Les effets pervers des statines
Les statines, on les prescrit depuis plus de vingt ans contre l’hypercholestérolémie, facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires. Cette classe de médicaments, pas chers et efficaces, est destinée à faire baisser le taux de mauvais cholestérol (ou LDL).
«L’accumulation de LDL dans les artères les encrasse avec le temps. Elles rétrécissent, avec les conséquences que l’on connaît: infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral», rappelle le professeur François Mach, chef du service de cardiologie des Hôpitaux universitaires de Genève.
La levure de riz rouge aux oubliettes
En mars dernier, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a interdit la vente de levure de riz rouge en Suisse. Cette substance, qui n’est pas homologuée comme médicament, contient une statine naturelle (la monacoline K), mais les informations lacunaires sur la concentration de ce produit et ses possibles effets toxiques doivent susciter la plus grande méfiance. Cela d’autant plus qu’«aucune étude scientifique n’a démontré son impact (positif ou négatif) sur l’hypercholestérolémie. Mieux vaut donc s’abstenir», conclut François Mach.
Alimentation trop grasse
Régulièrement la cible de critiques, les statines refont parler d’elles. Selon une étude parue dans la revue scientifique JAMA Internal Journal d’avril, et réalisée sur la base d’une grande enquête nationale américaine (National Health and Nutrition Examination Survey), les personnes sous statines font, avec le temps, moins attention à leur alimentation que celles qui n’en prennent pas. Disciplinées en début de traitement, elles se montrent, dix ans plus tard, beaucoup moins vertueuses que le groupe qui n’en prend pas. En raison d’une alimentation nettement plus grasse et plus calorique, ces patients ont vu leur indice de masse corporel (BMI) augmenter.
Que penser de ce résultat? «C’est un paradoxe, répond François Mach. Il est vrai pourtant qu’une partie de la population sous statines ne modifie pas son hygiène de vie, se croyant protégée, ce qui n’est pas totalement faux d’ailleurs.» Mais le surpoids qui résulte d’un mauvais comportement alimentaire conduit à une augmentation du risque d’obésité, de diabète, d’hypertension, et donc de problèmes cardiaques. «D’où l’importance, avant toute prescription, de préconiser d’abord des changements dans l’hygiène de vie», souligne le spécialiste. Car l’excès pondéral, la sédentarité et le tabac ne sont non seulement pas propices au bon cholestérol, mais font également courir le risque d’autres maladies, comme le cancer.
Le constat de cette étude discrédite une fois de plus la prescription à tout va de statines. Si cela se justifie pleinement en cas de récidive, en prévention primaire, leur délivrance devrait s’adresser surtout à ceux qui cumulent plusieurs facteurs de risques cardiovasculaires. «Quand ce n’est pas le cas, le médecin devrait plutôt encourager une vie plus saine à son patient, en lui prescrivant, par exemple, des consultations diététiques. Mais cela demande, des deux côtés, beaucoup plus d’efforts», reconnaît le cardiologue. Et puis, si on ne devait se fixer qu’un seul objectif, autant opter pour l’activité physique qui, à elle seule, influence positivement le poids, l’arrêt du tabac, l’hypertension, le diabète, la pression artérielle et le cholestérol. Rien que ça.
Zoom sur l’hypertension artérielle
Sophie de Seigneux, une spécialiste du rein
Le rôle du rein dans l'hypertension
Hypercholestérolémie
Le cholestérol est une graisse indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Mais lorsque le taux de «mauvais» cholestérol est en excès dans le sang, c’est la santé qui est en péril. En effet, l'hypercholestérolémie augmente le risque de survenue de maladies cardiovasculaires, d’où l’intérêt de surveiller ses valeurs et d’adopter une hygiène de vie saine.
Cancer du poumon
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 4100 nouveaux cas de cancer du poumon (carcinome bronchique), ce qui représente 10 % de toutes les maladies cancéreuses. Le cancer du poumon touche plus souvent les hommes (62 %) que les femmes (38 %). C’est le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme, et le troisième chez la femme. C’est aussi le plus meurtrier, avec 3100 décès par an.
Diabète
Le diabète est une anomalie de l’utilisation du sucre (glucose) en raison d'un manque d'insuline ou d'une moins grande sensibilité de l'organisme à l'insuline.