Comment bien digérer les fêtes

Dernière mise à jour 11/01/22 | Article
Beaucoup d’alcool et de mets gras, et parfois peu de sommeil, n’aident pas à commencer l’année en pleine forme. Pas de quoi paniquer lorsque les écarts sont ponctuels. La période est toutefois propice aux accidents évitables. Conseils et mises en garde.

La dinde aux marrons du 24 décembre au soir, puis la fondue chinoise du 25 à midi et le petit Noël «foie gras-saumon fumé-restes de bûche» du 26 mettent l’organisme des joyeux fêtards à rude épreuve. Trop de graisses, trop d’alcool, trop de calories et parfois aussi un peu trop de cigarettes et clairement pas assez de sommeil: le cocktail idéal pour finir l’année avec une gueule de bois et une indigestion et commencer la suivante de la même façon.

Faut-il pour autant renoncer à ces festivités annuelles? «Ce que les gens mangent et boivent entre le 24 décembre et le 1er janvier n’est pas si important, tempère le Dr Dimitrios Samaras, spécialiste en nutrition et perte de poids à Genève. Ce qui est important, c’est l’alimentation qu’ils adoptent entre Nouvel an et le Noël suivant ! Des excès ponctuels ne portent pas à conséquence. Ce n’est donc pas au réveillon qu’il faut faire l’effort de manger sainement, mais tout le reste de l’année.»

Un avis partagé par le Dr Thierry Favrod-Coune, spécialiste en médecine des addictions aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG): «La période des fêtes correspond à une semaine sur cinquante-deux. Cela ne représente donc que 1,9 % de l’année. Les repas trop riches et trop arrosés n’ont pas plus d’impact sur la santé à ce moment qu’à un autre. Ce qui est en revanche dangereux, ce sont les accidents qu’une consommation excessive d’alcool peut engendrer. Ces derniers peuvent avoir des conséquences dramatiques.» Chutes diverses provoquant notamment des fractures, mais aussi accidents de la route dont l’issue peut être bien plus grave sont à éviter. «Rien ne sert de se dire que si on boit trop, on renoncera – le moment venu – à prendre son véhicule, poursuit le Dr Favrod-Coune. Ça ne marche pas! On ne réfléchit pas de la même manière lorsque l’on est sous l’influence de l’alcool. Il faut donc renoncer à aller au repas avec sa voiture ou désigner, à l’avance, un conducteur sobre.»

Jean-Bernard Daeppen, chef du Service de médecine des addictions du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), met aussi en garde les buveurs occasionnels: «Les personnes qui n’ont pas l’habitude de consommer de l’alcool se laissent parfois surprendre par les effets qu’il provoque. Boire sur les pistes, par exemple, ne serait-ce qu’un ou deux verres, peut s’avérer dangereux car le skieur n’aura pas les mêmes réflexes et risque de se blesser.»

Pancréatite, troubles cardiaques et black-out

Même si, en principe, les personnes en bonne santé qui font bombance pendant les fêtes ne devraient pas finir à l’hôpital, il y a malheureusement des exceptions. «Surtout celles qui sont déjà en surpoids et qui abusent des mets gras et de l’alcool courent le risque de faire une pancréatite. Cette inflammation du pancréas provoque de vives douleurs au milieu du ventre qui peuvent irradier dans le dos. Il faut alors se rendre sans tarder à l’hôpital», précise Thierry Favrod-Coune. L’hépatite alcoolique est aussi à craindre chez celles et ceux qui boivent beaucoup et régulièrement et dont le foie est déjà abîmé. L’alcool provoque également des troubles du rythme cardiaque pouvant parfois être graves et nécessiter une hospitalisation, mais pas uniquement. «À partir de 1,5 à 2 pour mille d’alcool dans le sang (ce que l’on atteint en buvant environ dix verres de vin lors d’un repas), un consommateur peut souffrir de black-out. Il fonctionne normalement pendant la soirée, mais ne parvient pas à se souvenir de certains moments, précise Jean-Bernard Daeppen. Entre 2 et 3 pour mille d’alcool dans le sang, il risque le coma éthylique. Si celui-ci survient dans la nature, par temps froid, les conséquences peuvent être dramatiques!»

Une fois les fêtes terminées, le Pr Daeppen suggère de télécharger l’application du Dry January (mouvement mondial qui suggère de ne pas boire d’alcool pendant tout le mois de janvier) afin de se motiver à faire un mois sobre ou moins chargé en boissons alcoolisées. «Les milieux de la prévention recommandent de faire deux jours sans alcool par semaine. Si ce n’est pas possible fin décembre, c’est bien de faire une pause en janvier.»

Les fêtes, ça se prépare

Le Dr Thierry Favrod-Coune, spécialiste en médecine des addictions aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), préconise de ne pas arriver au début de la période des fêtes épuisé: «En mangeant sainement, en faisant du sport et en dormant bien, on arrive au réveillon dans les meilleures conditions possibles pour profiter en minimisant les risques pour la santé.» Inutile toutefois de se priver de nourriture avant le début du marathon gastronomique: «Il n’y a rien de pire que d’arriver au réveillon en étant affamé, explique le Dr Dimitrios Samaras, spécialiste en nutrition et perte de poids à Genève. On va alors se jeter sur la nourriture et manger encore plus. Le mieux est de manger normalement avant les gros repas, quitte à prendre également un petit en-cas en milieu d’après-midi.» Pour Laurence Margot, diététicienne indépendante à Pully, il faut aussi éviter de consommer de l’alcool à jeun: «La nourriture fait office de tampon et ralentit le passage de l’alcool dans le sang. On peut également penser à boire de l’eau tout au long du repas.»

Dans les jours qui suivent, boire beaucoup est impératif pour compenser la déshydratation provoquée par l’alcool. Manger selon son appétit est aussi important. Une soupe avec du pain complet et du fromage frais est un exemple de menu parfait. Les tisanes de menthe poivrée, fenouil, anis, gingembre (efficace également contre les nausées) sont des classiques pour aider la digestion, mais l’eau fait tout aussi bien l’affaire.

 

Les astuces pour ne pas surcharger son organisme

Laurence Margot, diététicienne indépendante à Pully, insiste sur l’importance de savoir doser sa consommation de nourriture en écoutant les signaux du corps. «Cette période se caractérise souvent par trop de repas riches à la suite, trop de plats par repas et de trop grandes quantités consommées à chacun d’eux.» Sans pour autant se priver de foie gras ou de bûche de Noël, la spécialiste suggère à celles et ceux qui invitent de proposer un menu qui comprend plusieurs fruits et légumes: «Une soupe en entrée, une salade en accompagnement du saumon fumé, des tranches d’oranges avec la mousse au chocolat sont des occasions de réduire un peu la part de matières grasses et de protéines que l’on mange sans se sentir frustré.» Et lorsque l’on est invité, ne pas finir son assiette – si elle nous a été servie – devrait être possible sans vexer les maîtres de maison. «Les repas des fêtes sont souvent les mêmes d’années en année. Pourquoi ne pas varier en proposant un brunch, un buffet, un thé à l’anglaise? Cela permettrait d’espacer un peu les festivités et de diversifier les menus.»

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Paru dans Le Matin Dimanche le 26/12/2021

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