«Notre corps est notre outil de travail»

Dernière mise à jour 08/12/22 | Questions/Réponses
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Plus jeune médaillée olympique de l’histoire de l’escrime, Sophie Lamon voit soudain sa carrière stoppée net à 25 ans, suite à un problème à la hanche. Commence alors une seconde vie pour cette infatigable battante, bien décidée à remporter un nouveau défi: allier vie de famille et vie professionnelle. Rencontre.

Bio express

8 février 1985 Naissance à Sion.

1990 Commence l’escrime à 5 ans.

2000 Remporte la médaille d’argent par équipes aux Jeux olympiques d’été de Sydney et devient, à 15 ans, la plus jeune escrimeuse médaillée olympique de tous les temps.

2009 Se marie avec Silvio Fernandez, avec qui elle a trois enfants.

2011 Met fin à sa carrière d’escrimeuse.

De 2012 à 2018 Devient manager sportive de la Fédération suisse d’escrime.

Depuis 2018 Travaille pour Omega en tant que cheffe de projet en marketing du sport.

    

Vous avez commencé l’escrime toute petite. C’était une histoire de famille?

Sophie Lamon Oui, mes parents étaient tous les deux escrimeurs. Ils ont transmis cette passion à mon frère et à moi. Mon père a été mon entraîneur jusqu’à mes 18 ans et l’escrime était vraiment un moment de partage en famille. 

Avez-vous à votre tour transmis cette passion à vos enfants?

C’est difficile à dire pour l’instant! Mon mari (Silvio Fernandez, ndlr) a aussi été escrimeur de compétition, il est maintenant entraîneur. L’escrime est donc encore très présente dans nos vies. Ma fille aînée a essayé un peu mais n’a pas trop accroché. Mon fils de 7 ans aime bien, mais surtout parce que c’est un moment privilégié avec son père. Quant au petit dernier de 3 ans, il est encore trop jeune pour pratiquer, mais nous imite avec des épées en mousse à la maison. Dans tous les cas, quoi qu’ils décident de choisir comme sport, je les soutiendrai. 

Quel est le plus beau souvenir que vous gardez de vos compétitions?

La médaille olympique reste bien sûr quelque chose d’important. Mais avec le recul, ce que je retiens de toutes ces années, c’est surtout l’expérience de vie en elle-même, avec les rencontres, les voyages, les moments partagés. Cela n’a pas de prix. 

En 2011, à 25 ans, vous mettez un terme à votre carrière suite à des problèmes à la hanche. Cela a dû être une décision difficile à prendre…

Oui, en effet. Ce n’était pas du tout dans l’ordre des choses. À cette époque-là, je ne pouvais pas concevoir mon sport sans faire de compétition. Pourtant, à 20 ans, lors de ma première opération, les médecins m’avaient prévenue: j’étais en sursis. J’ai continué à tirer sur la corde mais je souffrais de plus en plus, en m’entraînant, en dormant… je ne pouvais pas continuer cette vie-là, ma santé future en dépendait. Ça m’a pris du temps pour digérer cette décision, car je ne l’avais pas choisie, mais mon corps me l’a imposée. 

En tant que sportive de haut niveau, comment gère-t-on ce corps qui ne répond pas toujours comme on le voudrait?

Notre corps est notre outil de travail. On peut l’entretenir, en prendre soin… Mais même si on se donne les moyens d’en tirer le maximum, on a tous nos propres limites. Ma blessure à la hanche était liée à des problèmes congénitaux, je n’y pouvais rien. Il y a des éléments qu’on ne maîtrise pas et il faut savoir les accepter. 

Quelle activité pratiquez-vous aujourd’hui?

Je fais du sport tous les jours. C’est essentiel à mon bien-être. J’ai un fort besoin de dépense physique, que ce soit via le fitness, la natation, le vélo… que j’imbrique dans ma vie de famille et professionnelle: sur ma pause déjeuner, tôt le matin ou tard le soir. C’est mon échappatoire. 

Lors de vos années de compétition, vous aviez une routine alimentaire stricte. À quoi ressemble votre assiette aujourd’hui?

Ces années de sport à haut niveau m’ont appris à savoir quels aliments me conviennent et lesquels non. J’ai conservé certaines habitudes comme l’alimentation dissociée (qui consiste à préconiser ou éviter certaines associations de groupes d’aliments, ndlr). C’est une rigueur qui me convient, mais que je n’applique pas de façon aussi extrême qu’avant. Je sais aussi me faire plaisir de temps en temps, quand je vais au restaurant par exemple. 

Que veut dire «être en bonne santé» pour vous?

Tout d’abord, se sentir bien dans son corps et dans sa tête. Avoir une bonne hygiène de vie avec une routine sportive adaptée, c’est déjà mettre toutes les chances de son côté…

Et ne pas oublier de se faire plaisir! 

Une phrase que vous répétez souvent?

«C'est impossible, dit la Fierté. C'est risqué, dit l'Expérience. C'est sans issue, dit la Raison. Essayons, murmure le Cœur», de William Arthur Ward (écrivain).

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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2022.

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