L’art de tenir ses bonnes résolutions

Dernière mise à jour 09/02/16 | Article
L’art de tenir ses bonnes résolutions
Dresser une liste de nos envies de changement, c’est simple. Le défi: les concrétiser sur le long terme.

C’est décidé, j’arrête la cigarette, l’alcool, les chips, et je me mets au sport! Des plus sincères à l’instant où elles sont prononcées, nos bonnes intentions ont souvent du mal à surmonter l’épreuve du temps et des circonstances. Deux week-ends de pluie d’affilée et voilà la reprise du sport remisée au placard en même temps que les baskets flambant neuves. «Tant qu’ils sont à l’état de "bonnes résolutions", nos désirs de changement sont extrêmement fragiles, confirme le Dr Christophe Uldry, pneumologue à l’hôpital de Rolle (Groupement hospitalier de l’Ouest lémanique). Tout l’enjeu est de transformer ces bonnes résolutions en nouveaux comportements faisant partie intégrante de notre vie.»

Valeurs profondes

La marche à suivre? «Une bonne résolution ne survient généralement pas par hasard, souligne le médecin. Qu’il s’agisse d’une circonstance exceptionnelle qui a bousculé notre quotidien, d’une contrariété liée à l’un de nos "travers" ou d’une date anniversaire propice à de nouveaux élans, il est précieux de s’appuyer sur l’envie de changement qui surgit et sur un calendrier favorable.» Une première étape d’introspection est incontournable pour consolider le projet et comprendre ce qui l’a empêché jusque-là.

«Quel que soit le comportement que l’on veut changer, il faut bien nous avouer qu’il a eu sa raison d’être, confirme Valérie Rossier, psychologue à la Section d’addictologie du Centre hospitalier universitaire vaudois à Lausanne. Faire la liste des "plus" et des "moins" attachés à une mauvaise habitude, ainsi que celle des avantages et des inconvénients amenés par le changement, permet d’avoir une vue d’ensemble précieuse et motivante. Une valeur peut être attribuée à chaque élément listé, sous la forme d’une note de un à dix, par exemple.»

Une personne désireuse de ne plus fumer pourra ainsi estimer mineure la motivation associée à l’odeur plus fraîche de ses vêtements s’il arrête la cigarette, mais juger déterminante celle liée au bon exemple qu’il donnera à ses enfants. «Les arguments liés à des valeurs profondes sont très porteurs, note la psychologue. Si cet état des lieux, établi seul ou avec l’aide d’un thérapeute, nous ébranle, c’est bon signe, cela constitue une première étape.»

Arrêter de fumer, un défi à part

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 57%* des fumeurs (quotidiens) souhaitent  arrêter de fumer. Le taux de réussite d’une tentative spontanée? 0,5 à 3% seulement. Rassurant tout de même: plus d’un ex-fumeur sur deux* indique  avoir arrêté la cigarette après une ou deux tentatives. Derrière ces chiffres,  une  réalité. «La nicotine est une substance extrêmement addictive et un tournant parfois difficile est à négocier pour se soustraire à la dépendance, indique  le Dr  Christophe Uldry, pneumologue à l’hôpital de Rolle (Ghol). Mais les moyens existent et si l’envie d’arrêter survient, il ne faut pas la laisser passer!» Et pour cause, entre autres: le tabagisme est en Suisse la première cause de mortalité évitable. Les clés du succès? «Oser se faire aider par un médecin si besoin, se fixer une date d’arrêt, informer ses proches pour avoir leur soutien, se motiver au jour le jour, fuir les tentations, et ne pas croire que rallumer une cigarette va être anodin, répond le spécialiste. Lorsque l’on a été dépendant à une substance, elle ne nous laissera plus jamais indifférent. Toutefois, les rechutes font partie du processus, elles ne sont surtout pas à vivre comme des échecs définitifs.»

* Source: OFS.

Politique des petits pas

Ne reste plus qu’à se lancer, concrètement mais sans mettre la barre trop haut. «Les actes doivent être posés en adoptant la politique des petits pas, conseille Valérie Rossier. Par exemple, reprendre le sport à raison d’une fois par semaine seulement au départ, attendre midi pour allumer sa première cigarette… et pas plus dans un premier temps: mieux vaut opter sur des objectifs à court terme et réalistes que des injonctions trop radicales.» Une position partagée par le Dr Uldry: «Le plus important est de mettre en route le nouveau comportement, puis d’être patient. Les bénéfices qui vont apparaître renforceront d’eux-mêmes la motivation, jusqu’à ce que la bonne résolution devienne un fonctionnement intégré à notre mode de vie.»

Détermination, bienveillance

Mais le chemin peut être tortueux. «Se délier d’une mauvaise habitude demande un effort continu, concède Valérie Rossier. La démarche doit donc se faire avec détermination, mais aussi avec bienveillance envers soi-même. En parallèle des efforts, il faut prendre le temps de se faire plaisir, se féliciter de ses propres succès.» Et surtout, ne pas s’effondrer au premier échec. «La rechute fait partie du processus, insiste le Dr Uldry. Opérer un changement important dans sa vie est à l’image d’une spirale: on avance en s’éloignant du point de départ. Même si un grain de sable stoppe l’avancée, on ne revient pas à la case «départ». L’espace de quelques jours ou de quelques semaines, le corps s’est remis en mouvement ou s’est déshabitué d’une substance, c’est déjà un progrès. Cette expérience est un gage de réussite pour la suite.» Et de conclure: «Vis-à-vis de nos bonnes résolutions, le seul échec est de ne rien tenter.»

Encourageant

Selon une étude de l’Université de l’Iowa (Etats-Unis), cinq à dix minutes de course par jour permettent déjà de réduire les risques de maladies cardiovasculaires et de mortalité prématurée. Dans les faits, en Suisse, 72% de la population (76% des hommes et 69% des femmes) suivent les recommandations d’au moins 150 minutes d’activité modérée par semaine. Un score honorable, en hausse de surcroît, puisque la proportion de personnes suffisamment actives n’était que de 62% en 2002. (Source: Office fédéral de la statistique)

Alcool

Ennemi bien connu de la mémoire, l’alcool agit de façon ravageuse aussi sur le long terme. Une étude menée par la faculté de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) dévoile qu’une consommation excessive d’alcool autour de la quarantaine double les risques de troubles cognitifs graves et de perte de mémoire plus tard dans la vie.

Surpoids

Passé 35 ans, un homme sur deux est en surpoids en Suisse. Sur l’ensemble de la population, 41% des individus sont en surpoids ou obèses: 51% des hommes et 32% des femmes. La satisfaction vis-à-vis de son corps n’est pas la même pour tous: 43% des hommes obèses se disent satisfaits de leur poids, contre une sur trois du côté des femmes. (Source: Office fédéral de la statistique)

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