«On peut remplacer toutes les articulations»

Dernière mise à jour 25/11/11 | Article
marionnette
De la hanche au genou, en passant par la cheville, les disques intervertébraux, le poignet, ou le coude, la chirurgie orthopédique a les moyens de remplacer toutes les articulations qui font souffrir.

Oscar Pistorius, ce coureur sudafricain muni de prothèses qui courait plus vite qu’un homme valide, a marqué les esprits. Muni de deux lames en carbone en guise de tibias, le sprinteur a établi des records. Et il a aussi mis les prothèses orthopédiques sous les feux de la rampe. « L’une des premières prothèses date de 1880 », explique le Pr Pierre Hoffmeyer, chef du département de chirurgie des HUG. « C’était une épaule destinée à un apprenti boulanger souffrant de tuberculose. Normalement, il aurait fallu lui couper le bras, mais un chirurgien, Jules-Emile Péan, a eu l’idée de demander à un dentiste de fabriquer une prothèse en platine et caoutchouc pour lui remplacer l’épaule. Cette prothèse, arrimée entre l’humérus et l’omoplate, a duré deux ou trois ans et quand la tuberculose s’est asséchée, elle a été retirée et le bras a ainsi pu être sauvé. »

Prothèses de coude

Prothèses

De nos jours, on remplace quasiment toutes les articulations. Mais les prothèses les plus connues du public restent celles de hanche et de genou. Pour l’épaule, ce sont 30 à 40 prothèses par an implantées aux  HUG chez des patients victimes de traumatismes ou souffrant d’arthrose. Le coude et le poignet sont aussi remplacés, mais moins couramment. « Les prothèses de coude sont délicates à installer. On en place environ cinq par année », précise le chirurgien. La prothétique liée à des cancers permet, elle, à des malades souvent jeunes d’éviter l’amputation après avoir été opérés de tumeurs. « Le boom des prothèses peut apparaître comme un phénomène de société, mais il faut savoir qu’elles soulagent des gens venant nous consulter pour des douleurs sévères », relève le chirurgien.

Progrès dans les matériaux et la chirurgie

La tendance est à une chirurgie de moins en moins invasive, grâce à des mini-incisions et à des robots intelligents qui guident le chirurgien lors de l’intervention. Les matériaux font aussi l’objet de recherches et de progrès, pour que les appareils résistent mieux à l’usure. « Sur 350 à 400 prothèses posées par an, nous devons en changer seulement 30 à 40. Qui sont le plus souvent en place depuis de nombreuses années, donc un taux de 10% » précise le Pr Hoffmeyer. L’usure dépend de l’activité du patient et l’exercice physique est recommandé (marche, vélo). Les taux d’infection restent très bas grâce aux salles d’opérations ultra-sophistiquées dont sont dotées les HUG : ils n’atteignent que 0,6 à 0,7%. Pour les prothèses de hanche, les complications classiques sont la luxation ou l’embolie pulmonaire. Les progrès sont impressionnants
dans ce domaine, puisque les prothèses de hanche ont par exemple un taux de réussite de 98% après 10 ans et de 90% après 20 ans ! Grâce au progrès des matériaux, les prothèses résistent mieux à l’usure.

Depuis 2000, le Pr André Kaelin, médecin-chef de service d’orthopédie pédiatrique des HUG, part chaque année en mission humanitaire au  Vietnam avec l’organisation Children Action. Il y soigne des enfants souffrant de diverses pathologies, comme la poliomyélite, des tumeurs, des affections neurologiques. Ou encore les victimes des malformations congénitales dues au fameux agent orange, ce produit toxique largué par l’armée américaine sur les forêts et les champs pendant la guerre du Vietnam. Le chirurgien y prodigue aussi des conseils pour la pose de prothèse.

Savoir-faire local

Les progrès techniques liés aux prothèses bénéficient surtout aux patients des pays développés. Au Vietnam, les malades n’ont pas les moyens financiers d’être appareillés. En revanche, le savoir-faire existe grâce aux artisans. Et des missions humanitaires comme celles de Children Action offrent des prothèses orthopédiques aux jeunes patients et apportent l’expertise de chirurgiens occidentaux comme le Pr Kaelin. «Les prothèses fabriquées au sud ne sont certes pas aussi légères, fiables et ergonomiques par manque de moyens, mais elles sont d’une grande utilité. Et le savoir-faire local en matière de prothétique doit être salué. Je donne des conseils aux artisans qui fabriquent les prothèses, je leur apporte mon expérience de chirurgien orthopédiste en pédiatrie », explique le médecin. Children Action envoie une mission tous les deux mois, composée de deux chirurgiens, pour assurer les interventions et le suivi régulier.

Source

Pulsations - juillet-août 2011 / Photos : Julien Gregorio / Phovea

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