Cancer de la prostate: sexualité, l’autre défi

Dernière mise à jour 08/11/17 | Article
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Affronté avec des techniques toujours plus performantes et une prise en charge multidisciplinaire, le cancer de la prostate sonne de moins en moins souvent le glas de la sexualité. Explications.

Il est le principal cancer survenant chez les hommes de plus de 65 ans et l’un de ceux suscitant le plus de polémique quant à sa détection précoce (lire encadré), mais le cancer de la prostate est aussi de mieux en mieux pris en charge et traité pour limiter les lésions «collatérales » lorsqu’elles sont évitables. L’un des enjeux: préserver l’intégrité du sphincter urétral, prémunissant les patients de pertes urinaires, mais également les nerfs érecteurs, directement accolés à la prostate et se prolongeant dans le pénis pour permettre l’érection. «Pour des raisons purement anatomiques, le traitement du cancer de la prostate peut avoir un impact sur la sexualité et affecter les patients au-delà de la maladie elle-même, souligne le Pr Christophe Iselin, médecin chef du service d’urologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Touchés dans leur virilité, certains hommes basculent dans une situation de mal-être, que bien souvent ils taisent. Prendre en compte la dimension de la sexualité est donc primordial avant, pendant et après le traitement.»

Radiothérapie ou ablation de la prostate

Quand faut-il consulter?

La détection précoce du cancer de la prostate est en général conseillée chez les hommes entre 50 et 70 ans et repose principalement sur le test dit «PSA». En clair, une prise de sang pour doser une protéine, la PSA, secrétée en excès en cas de tumeur de la prostate. En cas de suspicion, qu’il faudra éventuellement confirmer par une IRM, une biopsie pourra s’avérer nécessaire. Caractérisé par une évolution généralement lente et souvent sans incidence pendant de nombreuses années, le cancer de la prostate suscite quelques polémiques quant à des actions de radiothérapie ou chirurgicales trop agressives ou précoces. Parmi les faits redoutés: l’incontinence et les troubles de l’érection. Reste que le cancer de la prostate fait 1300 victimes en Suisse chaque année. Une prise en charge au cas par cas, tenant compte des résultats médicaux, de l’âge du patient, de son état de santé et de ses antécédents familiaux est donc de mise.

Les enjeux au niveau médical? Ils sont nombreux et commencent par le choix du traitement. Radiothérapie ou ablation totale de la prostate: l’option dépend directement de l’ampleur de la tumeur et de la décision prise d’entente entre le corps médical et le patient. Non invasive, la radiothérapie a connu des progrès tels qu’elle peut intervenir sans engendrer de lésions sur les nerfs érecteurs, mais elle n’est possible que pour des tumeurs peu envahissantes. Pour d’autres situations, la chirurgie est inévitable. «En cas de cancer de la prostate, la tumeur se niche généralement à l’intérieur de la glande en se plaquant à sa paroi, explique le Pr Iselin. Les nerfs érecteurs, quant à eux, sont accolés sur la face extérieure de la prostate. En fonction de l’emplacement de la tumeur, il est parfois nécessaire d’enlever une partie des nerfs qui se trouvent dans la zone concernée, ce qui heureusement n’impacte pas obligatoirement la sexualité.»

Prise en charge globale

Deux cas de figure se dessinent alors, selon que les nerfs érecteurs ont pu ou non être conservés. «Dans tous les cas, une prise en charge globale incluant une sexothérapie est conseillée, estime le spécialiste. Si des nerfs ont pu être préservés, la reprise d’une activité sexuelle est préconisée dès deux semaines après l’intervention, explique le Pr Iselin. Si l’érection n’est physiologiquement plus possible, des traitements ponctuels sont envisageables.»

Le défi reste réel. «Il y a forcément un avant et un après une intervention chirurgicale sur la prostate, poursuit le Dr Marc Wisard, urologue et sexologue à Lausanne. La sexualité va devoir se réinventer. Dans les cas extrêmes, il faut tenir compte du fait que la section de nerfs a définitivement interrompu le contact nerveux entre le cerveau et le pénis.» Et de rappeler: «Dans ce processus, plusieurs facteurs directement liés à la vie du patient vont faire la différence, à commencer par son âge –50 % des hommes connaissent déjà des troubles de l’érection à 40 ans–, mais également son état de santé et la vivacité de sa vie sexuelle. Plus le couple était solide et actif sexuellement, plus il a de chances de surmonter l’épreuve et de se retrouver.»

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Paru dans Planète Santé magazine N° 27 - Septembre 2017

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