L’hypertension, un tueur silencieux

Dernière mise à jour 18/07/17 | Article
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Une pression artérielle trop élevée et non traitée expose à des risques sérieux pour la santé. C’est pourquoi, dès 50 ans, on conseille de la contrôler régulièrement.

C’est un geste médical de routine, mais qui a toute son importance. La mesure de la pression artérielle a pour but de dépister une hypertension, un mal qui concerne un tiers de la population suisse, voire deux personnes sur trois après 60 ans. La tension artérielle désigne la pression générée par le sang sur la paroi des artères. Les mouvements de contraction et de relaxation du cœur fournissent l’énergie nécessaire au maintien de cette pression.

Tensiomètres connectés

A l’ère de l’auto-contrôle et du développement de tensiomètres connectés, certains pourraient être tentés de prendre leur tension à tout moment. Mais est-ce vraiment une bonne idée? Pas vraiment: «Les valeurs mesurées ne sont qu’une indication. Pour avoir un sens, elles doivent être reliées au contexte médical du patient et interprétées par un médecin», répond la Dre Fumeaux.

Dépistage en ambulatoire

Physiologiquement, la tension artérielle connaît des fluctuations tout à fait normales. Elle s’abaisse la nuit et augmente rapidement lors d’un effort physique ou sous l’effet du stress. En cas de doute sur sa normalité, un dépistage effectué en ambulatoire peut être préconisé par le médecin. Il s’agit de porter un appareil qui effectuera, en l’espace de 24 heures, une cinquantaine de mesures afin d’avoir une idée plus précise de la tension artérielle.

Urgence

Si vous avez mesuré, à plusieurs reprises, une tension artérielle élevée, y compris dans des moments de calme, et que ces valeurs sont associées à des douleurs dans la poitrine, des maux de tête, des troubles de la vision, d’autres troubles neurologiques ou à un essoufflement, contactez rapidement votre médecin ou rendez-vous aux urgences.

Mesure

Pour connaître cette valeur, il suffit de poser autour du bras un brassard gonflable, relié à ce qu’on appelle un manomètre. Sur l’écran (ou le cadran) du tensiomètre, deux valeurs apparaissent. La première indique la pression maximale dite «systolique», soit le moment où le cœur se contracte et où le sang est éjecté dans les vaisseaux sanguins amenés à se dilater. La seconde indique la pression minimale, dite «diastolique», qui correspond au moment où le cœur se relâche. On parle d’hypertension artérielle lorsque, à la suite de mesures répétées, la pression systolique est supérieure à 140 millimètres de mercure (mmHg) et/ou lorsque la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg. «A savoir qu’une pression systolique trop élevée a davantage de conséquences sur la santé», commente la Dre Zina Fumeaux, médecin agréée en néphrologie au Groupement hospitalier de l'ouest lémanique (GHOL). Cette limite est celle à partir de laquelle on envisage l’introduction d’un traitement, chez les hommes comme chez les femmes. En revanche, «des seuils de traitement plus bas existent pour certaines catégories de patients, comme les diabétiques, les insuffisants rénaux et les femmes enceintes», nuance la spécialiste.

Une bombe à retardement

Sournoise, l’hypertension ne provoque aucun symptôme… du moins jusqu’à l’apparition de complications, qui peuvent être graves et tapageuses. «Elles surviennent sur le long cours, parfois après des années d’hypertension», confirme la spécialiste. L’hypertension artérielle est en effet un facteur de risque cardiovasculaire majeur, au même titre que le diabète, le tabagisme et l’excès de cholestérol. Elle a pour conséquence une augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque ou d’insuffisance rénale. D’où l’importance de la dépister et de la traiter. Chez les personnes en bonne santé, actives physiquement et sans facteurs de risques particuliers, il est conseillé de mesurer sa tension artérielle dès que l’occasion se présente ou au moins une fois par année chez son médecin traitant dès l’âge de 50 ans. Avec l’âge en effet, les vaisseaux sanguins vieillissent, la tension artérielle peut s’élever et les risques pour la santé augmentent. En revanche, des contrôles plus réguliers sont recommandés chez les personnes à risque (diabète, histoire familiale d’hypertension, par exemple) ou présentant des maladies cardiovasculaires.

Traitement impératif

En cas d’hypertension avérée, le médecin préconise en premier lieu une modification de l’hygiène de vie (arrêt du tabac, alimentation équilibrée avec une consommation modérée de sel, activité physique régulière, gestion du stress). Ensuite, le traitement sera adapté en fonction des valeurs de tension artérielle et des facteurs de risques associés. Bien souvent, en plus de ces mesures, la prise de médicaments antihypertenseurs, tout au long de la vie, s’avère nécessaire. Là aussi, le choix des médicaments est individualisé selon les caractéristiques du patient et la survenue éventuelle d’effets secondaires indésirables.

Les origines de l’hypertension

Dans la majorité des cas, il n’y a pas de cause identifiable à la survenue de l’hypertension. On parle alors d’hypertension «essentielle». Dans seulement 5 à 10% des cas, une cause précise en est à l’origine. On parle alors d’hypertension artérielle secondaire. Parmi ces causes, des maladies rénales chroniques ou des tumeurs des glandes surrénales doivent être recherchées, dans certaines situations particulières.

On sait qu’il existe par ailleurs différents facteurs de risque pouvant, à des degrés divers, favoriser une tension élevée. La moitié des hypertendus ont des raisons familiales et génétiques de l’être. Mais l’environnement et le mode de vie ont aussi leur importance. La sédentarité, le tabac, une consommation excessive de sel et d’alcool, un surpoids ou du diabète sont des facteurs favorisants. Il semblerait aussi que les apnées du sommeil aient un impact. Autant de paramètres à évoquer avec son médecin pour éviter d’augmenter ses risques individuels.

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Paru dans le Quotidien de La Côte le 31/05/2017.

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