Tobias Richter: «La musique est un moyen thérapeutique»

Dernière mise à jour 27/10/15 | Article
Tobias Richter
En 1972, il décroche son premier emploi au Grand Théâtre de Genève comme assistant metteur en scène. Trente-sept ans plus tard, après avoir dirigé les opéras de Kassel, de Brême et de Düsseldorf, Tobias Richter réintègre le Grand Théâtre de Genève, mais cette fois-ci, comme Directeur général. Amoureux de la musique et de la scène, il nous raconte son parcours.

P.S.: Comment êtes-vous tombé dans la musique classique?

T.R.: C’était dans mon berceau. Mon père étant chef d‘orchestre, j’ai grandi avec la musique. Je n’y suis pas arrivé, j’y étais déjà. Cela dit, mon ambition n’a jamais été de devenir musicien professionnel. N’ayant pas le talent et le génie de mon père, Karl Richter, qui était un personnage exceptionnel, mon ambition s’est tournée vers la mise en scène, qui représentait, à l’époque, un nouvel enjeu de l’art lyrique.

Un nouvel enjeu que vous avez décidé d’incarner puisqu’avant de devenir directeur vous avez été, avant tout, metteur en scène...

Oui, mon premier métier est celui d’artiste, de metteur en scène. C’est là que j’ai trouvé mon idéal, la mise en scène d’opéra étant la synthèse parfaite entre la scène, c’est-à-dire le lieu où domine d’habitude la parole, et la musique. J’ai donc choisi pour métier le théâtre en général, avec tout ce qu’il comprend. Le fait que je sois ensuite devenu directeur d’une troupe, puis d’une institution, relève du hasard et des circonstances.

Quel type de directeur êtes-vous?

Il faut savoir que la mission d’un directeur d’opéra est toujours d’ériger, dans des conditions possibles, une programmation presque impossible. Je dois parvenir à créer un mélange qui stimule la curiosité des gens, qui permette la création et la découverte tout en restant un opéra appréciable par tous.

Etre directeur d’une institution comme le Grand Théâtre de Genève comprend une multitude de contraintes. Que feriez-vous si vous disposiez d’une plus grande liberté?

Je programmerais davantage de créations contemporaines avec, bien sûr, des artistes de première catégorie. Mais pour cela, je manque en effet d’indépendance financière. Lorsque vous devez gagner plus de 30% de votre budget que ce soit par la billetterie ou par ce que nous appelons les appuis extérieurs, vous devez aussi limiter vos risques. Or, présenter un compositeur contemporain avec une œuvre créée aujourd’hui, c’est magnifique, mais ça coûte extrêmement cher et ça rapporte significativement moins au niveau de la billetterie. C’est donc regrettable, mais c’est aussi un des magnifiques défis du métier.

La musique aide-t-elle à développer une ouïe particulière?

Non, je ne le pense pas. On a l’oreille musicale ou on ne l’a pas! Prenez par exemple la notion d’oreille absolue. Certaines personnes ont cette aptitude rare à reconnaître toujours la même note sans référence auditive préalable. L’inverse de l’oreille relative, commune à tous les musiciens professionnels, qui consiste à reconnaître les notes à partir d’une référence sonore donnée.

En quoi la musique peut-elle faire du bien au psychisme?

Depuis toujours, la musique est considérée comme un remède pour remonter le moral. Aujourd’hui, elle est reconnue comme un moyen thérapeutique qui doit être adapté à la pathologie à soigner. On sait que la musique est liée à la motricité et au mouvement par exemple, en ce sens la musicothérapie peut être conseillée lors de rééducations.

Beethoven était sourd. Est-ce pour vous la pire des maladies?

Comme on y survit, la surdité n’est pas la pire des maladies pour moi. Il y a des maladies bien plus terribles comme le cancer par exemple. Je dirais qu’être sourd est l’une des plus grandes tragédies.

Si vous pouviez programmer l’opéra de votre choix, libre de toute contrainte, lequel choisiriez-vous et avec quel metteur en scène et chef d’orchestre?

Je programmerais le Falstaff de Verdi, dirigé par Carlos Kleiber et mis en scène par Giorgio Strehler.

Et s’il s’agissait d’un concert au Septembre musical de Montreux, festival que vous dirigez également?

Je regrette de n’avoir pu programmer la philharmonie de Saint-Pétersbourg sous Mariinsky, l’un des plus grands chefs d’orchestre de tous les temps, dirigeant la 6e de Tchaïkovski.

Si vous étiez étudiant en médecine, vers quelle spécialité vous orienteriez-vous d’instinct?

Vers la psychiatrie. Il fut d’ailleurs un temps où je voulais devenir psychiatre. Mais au niveau de la recherche, c’est l’oncologie que je trouve extrêmement intéressante. Que nous ne parvenions pas à trouver un remède contre le cancer reste pour moi inexplicable.

Votre péché mignon?

Le café napolitain.

Votre animal préféré?

L’ours, surtout polaire, est un animal qui me fascine. Le crocodile aussi, savez-vous pourquoi? Lorsqu’il est en danger ou dans une situation difficile, il a la capacité de faire baisser la température de son sang. Je trouve cela génial. Au lieu de s’énerver, il baisse sa température.

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