Les régimes sont la meilleure façon de prendre du poids

Dernière mise à jour 28/06/12 | Article
Yo-yo
Chaque été, un nouveau régime «miracle» est mis en avant pour perdre du poids facilement. Mais en réalité, les régimes sont souvent la meilleure façon de prendre du poids sur le long terme.

De quoi on parle?

Les faits

Chaque printemps, la presse, féminine en tête, sert des régimes à toutes les sauces. Quand Ça m’intéresse propose de «Changer de silhouette», l’hebdomadaire Elle titre «Kilos psycho, le régime qui va vous réussir». Quant au mensuel Marie-Claire, il dévoile comment «Mincir où ça me plaît (et seulement là)», grâce à la chrononutrition.

Le bilan

On ne compte plus le nombre de régimes qui sont proposés. En réalité, ils ne permettent pas de perdre du poids sur le long terme.

Maigrir en mangeant de tout, sans se priver des aliments les plus gras habituellement interdits dans les régimes: c’est la promesse quasi magique de la chrononutrition, une méthode en vogue qui consiste à coordonner ses repas avec son horloge biologique. Il suffirait de manger les bons aliments au bon moment pour qu’ils soient utilisés de façon optimale par l’organisme et pour favoriser une perte de poids. Une approche qui n’induirait «ni frustration, ni carences, ni effet rebond», si on en croit le magazine Marie-Claire, qui en vante les mérites dans son numéro de juin. Serait-ce la recette miracle? Pas sûr…

Si la chrononutrition s’appuie sur la chronobiologie, une science tout à fait reconnue, «l’idée d’adapter la charge calorique aux variations du métabolisme au cours de la journée pour perdre du poids reste très discutable», déclare le Dr Dominique Durrer Schutz*. «De plus, ajoute cette spécialiste de l’obésité installée à Vevey, suivre des principes alimentaires qui ne correspondent pas à ses goûts – par exemple manger de la charcuterie, des oeufs et du fromage au petit-déjeuner parce qu’ils sont très caloriques – représente déjà un faux pas.» Sceptique lui aussi, le professeur François Pralong, chef du service d’endocrinologie, de diabétologie et de métabolisme au CHUV, assure qu’«aucune étude n’a prouvé que cette façon de se nourrir était efficace pour une perte de poids durable. Par contre, la littérature scientifique est unanime: il n’y a pas un seul régime qui ait démontré son innocuité face à l’effet yoyo, qui se caractérise par une reprise des kilos perdus après une phase de diète, qui dépasse parfois même la perte initiale». En ne s’attaquant pas aux causes, les régimes aggravent très souvent les troubles alimentaires à l’origine de surpoids (ou d’obésité), d’où leurs effets pervers sur la durée. Car les kilos superflus tombent rarement du ciel. La gourmandise, la frustration, l’ennui, le stress poussent à manger par envie et non par faim. Et ce n’est pas en suivant un régime que l’on fera baisser son niveau de frustration. Bien au contraire. Les restrictions qu’ils imposent sont souvent mal vécues. «Ingérer les aliments «interdits» peut devenir obsessionnel et entraîner des crises de boulimie», ajoute le Dr Durrer Schutz. «A cet égard, même les petits régimes de saison pour perdre ne serait-ce que deux ou trois kilos sont déconseillés. Car, quels que soient la méthode choisie et l’objectif visé, on prend le risque de perturber sa relation à la nourriture, prévient Véronique Di Vetta, diététicienne au sein de la Consultation obésité au CHUV. Le schéma est classique: on se prive avant l’été pour pouvoir mettre son maillot de bain. Une fois les vacances arrivées, on se laisse aller et on se serre la ceinture à la rentrée. Or il vaut mieux rester régulier toute l’année. Le régime amaigrissant est un traitement ponctuel inadapté à une maladie chronique, comme l’obésité».

L'effet yo-yo

La graisse: facile à prendre, difficile à perdre

Il faut d’autant plus se méfier des diètes qui promettent des résultats rapides qu’elles font d’abord fondre la masse maigre (muscles et eau) et non la graisse, l’ennemi numéro un! Or, à force, il en résulte une baisse du métabolisme de base. C’est alors la porte ouverte à une reprise de poids – en premier de la graisse! – qui sera d’autant plus importante qu’on n’a pas renoncé à ses mauvais réflexes alimentaires. A la longue, la composition corporelle se modifie. La proportion du tissu adipeux gagne en effet du terrain. Conséquence: il devient toujours plus difficile de maigrir, ce qui n’est pas sans impact sur l’estime de soi!

Les régimes sont bannis par les spécialistes

Pour toutes ces raisons, les régimes sont bannis par les médecins depuis quinze ans. «Aujourd’hui, il n’y a que de rares indications médicales qui justifient leur prescription», confirme le professeur Pralong. Comment faire alors pour retrouver la ligne sans mettre sa santé en danger? En commençant par bouger plus (au minimum 30 minutes par jour d’effort soutenu cinq jours sur sept) pour augmenter ses dépenses énergétiques. Grâce à l’augmentation de la masse musculaire, la silhouette s’affine. Bien sûr, il convient également de rééquilibrer ses apports en se référant à la pyramide alimentaire «même si elle est profondément ennuyeuse», admet le professeur Pralong. Justement, prêter attention à la qualité et la variété des aliments ne doit pas faire passer le plaisir de la table au second plan! Véronique Di Vetta prône de son côté la prise de conscience: «Il faut se demander comment, quand et pourquoi on mange afin de repérer les mauvaises conduites alimentaires, souvent à l’origine du surpoids.»

En réalité, retrouver une relation saine à la nourriture, gage d’un équilibre pondéral, passe par des gestes simples: manger régulièrement (sans sauter de repas), assis, lentement (vingt minutes au minimum), mastiquer au moins dix fois, savourer, retrouver les sensations physiologiques de la faim et de la satiété pour réguler ses apports, lire les étiquettes, et consommer moins d’aliments précuisinés!

* «Alimentation et surpoids à l’adolescence. Manuel de prévention et ateliers pratiques», Dr Dominique Durrer Schutz et Yves Schutz, Médecine et Hygiène, 2010.

Consulter pour lutter contre l’obésité

Depuis deux ans, le carnet de rendez-vous de la consultation de l’obésité du CHUV à Lausanne explose. Une réalité pas si étonnante quand on sait que 10% de la population suisse souffre d’obésité et que de 20 à 25%est en surpoids. La prise en charge de ces malades chroniques, souvent confrontés à l’échec dans leurs tentatives d’amaigrissement, est pluridisciplinaire. Elle consiste en un bilan médical (cardio-vasculaire, respiratoire, diabétique, etc.), psychologique (recherche d’un trouble alimentaire) et nutritionnel (rythme et structure des prises alimentaires, qualité et quantité des aliments). L’objectif numéro un n’est pas la perte de poids, mais bien sa stabilisation dans la durée.

Gare aux boissons sucrées, même light

Rien de tel qu’un bon verre d’eau pour se désaltérer sans prendre un gramme.Certes,mais l’appel des boissons sucrées est parfois plus fort que cette saine vérité. Attention, toutefois, les calories sucrées absorbées sous forme liquide ne sont pas prises en compte par le cerveau et peuvent ainsi contribuer à la prise de poids, comme l’explique le Dr Dominique Durrer Schutz: «Boire un soda ou un jus de fruits industriel, très riches en calories, n’apaise pas la sensation de faimmalgré l’important apport en sucre.» Et choisir une limonade «light» n’est pas un bon compromis, car les édulcorants sont de faux amis. «Non seulement ils entretiennent le goût pour le sucré,mais ils envoient des signaux trompeurs au cerveau, poursuit-elle. Induit en erreur, ce dernier croit recevoir du sucre et libère de l’insuline. Ceci entraîne un abaissement du taux de sucre dans le sang et peut conduire à une légère hypoglycémie, qui se caractérise par un besoin irrépressible de manger, en particulier du sucre.» De plus, sachant que les produits light en général sont plus pauvres en sucre, on risque d’en consommer davantage. Autant de phénomènes qui font exploser l’apport calorique journalier. De quoi dire adieu à la taille de guêpe!

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