Pour le cœur des femmes, la sédentarité est plus grave que l’obésité

Dernière mise à jour 03/06/14 | Article
Pour le cœur des femmes, l’obésité est plus grave que la sédentarité
Le manque d’exercice physique serait également plus dangereux que le tabac et que l'hypertension artérielle.

Les maladies cardiovasculaires sont l'un des maux du siècle. Selon les chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elles sont aujourd'hui la première cause de mortalité dans le monde. D'ici 2030, plus de 23 millions de personnes pourraient succomber à ces pathologies (notamment la cardiopathie coronarienne et l'accident vasculaire cérébral).

Pour lutter contre ce fléau, l'OMS met en garde contre le tabagisme, l’obésité, le manque d’activité physique (sédentarité), ainsi que contre l’hypertension artérielle. Ce sont là les quatre principaux facteurs de risque. Ils sont à eux seuls à l’origine de plus de la moitié des accidents cardiovasculaires.

Des chercheurs de l'University of Queensland (Australie) se sont penchés sur ces quatre facteurs de risque. Leur objectif: les classifier par tranches d'âge (de 22-27 ans à 85-90 ans) afin d'établir une hiérarchie des dangers chez les femmes australiennes adultes.

Sédentarité de la trentenaire

Les auteurs de l'étude, récemment publiée dans le British Journal of Sports Medicine1,ont revu les estimations établies par une grande étude australienne (plus de 32 000 participantes suivies depuis 1996). Ils se sont également appuyés sur le risque relatif de chacun des quatre facteurs (tabac, obésité, manque d'exercice, hypertension).

Selon leurs résultats, le tabagisme, qui était en tête de liste des menaces évoquées par l'OMS, est le premier facteur de risque chez les femmes âgées de 22 à 27 ans. C’est malheureusement une confirmation. Mais la véritable surprise est venue de la tranche d'âge suivante: autour de la trentaine, la consommation de tabac perd alors la première place, supplantée par le manque d'activité physique.

«De plus en plus de femmes commencent à arrêter la cigarette en vieillissant, et l'inactivité physique devient alors la première source de pathologie cardiovasculaire chez les personnes que nous avons observées», explique Wendy Brown, co-auteure de cette étude australienne. La sédentarité est rarement la première à être pointée du doigt par les professionnels de la santé, alors même qu’elle représente une plus grande menace que le tabac et l'obésité pour le cœur des Australiennes de plus de trente ans.

Contre le tabac et la sédentarité

La parade? Le mouvement, tout simplement. Rien de bien méchant. Les chercheurs expliquent que si chaque femme, à partir de trente ans, pratiquait une activité physique modérée (pendant deux heures et demie par semaine), il serait possible de prévenir plus de 2600 morts prématurées sur le seul territoire australien. «Nous devons certes continuer à encourager l'arrêt du tabac, mais nous devrions également redoubler d'efforts pour lutter contre l'inactivité physique», assure Wendy Brown.

Ce conseil ne vaut pas que pour l’Australie: il devrait être entendu et adopté dans l’ensemble du monde industrialisé. Le quotidien britannique The Independent rappelait récemment que les autorités sanitaires des pays du monde développé s'inquiètent de la forte inactivité qui mine leurs populations, tout particulièrement les femmes. Aux Etats-Unis, des études ont ainsi montré que les hommes ont plus tendance à pratiquer une activité physique que les femmes.

Défiscaliser?

Même constat en Suisse: selon une enquête de 2007 citée par la Fondation suisse de cardiologie, 18% des femmes helvètes sont inactives («Pas de sport, gymnastique ou fitness, ni aucune activité physique qui fasse transpirer»);14% chez les hommes. Chez les 25-34 ans, l'écart est encore plus notable: 16% d'inactivité chez les femmes suisses; 9% chez les hommes.

C'est dire si le problème est réel, répandu et urgent. Comment pousser l'ensemble de la planète à enfiler sa tenue de sport? Une hypothèse à expérimenter serait de déduire des impôts l'inscription en salle de gym.

1. Un résumé technique (en anglais) de cette étude est disponible ici

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