Implanter un défibrillateur: pour qui et pour quoi?
Le défibrillateur automatique implantable (DAI) est un stimulateur cardiaque qui permet de traiter certaines arythmies ventriculaires, à savoir des battements de cœur anormaux et rapides venant des ventricules (au nombre de deux, les ventricules sont logés à droite et à gauche de la partie inférieure du cœur). Ces troubles du rythme peuvent être à l’origine d’un arrêt cardiaque et entraîner la mort.
Le DAI sert à surveiller les battements du cœur. Lorsqu’il détecte une arythmie ventriculaire mettant en danger le pronostic vital, il délivre un ou plusieurs chocs électriques internes, ressentis par le patient, afin d’obtenir de nouveau un rythme cardiaque normal et régulier. Cet appareil représente une avancée technologique importante car il a permis de réduire la mortalité chez les patients remplissant des critères bien définis et souffrant de ce genre de problème.
Composition et implantation du DAI
D’un diamètre d’environ 6 centimètres et d’une épaisseur d’environ 1 centimètre, le DAI est composé d’un boîtier métallique placé sous la peau et connecté à une électrode logée directement dans le ventricule droit du cœur. Parfois, selon les caractéristiques du patient et de son problème cardiaque, une deuxième électrode est implantée dans l’oreillette droite.
Le boîtier est placé sous la peau dans la partie supérieure du thorax par le moyen d’une petite intervention chirurgicale sous anesthésie locale et en milieu stérile (pour éviter tout risque d’infection). Il est composé de trois parties: une batterie, un condensateur qui accumule une charge d’énergie et un générateur d’impulsion.
L’implantation des électrodes dans le cœur se fait, elle, par voie d’accès veineux (veine sous-clavière, située sous la clavicule). Les électrodes sont ensuite connectées au boîtier par un système de vissage.
La pose d’un DAI n’est pas sans risque et comporte des complications possibles, telles que des hémorragies, une lésion de la plèvre (enveloppe du poumon) pouvant entraîner un pneumothorax, une perforation cardiaque (complication très grave), une infection ou encore un déplacement de sonde.
Une fois l’implantation terminée, l’appareil est contrôlé de l’extérieur au moyen d’un programmateur informatisé. A tout moment, le médecin peut modifier la programmation du DAI ou consulter différentes sortes d’informations comme l’état de la batterie ou l’apparition éventuelle d’une arythmie ventriculaire.
A qui s’adresse le DAI?
Le défibrillateur automatique implantable s’adresse à des patients bien spécifiques. Si vous avez été victime d’un arrêt cardiaque, l’implantation d’un tel appareil peut être indiquée en fonction de l’origine de l’arrêt cardiaque et du risque de récidive.
Le DAI s’applique également en «prévention primaire», c’est-à-dire chez des individus qui souffrent d’un problème au cœur pouvant entraîner un arrêt cardiaque mais qui n’ont pas encore connu un tel événement. Cela inclut certains types d’insuffisances cardiaques ainsi que certaines maladies propres au muscle cardiaque. L’implantation d’un DAI n’est en principe pas recommandée quand l’espérance de vie du patient ne dépasse pas une année (par exemple en cas de maladie très grave ou d’âge très avancé).
Avantages et risques potentiels
Depuis son introduction dans les années 1980, le DAI a prouvé son efficacité. De nombreuses études scientifiques ont démontré les bénéfices de cet appareil qui permet de réduire la mortalité dans des cas de figure bien précis. En effet, le taux de mortalité chez les personnes avec un DAI implanté après un arrêt cardiaque diminue jusqu’à 60% par rapport à des patients présentant les mêmes caractéristiques sans être porteurs d’un DAI.
Cependant, malgré l’avancée technologique qu’il représente, le DAI n’est pas infaillible. En effet, il existe un risque non négligeable de chocs inappropriés, c’est-à-dire que l’appareil délivre un choc électrique alors qu’il n’avait pas de raison de le faire. Les statistiques montrent que 11,5% des patients sont touchés par ce phénomène. Beaucoup ont d’ailleurs souffert de troubles dépressifs à la suite de chocs, qu’ils aient été appropriés ou non. Heureusement, il est possible de procéder à des modifications de programmation permettant de réduire considérablement le risque de survenue des chocs. Signalons enfin que, dans certains cas, l’installation du DAI impose des restrictions quant à la conduite automobile privée et professionnelle.
L’implantation d’un défibrillateur automatique n’est donc pas une décision à prendre à la légère. Mais la plupart des études médicales scientifiques prônent l’efficacité de cet appareil dans des situations bien précises. En effet, il ne fait aucun doute que le DAI permet de prévenir un arrêt cardiaque et donc de sauver des vies chez des patients sélectionnés.
Référence
Adapté de «Défibrillateur automatique implantable (DAI): principes de base et indications cliniques actuelles», par Dr P. Carroz, Dr D. Graf, Dr M. Fromer, Service de cardiologie, CHUV, inRevue médicale suisse 2013; 9: 1154-11549, en collaboration avec les auteurs.