De l’adolescence à l’âge adulte: un précieux capital santé à préserver
Cette information rassurante – issue d’une étude dont les plus récents résultats ont été publiés fin 2012 – doit encourager une prévention toujours mieux ciblée, notamment en matière d’alimentation, d’exercice physique et de consommation de substances, pas toujours licites. En effet, un comportement approprié dès les premières années détermine la santé de toute une vie.
Il n’est jamais trop tôt pour adopter des comportements favorables à la santé et garants de la meilleure qualité de vie possible tout au long de son existence. A l’inverse, de mauvaises habitudes mises en place dès l’enfance, ou acquises à l’adolescence peuvent non seulement avoir des répercussions sur la santé immédiate, mais aussi sur le bon fonctionnement de l’organisme à plus long terme.
Cette problématique, le bureau régional pour l’Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’en préoccupe depuis une trentaine d’années et renouvelle tous les quatre ans une étude d’envergure internationale intitulée «Health Behaviour in School-Aged Children (HBSC)». La Suisse y participe régulièrement depuis 1986. Les résultats les plus récents viennent d’être rendus publics. Pour notre pays, ils émanent d’une enquête menée par Addiction Suisse dans environ 700 classes. Environ 10 000 élèves de onze à quinze ans ont rempli un questionnaire très complet portant sur leurs habitudes en termes d’hygiène de vie, sur d’éventuels comportements à risque, mais aussi sur le contexte social (famille, amis, école) dans lequel ils grandissent, celui-ci ayant un impact considérable tant sur leur qualité de vie que sur leur santé.
En Suisse, les jeunes privilégient la «vraie» vie
Les résultats de cette étude ont de quoi rassurer. Ils montrent en effet qu’en Suisse les jeunes s’estiment en bonne, voire en excellente santé, avec un pic à l’âge de onze ans, ce qui place notre pays au troisième rang des nations incluses dans cette étude. Ils sont aussi globalement satisfaits de leur qualité de vie, les garçons un peu plus que les filles, ces dernières souffrant plus fréquemment de symptômes tels que maux de tête, sensation de déprime, irritabilité ou difficultés d’endormissement. En Suisse comme dans les autres pays, l’étude révèle aussi que les adolescents ne sont pas tous égaux, et qu’à leur jeune âge déjà, le niveau de vie au sein de leur famille a des répercussions réelles sur leur bien-être: les jeunes issus des familles les plus aisées se montrent plus satisfaits et expriment moins de plaintes quant à leur santé.
Mais qu’en est-il de leurs habitudes au quotidien? L’étude montre notamment que les jeunes de Suisse passent moins de temps devant la télévision que leurs contemporains européens. Ils sont aussi moins sujets aux excès pondéraux, même s’ils ne sont de loin pas des « champions » quant à la pratique d’une activité physique soutenue.
A l’ère du virtuel et des réseaux sociaux, les jeunes de Suisse privilégient les contacts directs et les amitiés proches. Ils sont parmi les utilisateurs les moins assidus des médias électroniques. Les expériences dans la vie bien réelle leur font aussi découvrir la sexualité relativement tôt: à quinze ans, près d’un quart des garçons et une fille sur six ont déjà eu des relations intimes.
L’âge de toutes les expériences… et de la prévention
Bonne santé, poids le plus souvent dans la norme, utilisation raisonnable de la télévision et des autres médias électroniques, liens sociaux: tout semble parfait, ou presque, dans le monde de nos adolescents. Cependant, ils sont à l’âge des tentations et de l’attrait pour de nouvelles expériences, pas toujours saines, et illicites pour certaines. Ainsi, à quinze ans, 19% des garçons et 15% des filles fument des cigarettes au moins une fois par semaine. Plus d’un tiers des garçons et près d’un quart des filles ont consommé du cannabis au moins une fois. Plus d’un garçon sur dix et près d’une fille sur dix reconnaissent en consommer régulièrement. Quant à l’alcool, il est rare qu’un jeune de Suisse y goûte avant l’âge de treize ans. Mais à quinze ans, un quart des garçons et une fille sur cinq ont déjà pris leur première «cuite», suivie au moins d’une deuxième.
Rassurants pour l’essentiel, les résultats de cette étude montrent que certains comportements se modifient entre onze et quinze ans et que les risques de péjorer sa santé et son bien-être augmentent dans cette phase de l’adolescence. Il s’agit donc d’un moment clé durant lequel tout l’environnement social doit faire preuve d’écoute, d’attention mais aussi de réprobation si besoin. Cela concerne bien sûr les familles, parents en tête, mais encore le cadre scolaire, les médecins, la société dans son ensemble, dans une volonté commune de favoriser la prévention tout en permettant à nos jeunes de profiter de tous les avantages d’une vie d’adolescents.
Source
- Adapté de «Etude HBSC 2010 sur les comportements de santé des jeunes adolescents: quelques données pour les praticiens», Dr C. Torriani Hammon, M. Delgrande Jordan, Dr D.M. Haller, in Revue médicale suisse, 2013; 1: 52-55, en collaboration avec les auteurs.
- Un ouvrage de Jordan Marina Delgrande reprend et analyse ces données. Comportements de santé des jeunes adolescents en Suisse, Editions Médecine et Hygiène, 2012.
- Les résultats complets de l’étude sont disponibles au format PDF à l’adresse suivante: http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0003/163857/Social-determinants-of-health-and-well-being-among-young-people.pdf
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