Des pubertés de plus en plus précoces chez les filles
Au fil des années, l’âge moyen de l’apparition des premières règles chez les filles n’a cessé de baisser. De 17 ans en 1850, il est passé à 13 ans environ aujourd’hui. Après une stagnation dans les années 90, l’âge des premières règles continue de diminuer depuis quelques années. La raison de cette évolution? L’amélioration des conditions sanitaires et alimentaires au 20e siècle, mais aussi, pointés du doigt depuis peu, des facteurs environnementaux, comme les perturbateurs endocriniens.
Un mécanisme parfois trop en avance
La faute à quoi?
L’activation des hormones de la puberté dépend de plusieurs facteurs. Une bonne alimentation et un bon état de santé général favorisent la mise en route du processus.
«On observe des variantes génétiques corrélées à l’apparition de la puberté, indique le Dr Michael Hauschild, médecin adjoint de l’Unité d’endocrinologie diabétologie et obésité pédiatrique au CHUV. Certaines familles ont ainsi une prédisposition à la précocité.» Des facteurs environnementaux sont également pointés du doigt. Perturbateurs endocriniens, pollution, agents chimiques, etc., sont autant d’éléments suspectés de jouer un rôle dans le déclenchement précoce de la puberté. «Aujourd’hui, face à l’augmentation des cas, on ne peut pas écarter ces causes extérieures, mais leur impact reste difficile à mesurer», conclut le spécialiste.
Lorsque les premiers signes de la puberté apparaissent avant 8 ans chez les filles et avant 9 ans chez les garçons, on parle de puberté «précoce», voire «très précoce» si ces changements surviennent avant 6 et 7 ans respectivement. Lorsque les parents constatent des signes pubertaires avancés (augmentation du volume des seins, pilosité, menstruations, augmentation du volume testiculaire, forte croissance…), il est recommandé de consulter un médecin généraliste ou un pédiatre, afin de confirmer que la puberté est bien enclenchée. Ce dernier pourra orienter l’enfant vers un endocrinologue afin d’essayer de déterminer la cause de l’apparition des signes de puberté. «En tant que spécialiste, on doit s’assurer qu’il n’y a pas de trouble médical particulier. Les examens permettent également d’observer la rapidité de l’évolution des signes pubertaires», explique le Dr Michael Hauschild, médecin adjoint de l’Unité d’endocrinologie diabétologie et obésité pédiatrique du Département femme-mère-enfant au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Car parfois, ces signes surviennent à distance les uns des autres. On parle alors de puberté précoce «périphérique». «Chez certaines filles par exemple, le volume des seins peut augmenter très tôt, mais les menstruations n’arrivent que bien plus tard, de façon désynchronisée», poursuit le spécialiste.
Stopper ou non?
Si l’examen est en faveur d’une puberté idiopathique, c’est-à-dire sans cause apparente, qui débute très tôt, la question se posera alors de freiner le mécanisme via une injection d’hormones tous les 2-3 mois, ce qui permet de contrer la stimulation ovarienne et de bloquer la puberté. Rapidement après les premières injections, on observe un ralentissement de la puberté, notamment une régression du volume des seins et une stabilisation de la pousse des poils. «Le choix d’aller ou non vers un traitement est une décision qui doit être prise en tenant compte de l’évolution de la puberté et des examens cliniques, après discussion avec l’enfant et ses parents, précise le Dr Hauschild. Ce n’est jamais la décision du médecin seul.» L’arrêt du traitement est lui aussi décidé en concertation avec l’enfant: «Généralement, on le cesse vers 11 ans, ce qui permet à la puberté de reprendre son cours naturellement.»
La question du traitement se pose particulièrement pour les pubertés dites «très précoces», qui surviennent avant 6 ans. En effet, durant la puberté, se met en place une période de forte croissance qui prend fin en même temps que cette dernière. Si le processus est rapide, il peut y avoir un impact sur la taille définitive de l’enfant. «Lorsque les premiers signes surviennent vers 7-8 ans en revanche, on préfère généralement ne pas interférer avec un processus qui est certes précoce, mais naturel», explique le Dr Hauschild. Dans ces cas-là, une observation médicale régulière est préconisée pour suivre l’évolution de la puberté.
Malgré tout, un accompagnement psychologique est recommandé. La puberté est en effet une période de transformations qui peut être déstabilisante. Aux bouleversements psychiques et aux variations de l’humeur, peuvent s’ajouter un sentiment de honte et de décalage avec les autres. «Certains enfants ont un ressenti très négatif, tandis que d’autres pas du tout, et acceptent bien les changements de leur corps, précise néanmoins le spécialiste. La prise en charge doit donc être très personnalisée.»
Les garçons moins concernés?
L’avancement de l’âge moyen de la puberté est un phénomène global qui s’observe aussi bien chez les filles que chez les garçons. Mais ces derniers seraient environ 10 fois moins concernés par une puberté précoce. Une différence qui peut s’expliquer en partie par l’influence particulière des perturbateurs endocriniens sur les récepteurs des œstrogènes (hormones féminines). Cela suffit-il à expliquer l’écart entre les deux sexes? Pour le Dr Michael Hauschild, médecin adjoint de l’Unité d’endocrinologie diabétologie et obésité pédiatrique au CHUV, une dimension socioculturelle doit aussi être prise en compte. «En consultation, on voit au contraire plutôt des garçons concernés par une puberté tardive, constate-t-il. Cela leur fait probablement plus souci – à eux et à leurs parents – qu’une puberté précoce.» D’un point de vue social, la puberté marque en effet la transition de l’état d’enfant à celui d’adulte, accompagné d’une dimension de sexualisation qui peut, si elle survient en décalage des normes, déranger le schéma moral établi. «Notre perception de la sexualité précoce et donc de la potentialité procréative semble être plus difficile à intégrer lorsqu’il s’agit des filles que des garçons, car elle bouscule notre construction sociale.»
Si vous vous interrogez sur la puberté de votre enfant, votre médecin traitant ou votre pédiatre pourra répondre à vos questions. Il est généralement conseillé de consulter un médecin si vous constatez:
- Des signes de puberté qui apparaissent avant 6 ans chez une fille et 7 ans chez un garçon.
- Une évolution rapide des premiers signes de puberté entre 6 et 8 ans chez une fille et entre 7 et 9 ans chez un garçon.
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Paru dans le Quotidien de La Côte le 29/01/2020.
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L’acné est une maladie du follicule sébacé formé par la glande sébacée et le poil. À la puberté, la glande sébacée sécrète du sébum en excès et trop épais, ce qui obstrue son orifice. C’est ce qui s’appelle la séborrhée. Cela provoque alors des comédons ouverts –les fameux points noirs– et des microkystes blancs, aussi appelés comédons fermés. Apparaissent également des pustules et des papules qui sont des petits boutons fermes et lisses.