Le vélo électrique, une réponse à la sédentarité?

Dernière mise à jour 28/03/22 | Article
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Le vélo à assistance électrique a le vent en poupe. Ce moyen de transport pratique et écologique présente-t-il un intérêt pour la santé? L’utiliser pour ses déplacements quotidiens équivaut-il à faire de l’exercice physique? Réponses d’experts.

Dans les villes romandes, l’engouement pour les vélos électriques dans leur version simple, cargo ou triporteur est réel. Plus silencieux et surtout plus écologiques qu’une voiture, ces véhicules ont toujours plus de succès. De nombreuses communes subventionnent même leur achat pour favoriser la mobilité douce dans l’espace urbain. Si le vélo électrique est bon pour la planète et la quiétude des citadins, qu’en est-il des bénéfices sur la santé des cyclistes, sachant que le coup de pédale n’est pas forcément déterminant pour monter les pentes escarpées et que l’effort physique est réduit grâce à l’assistance électrique? Est-ce que le temps de trajet à vélo électrique peut être comptabilisé en minutes d’activité physique (lire l’encadré)? Ces questions méritent d’être posées. Car comme le rappelle le Pr Jacques Cornuz, directeur d’Unisanté à Lausanne, «la sédentarité nuit fortement à notre santé. Elle est l’un des facteurs de risque majeurs des maladies chroniques non transmissibles, elles-mêmes responsables d’une large part de la mortalité précoce dans le monde».

Bouger régulièrement permet, on l’aura compris, de prévenir les maladies chroniques et de rester en bonne santé. Les bénéfices peuvent être observés en cas d’activité physique d’intensité modérée (avec un léger essoufflement) et augmentent si l’intensité de l’effort est plus importante, avec un plus grand bénéfice chez les personnes inactives devenant modérément actives.

Vélo standard versus électrique

Le vélo standard, à moins d’une pente descendante, a besoin de la force de nos mollets pour avaler des kilomètres. Les études qui se sont penchées sur ses bienfaits pour la santé montrent une corrélation inverse entre le recours à la mobilité douce et l’obésité ou les facteurs de risque cardiovasculaires en lien avec les effets physiologiques du pédalage. Plusieurs recherches rapportent par ailleurs une baisse de la mortalité chez les personnes se rendant au travail à vélo et une amélioration de la condition physique en général.

Avec un vélo électrique, l’assistance du moteur peut être nulle, modérée ou élevée. Il faut aussi en distinguer deux types, ceux dont la vitesse est limitée à 25 km/h et ceux qui peuvent aller jusqu’à 45 km/h, moyennant une immatriculation de type «cyclomoteur léger» et exigeant le port d’un casque. Dans les deux cas, un effort est nécessaire pour activer l’assistance électrique. Quelques études ont essayé de quantifier l’effort fourni par ce biais, notamment grâce à un indice «MET» (metabolic equivalent of task), qui compare entre elles les intensités de différentes tâches du quotidien (vaisselle, ménage, cuisine, tonte du gazon, etc.) et d’activités physiques de type «sports et loisirs» (marche, vélo standard, yoga, jogging, roller, football, etc.). «Avec un vélo électrique, l’intensité de l’effort mesuré peut être qualifiée de modérée et peut représenter le début d’un effort vigoureux dans une ville vallonnée comme Lausanne», indique le Dr Boris Gojanovic, spécialiste du sport à l’Hôpital de la Tour à Meyrin et médecin agréé au Centre SportAdo du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Bien sûr, cette intensité varie en fonction du degré d’assistance choisi et de la puissance du moteur, mais globalement, le vélo électrique peut être considéré comme un moyen de transport actif dont l’effort est supérieur à la marche, mais inférieur au vélo standard. Il présente en outre d’autres avantages. Celui par exemple d’atteindre plus rapidement son lieu de destination, sans devoir se doucher et se changer à l’arrivée au travail.

Conclusion, le vélo électrique est une option de mobilité douce convaincante, y compris pour la santé, à condition d’être prudent et d’avancer casqué! Les moins sportifs peuvent donc sans autre se laisser porter par cette tendance qui leur permettra d’augmenter leur part d’activité physique au quotidien, même dans les villes les plus vallonnées.

Le saviez-vous?

L’organisation mondiale de la santé (OMS) recommande, par semaine, au moins 150 à 300 minutes d’activité physique aérobique d’intensité modérée ou au moins 75 à 150 minutes d’activité physique aérobique d’intensité soutenue chez les adultes entre 18 et 64 ans. Un peu, beaucoup? Pas de panique, c’est pour la bonne cause. L’activité physique diminue la mortalité toutes causes confondues, soit celle liée aux maladies cardiovasculaires, à l’hypertension artérielle, à certains cancers, au diabète de type 2, etc. Mais bouger améliore aussi la santé mentale (diminution des symptômes d’anxiété et de dépression), la santé cognitive et le sommeil. Enfin, l’activité physique a un effet sur la composition de la graisse corporelle.

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* Le vélo électrique: un outil pour la santé ou un gadget «écolo»? J. Welker, J. Cornuz, B. Gojanovic, Revue médicale Suisse, 2012.

Paru dans Planète Santé magazine N° 44 – Mars 2022

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