L'amputation

Dernière mise à jour 29/07/11 | Article
Prothèse de la jambe
L'amputation se révèle parfois inévitable. Quelles sont les causes de l'amputation? Comment se déroule l'intervention? Quels sont les soins après l'opération? Explications.

Quelles sont les causes d'une amputation?

Les principales causes sont:

  • Les maladies:
    L’insuffisance artérielle des membres inférieurs: ce sont les artères de gros et moyen calibre qui sont rétrécies ou bouchées. Il n’y a alors plus suffisamment de sang et d’oxygène qui parviennent à l’extrémité du membre. Le diabète et le tabac en sont les principales causes.
    Certaines infections osseuses ou des tissus
    Certaines tumeurs
  • Les accidents: De la route, du travail, domestiques...

Comment va-t-on déterminer le niveau de votre amputation?

Le niveau de votre amputation va dépendre de plusieurs éléments:

  • de la qualité de vos artères. En effet, si le sang n’arrive pas correctement jusqu’au niveau d’amputation décidé, la cicatrisation ne se fera pas.
  • de la sévérité de votre infection, de l’importance de la destruction des tissus
  • de vos besoins, de votre autonomie antérieure et de vos capacités ultérieures à utiliser une prothèse.

L’indication de l’amputation est toujours discutée avec vous et l’équipe soignante, de façon à vous aider à prendre cette décision.

Selon les causes, l’amputation va permettre de stopper le foyer infectieux, d’enlever la tumeur et de retirer les tissus non vivants. Elle améliore votre état général et votre qualité de vie. La réadaptation qui suit vous aide à retrouver la meilleure autonomie possible.

équipe des HUG autour d'un patient ayant subi une amputation

L'intervention chirurgicale

Quels examens allez-vous avoir avant l'amputation?

L’amputation est rarement une urgence sauf en cas d’infection non contrôlable ou dans certains types de traumatisme.

Des examens seront pratiqués:

  • prise de sang 
  • radiographie 
  • bilan angiologique (artériographie)
La veille de l'intervention

Une fois le jour de l’amputation fixé, vous recevrez la visite de l’anesthésiste. Il discutera avec vous de vos maladies, votre traitement, vos allergies. Il vous proposera le type d’anesthésie le mieux adapté à votre situation, en fonction de votre état de santé, du niveau d’amputation et de vos souhaits. Il vous informera du déroulement de l’intervention. N’hésitez pas à lui poser vos questions ou lui confier vos craintes.

Le chirurgien signera, lors de sa visite, le membre à opérer, afin de garantir l’exactitude du côté à opérer.

Le jour de l'intervention

Votre identité et votre dossier seront vérifiés avant votre départ pour le bloc opératoire. La durée de l’intervention varie selon le niveau d’amputation.

Après avoir enlevé la partie malade de votre membre, le chirurgien utilise les muscles et la peau afin de former votre moignon (extrémité de l’os amputé).

L’intervention dure en général de 1h30 à 2h.

La plupart du temps, la plaie du moignon sera fermée. Parfois, elle sera laissée ouverte notamment s’il y a une infection. Elle sera alors fermée secondairement lors d’une nouvelle intervention. Ensuite, le moignon est recouvert d’un pansement.

Après l’intervention, vous resterez quelques heures en salle de réveil avant de revenir dans l’unité.

Vais-je avoir mal après l'opération?

Deux types de douleur peuvent être observés:

  • des douleurs au niveau du site opéré (douleur du moignon). Ces douleurs répondent généralement bien aux antalgiques («antidouleurs») habituels.
  • des douleurs fantômes générées par les nerfs qui ont été sectionnés (douleurs neurogènes). Elles sont traitées par des médicaments comme les neuroleptiques (médicaments exerçant une action calmante sur le système nerveux).

Elles se présentent comme des douleurs réelles qui sont projetées et ressenties dans le membre du corps absent. L’intensité, la fréquence et la durée sont variables d’une personne à l’autre.

Il est important de traiter la douleur car elle peut être responsable de tension musculaire, de perte d’appétit et de déprime si elle n’est pas correctement prise en charge.

Les douleurs fantômes sont fréquentes, mais seules quelques personnes en sont vraiment affectées. Si vous ressentez des douleurs, parlez-en à votre médecin et, si nécessaire, des spécialistes de la douleur interviendront.

Quels soins apporter après l'opération ?

Les soins au moignon

Le premier pansement est réalisé 24h après l’opération, puis en général tous les deux jours suivant l’évolution de la cicatrisation. S'il y a un drain, il est enlevé dans les jours suivants. L’ablation des fils se fait 15 à 20 jours plus tard.

Dans l’intervalle, il faut faciliter la cicatrisation et la résorption de l’œdème. Pour cela, l’équipe vous expliquera quelle est la position du moignon la plus adaptée dans le lit et au fauteuil.

Après quelques jours, un bandage du moignon est réalisé.

 Le but du bandage de moignon est de:

  • protéger la cicatrice et le moignon
  • diminuer l’hématome
  • favoriser la cicatrisation
  • favoriser le retour veineux et donc la résorption de l’œdème
  • modeler le moignon et lui donner une forme conique
  • favoriser la mise en place de la prothèse.

Dans un premier temps, le bandage de votre moignon sera effectué par un soignant, puis la technique du bandage vous sera enseignée au cours de votre rééducation. Il est important de bien la maîtriser, puisque vous ferez vous-même le bandage à domicile.

Traitement du moignon

Quand votre moignon sera cicatrisé, vous pourrez le nettoyer, au minimum une fois par jour, avec un savon de préférence non parfumé à cause du risque d’allergie. Ensuite, il suffira de rincer abondamment et de sécher soigneusement la peau. Vous pourrez également appliquer une crème hydratante non grasse.

Les massages peuvent être bénéfiques lors de sensation douloureuse ou d’inconfort, ainsi que pour le bien-être ressenti (par exemple lors de l’application de votre crème hydratante, comme sur les autres parties de votre corps).

Les massages peuvent être bénéfiques lors de sensation douloureuse ou d’inconfort, ainsi que pour le bien-être ressenti (par exemple lors de l’application de votre crème hydratante, comme sur les autres parties de votre corps).

Les soins à l'autre pied

L'autre pied est encore plus précieux et nécessite une surveillance adaptée et régulière, d’autant plus importante si vous avez une maladie diabétique ou artérielle. Au moindre doute, vous devez consulter votre médecin traitant sans attendre.

Un enseignement pratique et une documentation vous seront proposés avant votre départ à la maison, ainsi que des conseils pour votre chaussage.

Quand vais-je débuter la physiothérapie?

Dès l’annonce de votre amputation, il vous expliquera les différentes étapes de votre réadaptation.

Puis il vous proposera de nombreux exercices visant à développer votre aisance lors des transferts de votre lit vers la chaise roulante, qui sera nécessaire pendant les premières semaines.

Vous entraînerez avec lui la force de vos bras ainsi que le membre du côté opposé à l’amputation.

Les démarches administratives pour la prise en charge de votre prothèse définitive seront faites à cette période, en collaboration avec le service social de l’unité.

Selon l’évolution de votre moignon et selon l’avis de votre chirurgien, le physiothérapeute mettra en route la confection de votre première prothèse et vous transmettra toutes les informations nécessaires à sa bonne utilisation.

D’autres exercices d’équilibre et de marche vous seront proposés, ils ont pour objectif de vous aider à retrouver une autonomie optimale.

Qu'est-ce qu'une prothèse?

Vos lunettes ne sont pas vos yeux, mais elles vous permettent de voir: une prothèse n’est pas votre jambe, mais elle vous permet de marcher!

Que va-t-on vous proposer comme prothèse et de quoi sera-t-elle composée? Selon le niveau d’amputation, la prothèse sera plus ou moins importante.

Une amputation au-dessus du genou impose une prothèse avec articulation du genou, une cheville et un pied alors qu’une amputation au-dessous du genou se contente d’une cheville et d’un pied, voire d’un pied seulement.

Mais toutes les prothèses ont un point commun: une emboîture sur mesure, parfaitement adaptée au segment du membre restant.

Pour chacun de ces éléments, il existe une grande variété de pièces, de techniques et de matériaux.

La meilleure prothèse sera toujours celle qui sera la mieux adaptée pour vous.

Différents types de prothèses

Elle dépend de:

  • votre niveau d’amputation
  • votre âge ou potentiel physique
  • vos souhaits d’activité ou de loisir.
Photo des membres inférieurs d'un patient avec une prothèse

Le rôle de votre prothésiste consiste à:

  • vous expliquer lors d’un entretien les possibilités d’appareillage, vous aider dans vos choix et, éventuellement, vous faire essayer certains éléments de votre prothèse, pour trouver le meilleur compromis
  • fabriquer et adapter votre prothèse.
Reprise de la marche

Il vous informera des dernières évolutions techniques. Combien de temps vous faudra-t-il pour retrouver le maximum de votre potentiel et de confort dans la marche?

Pendant une année environ votre moignon va changer de volume, l’oedème post-opératoire disparaître, la musculature se modifier. Ces changements vous imposeront des visites régulières chez votre prothésiste afin de réadapter votre prothèse à ces variations.

Pendant cette période, vous connaîtrez des jours où tout va bien, moments où vous pourrez imaginer ce que seront vos possibilités dans quelques mois, mais également des moments de grand inconfort, nécessitant une réadaptation de votre prothèse. C’est normal: votre membre varie et votre prothèse doit être adaptée pour suivre ces modifications, mais rassurez-vous tout se stabilise rapidement. Le temps est un élément incontournable et il ne sert à rien de vouloir le bousculer.

Une prothèse demande un entretien et un nettoyage particuliers. Toutes ces informations vous seront données par votre prothésiste.

Vivre une amputation

L’annonce d’une amputation est un événement bouleversant

Si vous êtes sur le point de subir une amputation ou venez d’être amputé, vous ne savez peut-être pas à quoi vous attendre.

Vous allez peut-être ressentir toutes sortes d’émotions comme un état de choc, de la colère, ou un sentiment de tristesse.

Il n’existe pas de bonne ou de mauvaise réaction. Ce que vous allez ressentir et exprimer va vous permettre de faire le deuil de ce que vous étiez «avant» et vous aider à envisager ce que vous souhaitez être «maintenant».

Cette épreuve est comparable à un processus de deuil*, avec plusieurs étapes successives mais pas forcément chronologiques.

Le choc: vous vous dites peut-être «non, ce n’est pas possible, je ne peux pas y croire…»

La colère, révolte: qui se manifeste par de la colère, de l’agressivité envers les proches, les soignants…

La négociation: ou «marchandage» qui est une tentative d’échapper à la situation ou de retarder le déroulement des événements parce que ceux-ci vous paraissent inconcevables ou insurmontables.

La tristesse: cette période peut s’accompagner de pleurs, d’une prise de conscience du caractère inéluctable de la situation, de la perte.

L’acceptation: il s’agit finalement de l’acceptation de la situation, l’intégration de la perte de votre membre, vous apprenez à «vivre avec».

Quels que soient vos sentiments, émotions, l’équipe soignante sera à vos côtés pendant toute votre hospitalisation et après votre sortie, n’hésitez pas à lui parler de ce que vous traversez.

Et l'image de mon corps?

L’image du corps, ou image corporelle*, est la représentation mentale que vous avez de votre propre corps, liée à vos expériences, vos valeurs, jugements…

Cette représentation est étroitement liée à la perception et aux sentiments que vous éprouvez à l’égard de votre corps, ainsi qu’à l’estime que vous avez de vous-même.

Lors d’une amputation, votre image corporelle est modifiée.

Ce changement dans l’image que vous avez de vous-même peut être plus ou moins difficile à accepter, une consultation avec une infirmière spécialisée en image corporelle vous sera proposée.

A la fin de votre séjour hospitalier et selon votre degré d’indépendance, le retour à domicile sera organisé. Si un complément de rééducation s’avère nécessaire, nous étudierons ensemble la meilleure solution. Un ergothérapeute* interviendra pour vous aider à préparer votre sortie et votre retour à la maison.

Au cours d’un entretien dans l’unité et d’une visite chez vous en votre compagnie, il évaluera et vous conseillera sur les moyens auxiliaires et aménagements de votre lieu de vie qui seront nécessaires à votre indépendance

  • fauteuil roulant
  • planche de bain
  • pince à long manche, etc.

En collaboration avec votre entourage et les autres intervenants du service (physiothérapeute, assistante sociale, infirmière de liaison…), il vous accompagnera dans les différentes démarches pour vous procurer ce matériel. Si son intervention n’a pas été possible au cours de votre hospitalisation, vous pouvez vous adresser à la FSASD* ou auprès de cabinets d’ergothérapie indépendants pour bénéficier des mêmes prestations.

Si une aide à domicile est nécessaire, elle sera organisée avec vous à ce moment-là. Selon la complexité des démarches administratives, une assistante sociale et/ou un organisme spécialisé pourront vous aider. Un rendez-vous sera fixé avec l’équipe (médecin, physiothérapeute, prothésiste) 15 jours après votre sortie de l’hôpital, à la consultation externe des personnes amputées. Cette consultation sera à votre disposition pour toute question ou besoin concernant votre amputation et votre appareillage.

Préparation du retour à domicile

L’adoption d’un mode de vie sain et les soins apportés aux membres inférieurs sont des facteurs importants du succès de votre intervention et de la prévention des complications.

Par mode de vie sain, on entend une consommation de tabac ou d’alcool la plus modérée possible, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.

Tabac

Le fait d’arrêter le tabac va permettre d’améliorer les troubles de l’irrigation sanguine.

Le risque d’une nouvelle amputation diminuera après 1 à 2 ans déjà.

Si, pour vous, stopper le tabac est difficile, vous pouvez vous faire aider. Parlez-en à votre médecin et à l’équipe infirmière, l’hôpital dispose d'infirmières spécialistes cliniques en tabacologie et d'une consultation spécialisée en désaccoutumance au tabac.

Alimentation équilibrée

Si vous suivez un régime alimentaire, suivez-le scrupuleusement.

Si vous n’avez pas de régime, surveillez tout de même votre alimentation, mangez équilibré: moins de graisses, de sucres, d’alcool… vous éviterez ainsi l’augmentation des problèmes cardiovasculaires.

Conservez un poids stable, une prise de poids pouvant se répercuter sur votre moignon et donc votre prothèse.

Une diététicienne peut vous aider si vous le souhaitez.

Le fait d’être amputé ne vous empêchera pas d’être à nouveau actif, de sortir avec des amis…

Vie quotidienne

Une prothèse (même simple) permet d’accomplir pratiquement tous les besoins de la vie courante.

Conduire ma voiture

Selon votre situation, une voiture adaptée ou à transmission automatique vous permettra de conduire.

Mes activités sportives

La plupart des sports restent plus ou moins accessibles, selon le niveau de l’amputation. Quelques-uns demandent une prothèse spécifique, tel que le jogging, le ski alpin, la plongée…

Vie professionnelle

Des organismes spécialisés dans la réorientation et la réinsertion professionnelle pourront vous aider.

Source

Brochure d'information aux patients Vivre une amputation des réponses à nos questions, publication des Hôpitaux Universitaires de Genève

 

Article original: http://www.hug-ge.ch/_library/pdf/Actualite_sante/Amputation.pdf

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