancer du sein. Spécificités des HUG: la radio-thérapie-intraopératoire et la possibilité de reconstruction mammaire à partir de tissus autologues (prélevés sur la personne), par les spécialistes du Service de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique. Toutefois, la chirurgie est rarement suffisante à elle seule. D’autres traitements doivent la compléter: radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie, hormonothérapie.

La combinaison de ces divers traitements dépend du stade d’évolution du cancer et de ses caractéristiques. D’ailleurs, il n’y a pas un cancer, mais des cancers du sein. On en distingue aujourd’hui quatre sous-types moléculaires. «L’analyse du tissu tumoral par les pathologistes permet d’établir une carte d’identité de la tumeur. Sa taille, l’atteinte ou non des ganglions axillaires, le taux de prolifération cellulaire, entre autres, vont compléter cette évaluation. Tous ces éléments sont ensuite discutés au Centre du sein entre spécialistes, lors de réunions appelées tumor board, afin de proposer une stratégie thérapeutique personnalisée», rappelle l’oncologue.

Après les traitements actifs, la prise en charge se poursuit. «Une fois en rémission, on ne tourne pas la page du jour au lendemain. L’accompagnement des patientes tant au niveau des répercussions physiques que psychologiques des traitements est important. Des approches alternatives comme l’activité physique adaptée, l’hypnose ou la méditation de pleine conscience sont proposées », relève le Dr Bodmer. En plus des contrôles cliniques réguliers, une mammographie et échographie sont organisées une fois par an. «L’objectif de ce suivi est de pouvoir agir sur les éventuels effets secondaires et dépister les symptômes évocateurs d’une récidive. Environ 30 % des cancers précoces récidivent malheureusement soit localement, soit sous forme de métastases à distance», explique le Dr Bodmer.

Dépistage et facteurs de risque

Et le dépistage? Il est essentiel et concerne toutes les femmes entre 50 et 74 ans. Il consiste en une mammographie tous les deux ans. Le Dr Bodmer insiste sur l’importance d’une telle stratégie: «75 % des cancers du sein n’induisent pas de symptômes. Il faut donc les dépister radiologiquement, car les chances de guérison sont nettement meilleures à un stade précoce de la maladie. Ceci permet de réduire non seulement la mortalité liée au cancer du sein, mais aussi l’impact des traitements.» À la fin de l’année, les HUG disposeront d’un deuxième mammographe, améliorant encore la qualité de la prise en charge.

Cependant, 20 % des cancers du sein touchent des femmes de moins de 50 ans. «En cas d’anomalie observée au niveau d’un sein, il est important que celles-ci consultent leur gynécologue», conseille le Dr Bodmer. Côté prévention? Certains facteurs de risque, liés à notre mode de vie, comme la surcharge pondérale après la ménopause ou la consommation régulière et excessive d’alcool, augmentent le risque de cancer du sein, alors que la pratique d’exercice physique régulière le diminue de 20 à 30 %.

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Article repris du site  pulsations.swiss

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