Natascha Villar: «J’ai rapidement vu mon corps changer et j’ai aimé ça»
Bio express
30 janvier 1979 Naissance à Fribourg.
Depuis 2003 Travaille comme policière d’abord à Fribourg, puis depuis 2007 à Nyon.
Mai 2017 4e au championnat WABBA (World Amateur Body Building Association), catégorie «shape».
Juillet 2017 3e au championnat d’Europe IBFA (International Bodybuilding Fitness Association) en Italie, catégorie «shape».
2019 Remporte le titre de «Miss Fitness» de la Fédération WABBA.
Qu’est-ce qui vous plaît dans cette discipline?
Natascha Villar Le bien-être qu’on ressent. J’ai remarqué que les périodes où je ne m’entraîne pas, je dors beaucoup moins bien et je suis plus nerveuse. La salle, c’est également pour moi un défouloir après le travail. Ça peut paraître très simple de soulever des poids mais en fait, tout est calculé. Ça demande beaucoup de concentration, ce qui permet de totalement déconnecter. Et puis cette rigueur des entraînements m’apprend beaucoup sur moi, sur ma force de caractère.
Comment êtes-vous arrivée dans ce milieu?
Un peu par hasard! Enfant, je ne faisais pas du tout de sport, je détestais ça. Puis j’ai rencontré mon premier amoureux, un bodybuildeur, qui m’a emmenée dans une salle de fitness. J’ai découvert la machine du «développé-couché» (soulever une barre en étant allongé sur le dos, ndlr) et ça a été une révélation. J’ai tout de suite pris du plaisir, j’ai vu mon corps changer rapidement et j’ai aimé ça. Par la suite, j’ai toujours voulu aller plus loin, dépasser mes limites.
Être en bonne santé, qu’est-ce que cela signifie pour vous?
C’est ma priorité numéro un. J’ai une bonne hygiène de vie: je dors minimum huit heures par nuit, je ne fume pas, je bois occasionnellement, et je suis aussi très attentive à mon alimentation. C’est un tout qui fait que je me maintiens en bonne santé malgré l’effort physique et l’exigence de mon métier.
Justement, l’alimentation est la partie centrale de votre discipline. Ce n’est pas trop difficile?
Depuis très jeune, j’ai une certaine maîtrise de mon alimentation. J’ai toujours pesé mes aliments, même sans faire de sport. Avec la compétition, je dois respecter les phases de prise de masse musculaire et de «sèche» (perte de graisse en vue d’une compétition). J’ai un métabolisme qui fait que je peine à prendre du poids, donc pour moi le plus difficile est la prise de masse. J’ai procédé à une prise de masse sur deux ans avant de me représenter à un championnat. A souligner que dans ces programmes, on ne prend pas en compte les kilos sur la balance mais le pourcentage de taux de graisse.
Concrètement, de quoi se compose votre assiette?
Tout est calculé au gramme près! Je mange toutes les trois heures environ, quelle que soit la phase dans laquelle je suis. Pendant la prise de masse, je favorise les hydrates de carbone (riz, patates douces, etc.), et en phase de sèche, j’augmente la quantité de protéines et de lipides, et je diminue les hydrates. C’est un rythme à prendre!
Le moindre écart est-il néfaste?
Oui, j’en ressens tout de suite l’influence sur mes performances. Car le corps n’est plus habitué à des repas trop riches ou à l’alcool. Dans mon programme nutritionnel, je m’autorise trois «cheat-meals» (écarts) par semaine en période de prise de masse, un en période de sèche, et zéro pendant le dernier mois de préparation avant une compétition.
À quoi ne pouvez-vous vraiment pas résister?
Mon péché mignon, c’est un bon pain croustillant de chez le boulanger. Je le prends toujours complet ou aux céréales.
Vous êtes-vous déjà dit que vous aviez poussé votre organisme au-delà de ses limites?
Oui, ça m’est déjà arrivé en période de sèche. J’ai tellement suivi à la lettre la diète de mon préparateur physique que j’ai commencé à avoir la tête qui tournait, à me sentir mal. J’ai eu des problèmes de tension et j’ai dû procéder à une recharge le temps d’un week-end.
Le bodybuilding s’apparente à un culte du corps parfait. Est-ce une préoccupation centrale pour vous?
Je reconnais que ce que j’aime dans ce sport, c’est voir mon corps changer. Lorsque je ne m’entraîne pas, j’ai l’impression de ne ressembler à rien. Mais je ne veux pas non plus perdre ma féminité.
Comment gérez-vous alors le vieillissement inévitable du corps?
Aujourd’hui je suis très satisfaite de mon physique et j’apprends à accepter les signes du temps: les cheveux blancs, les rides. Mais on me donne souvent beaucoup moins que mon âge, et je ne vais pas mentir: ça me fait très plaisir! Mais ce qui compte, c’est l’état d’esprit. Rester jeune dans la tête.
Vous allez souvent chez le médecin?
Non, très peu car je suis rarement malade. En revanche, en complément du sport, je fais des massages régulièrement car mon corps est mis à rude épreuve au niveau articulaire et musculaire. Deux à trois fois par an, principalement en période de sèche et après un concours, je fais une prise de sang pour m’assurer que je n’ai pas de carences. Je consulte aussi très régulièrement un naturopathe qui me recommande parfois des compléments alimentaires – iode, fer, vitamine C, oméga 3 – en plus des recommandations de mon préparateur.
À vous écouter, on comprend que cette discipline, tout comme votre métier, demande beaucoup de rigueur. N’avez-vous pas parfois envie de lâcher prise?
On a toujours des hauts et des bas, des moments où on se demande «Pourquoi je fais ça? Qu’est-ce que ça m’apporte?». Et puis c’est une rigueur qui isole socialement, les gens ne comprennent pas toujours. Parfois oui, je me remets en question. Mais ça passe, c’est un choix de vie.
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir?
Une bonne santé. Et d’atteindre mon objectif suprême : me présenter à la Fédération IFBB, qui n’est plus un niveau amateur mais professionnel… rendez-vous en 2021!
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Paru dans le hors-série « Votre santé », La Côte, Novembre 2019.