Flavie Capozzi: «Ce défi était un accomplissement personnel, mais aussi une façon d’aider les autres»

Dernière mise à jour 14/11/20 | Questions/Réponses
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31 heures et 19 minutes. C’est le temps qu’il a fallu à Flavie Capozzi pour traverser, dans la longueur, le lac Léman à la nage. Un exploit sportif, mais aussi un bel élan solidaire qui a permis de lever des fonds pour des associations. Et la jeune professeure de natation ne compte pas s’arrêter là: elle nous parle aujourd’hui de son nouveau défi, qui s’annonce non moins incroyable que le précédent…

Bio express

10 janvier 1998  Naissance à Nyon (VD).

Depuis 2016  Professeure de natation à la piscine de Bassins.

Mars 2019  Décès de sa marraine des suites du cancer, à qui elle dédie sa traversée.

23-24 août 2019  Traversée du Lac Léman en longueur – soit 75 km – en 31 heures et 19 minutes.

     

Parlez-nous de cette traversée du lac en 2019. Comment ce défi est-il né?

Flavie Capozzi J’ai toujours été une grande sportive, j’ai commencé la natation toute petite et j’ai fait du triathlon. Enfant, je me souviens avoir dit à mon père, alors que nous étions en voiture sur une route qui surplombait le lac, «un jour je le traverserai!». Cette idée a germé au fil des années et en 2019, je me suis dit que c’était le moment de mettre en place ce projet.

Ce défi était aussi destiné à soutenir l’Association romande en faveur des familles d’enfants atteints d’un cancer (ARFEC) et Handi-Capable, qui aide les enfants et les adultes en situation de handicap. Pourquoi cet engagement vous tenait-il à cœur?

C’était un gros défi dans lequel je m’embarquais, je n’avais pas envie de le faire dans le vide. Bien sûr, c’était aussi un accomplissement personnel, mais je me suis dit que si ça pouvait aider des gens dans le besoin, alors il fallait en profiter.

En 2022, vous vous êtes fixé de faire l’aller-retour… Pourquoi un tel challenge?

J’ai toujours dit à mon entourage que si l’aller se passait bien, je ferais quelque chose de plus grand. J’ai toujours eu en tête de faire l’aller-retour, c’est la suite logique de ce défi. Là encore, je vais le faire en soutien à l’association Morija, au Bouveret, qui aide à la construction de puits dans des villages isolés de l’Afrique Subsaharienne. Ce paradoxe – pouvoir nager dans des tonnes d’eau tandis que des régions du globe n’ont toujours pas accès à l’eau courante – m’interpelle beaucoup.

Logistiquement, comment vous êtes-vous organisée? Une équipe médicale vous suit-elle durant la traversée?

Oui, sur le bateau étaient présents en permanence – outre quelques proches – mon médecin, un physio et une masseuse. Toutes les 20 minutes, je m’accrochais au bateau pour me ravitailler et éventuellement avoir quelques massages ou me réchauffer, afin de reprendre des forces. Je suis aussi montée dans la cabine pour dormir 15 minutes… mais dans ces cas-là, le bateau s’arrête, bien sûr.

Est-ce important pour vous de vous fixer des buts?

Dans la vie de tous les jours, je suis une personne assez compétitive. La routine, le quotidien m’ennuient vite. Avoir un but me permet de me focaliser sur quelque chose de nouveau pour avancer. J’aime aussi dépasser mes limites, aller plus loin que là où je suis capable d’aller chaque jour.

Pendant la traversée, l’idée d’arrêter ne vous a jamais traversé l’esprit?

Jamais! Beaucoup de personnes m’ont dit que je risquais de ne pas aller au bout. Pour moi, il était hors de question d’abandonner. Je savais que j’étais capable de le faire. Je connais bien mes limites et ça a été mon point fort, je me suis beaucoup écoutée. Je savais jusqu’où je pouvais pousser mon corps, comment il fallait que j’appréhende ce défi.

À quoi pensez-vous quand vous nagez?

À tout. Toute ma vie défile, j’ai le temps de tout revoir. Ce sont les seuls moments où je me retrouve face à moi-même. Ça me permet de penser à des choses très terre à terre, comme des factures à payer, mais aussi à des choses plus importantes!

Avez-vous été attentive à votre alimentation pour la préparation de ce défi?

L’alimentation est vraiment mon point faible, je ne suis pas très stricte et peu régulière. Je fais le yoyo: je peux ne rien manger pendant une semaine puis manger très mal et à n’importe quels horaires la semaine d’après. Pendant mes entraînements, j’ai été suivie par une nutritionniste qui m’a aidé à réapprendre à manger correctement et à trouver une stabilité. J’ai pris une quinzaine de kilos – surtout de la masse musculaire – afin de gagner en énergie.

D’autres paramètres ont-ils un lien direct avec vos performances?

Le sommeil est très important pour moi et un entraînement peut s’avérer vraiment difficile si je n’ai pas bien dormi. Je suis aussi quelqu’un de très stressée dans la vie de tous les jours. Généralement, ça passe durant les entraînements, mais avant et après, j’ai la tête polluée de tout un tas de questions.

Utilisez-vous les médecines alternatives pour vous soigner?

Ma masseuse utilise beaucoup les massages énergétiques. Je fais aussi des bains froids après les entraînements, qui aident notamment mon corps à s’habituer à l’eau froide du lac.

Comment traversez-vous la crise sanitaire actuelle? Êtes-vous inquiète?

Pas vraiment. Mes parents m’ont plutôt élevée dans l’idée de ne pas m’inquiéter pour ma santé. Le virus en soi ne me fait pas peur. Ce qui me fait peur, ce sont les gens qui ne respectent pas leur quarantaine ou les gestes barrières et qui mettent en danger les autres.

L’adjectif qui vous qualifie le mieux?

Têtue.

Un proverbe, un mantra?

« Ne limite pas tes défis, mais défie tes limites. »

________

Paru dans le hors-série « Votre santé », La Côte, Novembre 2020.

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