Boire de l’eau en toute sécurité

On pense d’abord aux PFAS (pour substances per- et polyfluoroalkylées), parce qu’ils défraient régulièrement la chronique, ces polluants éternels se retrouvant dans les eaux souterraines et les sols. Puis aux pesticides, aux résidus de plomb ou de cuivre (encore en circulation dans de vieilles canalisations), aux germes et bactéries, qui viennent se mêler à l’eau que l’on consomme. De là à avoir peur d’en boire, il n’y a qu’un pas.
Mais pas de panique, l’or bleu est bien surveillé en Suisse. Patrick Edder, chimiste cantonal à l’État de Genève, explique : « L’eau distribuée dans le canton respecte toutes les valeurs maximales émises pour les polluants, y compris les PFAS, notamment en raison de l’effet de dilution de l’eau du lac Léman et des filières de traitement, très efficaces pour la rendre potable. Genève n’a connu aucun incident majeur relatif à l’eau potable ayant conduit à des intoxications. » Même son de cloche du côté du Département fédéral de l’intérieur (DFI), sa porte-parole, Tiziana Boebner-Lombardo, précise : « L’eau du robinet en Suisse peut être consommée sans traitement supplémentaire, y compris sans filtration domestique. Elle est soumise à des contrôles stricts et doit respecter toutes les exigences légales en matière de qualité. »
Écologie et économies
Si tout va pour le mieux au niveau de nos robinets, qu’en est-il de l’eau minérale ? La porte-parole du DFI explique : « Les objets qui entrent en contact avec les denrées alimentaires ne doivent pas avoir d’influence négative sur celles-ci et ne doivent pas mettre en danger la santé des consommateurs. Les plastiques en contact avec les aliments ne peuvent être fabriqués qu’à partir de matières premières autorisées. » Les fabricants sont soumis à des normes strictes, mais, pour éviter une prolifération de bactéries, il est préférable de ne pas boire à même la bouteille et de ne pas laisser surchauffer celles en plastique en plein soleil pendant plusieurs jours.
À noter que les eaux minérales ne se valent pas toutes. « Elles ont des concentrations en électrolytes qui sont différentes, certaines sont riches en bicarbonates, d’autres en magnésium, par exemple. Cependant, aucune n’est, en général, plus intéressante pour la santé que l’eau du robinet. Cette dernière est, en Suisse, plus écologique et économique que l’eau en bouteille », affirme la Pre Sophie de Seigneux, médecin cheffe du Service de néphrologie et hypertension des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Et Patrick Edder de rappeler : « En cas d’incident ou de doute quant à une consommation d’eau sans risque, les Services industriels de Genève (SIG) et les services des chimistes cantonaux informent et émettent des recommandations pour protéger la population. » Les informations sur la qualité de l’eau sont consultables sur le site du canton (ge.ch).
Filtrer, bouillir, est-ce vraiment utile ?
Il existe différentes méthodes pour purifier l’eau :
Utiliser une carafe filtrante : souvent munie d’un filtre à charbon actif, la carafe filtrante sert principalement à diminuer la quantité de chlore, de calcaire et de magnésium présente dans l’eau. Cela peut avoir un effet sur le goût (moins chloré), mais n’en a pas vraiment sur la santé, les normes concernant ces substances étant respectées en Suisse. Cet ustensile préserve néanmoins les appareils électriques qui utilisent de l’eau, en réduisant notamment le calcaire. Les nitrates et les polluants ne sont, par contre, pas éliminés.
Purificateur à osmose inversée : ce dispositif se fixe directement à l’arrivée d’eau (souvent sous le lavabo de la cuisine). Il filtre les minéraux (qui ne sont pas nocifs pour la santé) et les polluants. En Suisse, où l’eau est de bonne qualité, ce système ne présente pas réellement d’utilité.
Bouillir l’eau : ce geste éradique d’éventuelles bactéries, raison pour laquelle la coutume veut qu’on y recoure pour la préparation des biberons des nouveau-nés. Il est superflu si l’eau est fraîchement issue du robinet, mais prend tout son sens si elle a transité un long moment dans un récipient.
Utiliser des pastilles effervescentes : elles sont composées de substances chimiques qui tuent certains virus, bactéries et protozoaires. Elles sont à prévoir quand on n’a pas accès à de l’eau potable, lors d’une randonnée ou à l’étranger.
Pourquoi faut-il boire 1,5 à 2 litres par jour ?
L’organisme est composé de 60% d’eau. Il en perd tous les jours plus de 2 litres. Pour compenser cela, les spécialistes recommandent de boire 1,5 à 2 litres par jour. Cette quantité doit être revue à la hausse chez les sportifs et lorsqu’il fait très chaud. La perte se fait par la vapeur d’eau que nous expirons, par la transpiration et les urines que nous éliminons. En urinant, nous évacuons les déchets du métabolisme qui sont passés par les reins. Pour maintenir un bon équilibre entre l’eau et les électrolytes essentiels au bon fonctionnement des cellules, il faut donc compenser la perte de liquide en buvant et en mangeant. « Un manque d’hydratation entraîne une augmentation du sodium sanguin et une accumulation des déchets. Cela induit une variation de la taille des cellules et des effets potentiels sur différents organes, prévient la Pre Sophie de Seigneux. À l’inverse, si nous buvons de manière très excessive et sans manger, les cellules risquent de gonfler. Avec pour conséquence, dans les cas extrêmes, l’apparition d’un œdème cérébral. En effet, les cellules du cerveau sont particulièrement sensibles à la quantité de sodium et d’eau qui circule dans le sang. »
Le corps humain étant bien fait, il suffit, en principe, d’écouter sa soif pour rester correctement hydraté. Cependant, les personnes âgées perdent cette sensation et peuvent donc plus facilement se déshydrater sans s’en rendre compte. C’est pourquoi il est important d’être attentif à ce groupe de population, tout comme à celui des jeunes enfants, qui n’expriment pas forcément leur sensation de soif.
