Hypertension: du cacao, oui! du sel, non!

Dernière mise à jour 07/12/11 | Article
Bretzel
Vous souffrez d’hypertension artérielle? Alors, regardez dans votre assiette. Le sel, le sucre et l’alcool sont sur le banc des accusés. Susceptibles de faire grimper la pression, ils doivent être consommés avec modération.

Facteur de risque des maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle concerne environ 30% de la population adulte en Suisse. Elle résulte de facteurs génétiques et environnementaux, telles que l’activité physique, l’exposition au stress, la consommation d’alcool, de tabac et l’alimentation. La prise en charge indiquée des patients susceptibles de développer de l’hypertension est, en première intention, centrée sur l’hygiène de vie. Les recommandations internationales misent d’ailleurs de plus en plus sur la prévention, et en particulier sur la modification du comportement alimentaire des personnes à risques.

Au centre des préoccupations: le sel, bien connu pour favoriser l’hypertension, s’il est consommé de manière excessive. A l’inverse, un régime pauvre en sel a un effet antihypertenseur. Une récente étude américaine, basée sur des simulations, a d’ailleurs estimé qu’une baisse d’apport en sodium de l’ordre de 3g/jour permettrait de réduire la pression artérielle et, ainsi, de diminuer l’incidence annuelle d’accidents cérébrovasculaires, d’infarctus du myocarde et la mortalité globale. La plupart du temps, un patient hypertendu ou susceptible de le devenir sera interrogé sur sa consommation de sel, mais aussi d’alcool, de réglisse et de cocaïne, réputés pour faire grimper la tension. Or, l’influence de l’alimentation sur la régulation de la pression artérielle, en vérité, ne se limite pas à ces substances.

Les boissons sucrées en ligne de mire

Les boissons sucrées, riches en glucides et source de calories, contiennent du fructose qui favorise directement l’augmentation de la pression artérielle. C’est ce qu’a montré une grande étude nationale américaine sur la nutrition et la santé incluant près de 5000 adolescents. L’absorption de onze boissons sucrées par jour en moyenne entraîne une élévation significative de la pression artérielle et de l’acide urique. Différents mécanismes pourraient l’expliquer. Le fructose est métabolisé par le foie en acide urique (notamment), lui-même susceptible à son tour de faire monter la pression artérielle. Autre explication, le fructose semble provoquer de la rétention d’eau et de sel. Sans compter que boire des boissons sucrées donne envie de consommer du salé, et vice-versa, ce qui renforce les effets délétères sur la tension. Pour mieux cerner l’efficacité d’une suppression ou d’une limitation de ces boissons dans un traitement contre l’hypertension, des études randomisées et contrôlées doivent toutefois être menées.

Le cas complexe du café

Le rôle du café dans le développement de l’hypertension est complexe. En effet, le café lui-même contient de la caféine, mais pas seulement. L’ingestion de caféine dite «pure» augmente clairement la pression artérielle et peut conduire à des cas d’intoxication. Elle se présente sous forme de comprimés, vendus comme des énergisants sur internet ou dans des magasins spécialisés, mais on la trouve aussi dans certains sodas et autres boissons énergisantes. Pour ce qui est du café, des études suggèrent qu’une consommation quotidienne à raison de quatre tasses ou plus a un effet protecteur sur le développement de l’hypertension artérielle, surtout chez les femmes. Car il contient d’autres substances aux propriétés antihypertensives comme les polyphénols, les fibres solubles et le potassium.

L’ail

L’ail aurait des vertus naturelles contre l’hypertension. Des résultats d’études contradictoires dans les années nonante et les inconvénients liés à sa consommation ont freiné l’enthousiasme pour cette plante. Pourtant, ces dernières années, il y a eu un regain d’intérêt en raison de nouvelles études randomisées et de méta-analyses (compilation de plusieurs études) qui ont rapporté une baisse significative de la pression artérielle, suite à la consommation cette fois d’extraits d’ail -et non d’ail frais. Et puis, des comprimés limitant les effets indésirables au niveau gastro-intestinal, tout en augmentant la puissance du contenu ont été développés. Malgré ces perspectives encourageantes, il est trop tôt de conseiller l’extrait d’ail comme traitement non-médicamenteux aux personnes (pré)hypertendues.

Le cacao

Le cacao a lui aussi des effets bénéfiques sur la pression artérielle, si on en croit une méta-analyse incluant près de six cents individus. Pour profiter de ces propriétés, mieux vaut manger du chocolat noir, qui est particulièrement riche en cacao (teneur de l’ordre de 70% ou plus). D’autres travaux se sont intéressés aux produits laitiers, aux fibres alimentaires et au potassium et à leur influence sur la pression artérielle, mais il est difficile, pour des raisons diverses, de conclure à un pouvoir antihypertenseur pour ces nutriments.

La solution est-elle dans un régime combiné, qui cumule les aliments évoqués? Une fameuse étude américaine randomisée a comparé un régime américain «standard» avec un régime riche en fruits, légumes, fibres, produits laitiers, potassium, calcium, magnésium et pauvre en boissons sucrées et en sel, nommé régime «DASH» (Diet Approaches to Stop Hypertension). Après huit semaines, les participants ayant bénéficié du régime DASH ont connu une diminution de la pression artérielle. La mise en pratique d’un tel régime est donc une mesure efficace dans la prévention et le traitement de l’hypertension artérielle.

En somme, modifier son comportement alimentaire permet d’avoir un meilleur contrôle sur son hypertension et de réduire les risques cardiovasculaires. Pour que cette arme non pharmacologique soit efficace, les médecins devraient définir un profil alimentaire détaillé et complet de leur patient, sans se limiter à leur consommation de sel et d’alcool.

Références

Adapté de « Alimentation et hypertension artérielle : au-delà du sel de table », M. Pruijm, G. Wuerzner, V. Forni, M. Bochud, A. Pechère-Bertschi, M. Burnier, Rev. Med. Suisse 2010 ; 6 : 1715-20, en collaboration avec les auteurs.

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