Faut-il muscler les adolescents?

Dernière mise à jour 23/10/15 | Article
Faut-il muscler les adolescents?
Faut-il muscler les adolescents? Une bonne force musculaire à l’adolescence représente un atout pour la longévité. C’est ce que montre une large étude faite sur des jeunes de 16 à 19 ans, suivis pendant 24 ans.

Et si la très molle poignée de main d’un ado était un indice défavorable quant à son espérance de vie? Une large étude du Karolinska Institute, en Suède, montre en effet un risque nettement plus élevé de décès prématuré (avant 55 ans) chez les adultes ayant une faible force musculaire à l’adolescence. Les plus costauds, eux, voient ce risque diminuer de 20 à 30%. La recherche porte sur plus d’un million de jeunes garçons de 16 à 19 ans, suivis pendant près de 24 ans. Les auteurs proposent donc de considérer la faiblesse musculaire à cette période de la vie comme un facteur de risque à part entière, au même titre que le surpoids ou une pression élevée. Analyse de Nathalie Farpour-Lambert, médecin adjoint, responsable de la médecine du sport au département de l’enfant et de l’adolescent des Hôpitaux universitaires de Genève.

Pourquoi ce lien entre la force musculaire de l’adolescent et le risque de mort prématurée?

Nathalie Farpour-Lambert: L’étude montre que les vingt-six mille décès survenus pendant la durée de l’étude sont principalement dus au suicide (22% des cas), au cancer (15%) et à des problèmes cardiovasculaires (8%). La force musculaire des participants à l’adolescence influençait uniquement les risques de décès par suicide ou maladies cardiovasculaires. Or, les effets bénéfiques de l’activité physique sont bien connus dans la prévention de ces risques.

Il peut y avoir des différences génétiques?

De gros biceps ne sont, en effet, pas forcément corrélés avec une forte activité physique. Toutefois, il s’agit là d’une très large étude épidémiologique. Elle inclut des personnes présentant une grande variété génétique. Mais il s’agit de jeunes en bonne santé, prêts pour le recrutement militaire. Ce qui exclut les personnes avec une faible capacité physique.

Pourquoi la force musculaire est-elle particulièrement significative à l’adolescence?

Les capacités physiques s’acquièrent en grande partie pendant la croissance. Les fonctions cognitives, psychomotrices, la vitesse, la coordination, l’équilibre se développent, la force musculaire augmente. A la fin de cette période, toutes ces capacités devraient être au top. Il faut donc que les enfants et les adolescents pratiquent des activités variées pour les développer. L’expérience montre aussi que des jeunes actifs deviennent, en général, des adultes actifs. Or, l’activité physique régulière diminue le risque de maladies chroniques, de dépression, et augmente l’estime de soi. A l’inverse, les gens dépressifs sont moins actifs. L’étude n’a, hélas, pas évalué l’activité physique. Et elle n’indique pas si les jeunes qui avaient une faible force musculaire étaient peu actifs pour des raisons de dépression, ou si leur manque d’activité physique a favorisé un état dépressif. C’est un peu l’histoire de la poule et de l’oeuf!

Qu’apporte cette étude?

Elle confirme l’effet favorable de l’activité physique sur la dépression et la santé cardiovasculaire Et ce, sur un très grand nombre de personnes ayant bénéficié d’un long suivi. On connaissait l’importance de l’endurance cardiorespiratoire, mais pas celle de la force musculaire. C’est la première fois que le rapport est fait entre force musculaire et longévité.

Dans l’idéal, quelle devrait être l’activité physique des enfants et des ados?

Chaque jour, au moins une heure d’activité modérée à vigoureuse, provoquant transpiration et léger essoufflement. De moins en moins d’enfants en ont la possibilité, et c’est un problème de santé majeur. Il faudrait soutenir les sports de clubs, favoriser les endroits de loisirs, encourager les déplacements à pied ou à vélo, et pour cela sécuriser les parcours. Une ordonnance fédérale préconise aussi trois fois quarante-cinq minutes par semaine d’éducation physique à l’école. Mais à Genève, par exemple, en secondaire, il n’y a que deux périodes par semaine.

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Extrait de :

Check-Up. Les réponses à vos questions santé
de Marie-Christine Petit-Pierre
Ed. Planète Santé / Le Temps, 2014

            

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