Mort subite du nourrisson: des recommandations à ne pas prendre à la légère

Dernière mise à jour 06/10/20 | Article
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Chaque année, c’est un drame brusque, et heureusement rare, qui touche certaines familles. Les causes de la mort inattendue du nourrisson sont mystérieuses, mais des recommandations simples permettent de limiter grandement le risque.

Autres précautions 

Au-delà du couchage des bébés sur le dos, d’autres règles de prévention sont préconisées. Parmi elles:

  • Choisir un matelas ferme placé dans un lit à barreaux.
  • Faire dormir l’enfant dans une turbulette ou gigoteuse à sa taille, sans couverture ni oreiller ou peluche.
  • La pièce doit être fraîche (entre 18 et 20°C).
  • Le «bed-sharing» (enfant placé dans le lit des parents) est absolument déconseillé. Il entraîne un risque important d’étouffement ou de chute.

Les moniteurs de respiration ou matelas détecteurs de mouvements, vantés par les commerçants comme «anti-mort subite», sont aujourd’hui jugés inefficaces donc inutiles, en plus d’être anxiogènes.

On le sait, on nous le répète, le couchage sur le dos est le principal moyen de prévention de la mort subite – ou mort inattendue – du nourrisson. Une recommandation qui a permis de diviser par dix ces décès qui constituaient un véritable fléau jusque dans les années 1990. Dans une fiche mémo destinée aux professionnels en contact avec les parents*, la Haute Autorité de Santé (HAS) a tenu récemment à renouveler les mesures de prévention. L’institution française rappelle ainsi que «le couchage à plat sur le dos strict pour le sommeil est recommandé pour prévenir la mort inattendue du nourrisson (MIN). Le principal facteur de risque de la MIN est le couchage en position ventrale». Voilà qui est dit. Pourtant, malgré l’évidence statistique, certains bébés sont encore parfois couchés sur le ventre. «Certains parents, pensant que leur enfant dormira mieux et sera plus à l’aise, ne respectent pas ces recommandations, explique le Pr Mario Gehri, médecin-chef à l’Hôpital de l’enfance, à Lausanne. Ils ne sont pas conscients du risque que cela implique». Dans la réalité d’un quotidien souvent chargé de fatigue, les choses ne sont en effet pas si simples. «On ne veut pas culpabiliser les parents, mais notre rôle est de leur expliquer les risques qui sont réels, rappelle le spécialiste. Quand on a connu comme moi “l’épidémie“ de morts subites jusque dans les années 1990, on ne peut pas prendre ce sujet à la légère.»

D’autre solutions pour calmer les douleurs

Certes, il a été démontré, dans des conditions de laboratoire, que couché sur le ventre, l’enfant régurgite et pleure moins. L’abdomen ainsi appuyé contre le matelas semble le soulager en cas de coliques ou de gêne digestive. Pourtant, «même s’il est surveillé pendant la sieste par exemple, l’enfant ne doit pas prendre l’habitude d’être placé sur le ventre pour dormir, explique Bérangère Pierret, sage-femme adjointe à la responsable des soins aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Il faut trouver d’autres façons de le calmer». Parmi ces solutions: effectuer des massages doux de l’abdomen, porter l’enfant face contre l’avant-bras, ou encore «placer un linge chaud roulé contre son ventre pour calmer les douleurs intestinales», poursuit la spécialiste.

L’angoisse de la tête plate

Autre frein pour certains parents à placer leur enfant sur le dos: la peur de la «tête plate». Nombreux sont en effet les bébés qui présentent un plus ou moins fort aplatissement de l’arrière du crâne. Une conséquence du couchage dorsal, mais aussi de l’inactivité diurne. «Il est important de stimuler le nourrisson dès ses premières semaines de vie», rappelle le Pr Gehri. Notre société ne bouge plus assez, certains bébés passent leur journée sur le dos sur un tapis d’éveil ou dans un transat, ce qui favorise la plagiocéphalie (déformation crânienne positionnelle), ou "tête plate".»

Pour favoriser la tonicité de l’enfant et renforcer les muscles du cou, il est donc important de préserver une motricité libre et spontanée: en l’incitant à tourner la tête sur le côté (par exemple en changeant l’orientation de son lit) ou, sous surveillance très active, en le plaçant quelques secondes sur le ventre et sur le côté, lorsqu’il est sur un tapis d’éveil par exemple.

Certes inesthétique, les déformations crâniennes n’entraînent pas de séquelles. «Aucune donnée actuelle de la littérature ne permet de conclure à un lien de causalité entre déformation crânienne positionnelle et retard neuro-développemental, troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires», précise ainsi l’HAS dans son communiqué.

Dans la grande majorité des cas, le crâne s’arrondira naturellement lorsque l’enfant commencera à bouger et à se relever. «Les casques – sauf cas sévères – sont inutiles», conclut Bérangère Pierret. Tout comme les «cales-têtes», «sièges-coques» et «coussins anti-tête plate», souvent utilisés à titre préventif mais qui empêchent l’enfant de bouger librement.

La mort subite, un mécanisme mystérieux

«Face à un cas de mort subite du nourrisson, on cherche aujourd’hui à remonter l’histoire récente de l’enfant, explique Mario Gehri. On commence par exclure une maladie sous-jacente, une malformation ou encore une maltraitance, ce qui permet de parler alors de “mort inattendue ou inexpliquée“ du nourrisson.» Mais difficile ensuite de comprendre le mécanisme exact à l’origine de la mort, malgré les nombreuses études menées sur ce syndrome. Le rythme respiratoire, la maturation neurologique en voie d’acquisition: plusieurs aspects ont été creusés. La période hivernale, où les rhumes et autres virus sont fréquents, est plus propice. «On imagine qu’il y a un mécanisme d’étouffement, parce que la respiration est obstruée, mais ce n’est pas prouvé, indique Mario Gehri. Il y a vraisemblablement une conjonction de différents facteurs qui entrent en jeu.»

Le tabagisme de la mère pendant la grossesse et l’exposition du nouveau-né au tabagisme passif sont désormais des facteurs de risque avérés. Fumer pendant la grossesse double le risque de mort subite du nourrisson[1]. La nette prédominance de garçons parmi les enfants victimes de mort subite du nourrisson est un autre constat qui interroge les scientifiques. Les chiffres rapportent en effet environ deux tiers de garçons pour un tiers de filles touchées par ce phénomène. «Des facteurs génétiques ont également été avancés, avec des familles légèrement plus à risque de récidive, mais s’agit-il d’un environnement propice ou de l’implication des gènes, difficile à dire», s’interroge Dr Gehri. L’effet protecteur de l’allaitement semble quant à lui bien réel. En revanche, «aucune étude sérieuse n’a démontré de lien entre vaccination et mort subite du nourrisson», note le spécialiste.

* https://www.has-sante.fr/jcms/p_3151574/fr/prevention-des-deformations-craniennes-positionnelles-dcp-et-mort-inattendue-du-nourrisson

Sur le côté : une bonne idée ?

Pour le confort de leur enfant tout en évitant la position dorsale, certains parents choisissent l’alternative de placer leur enfant sur le côté. Mauvaise idée. En effet, cette position latérale est trop instable rappelle la Haute Autorité de Santé (HAS) en France: «Il existe un risque de basculement sur le ventre», et donc «d’enfouissement, d’hyperthermie et de confinement respiratoire», tout comme lorsqu’il est couché sur le ventre. Même l’utilisation de matériel de contention, type cale-bébé, cale-tête, coussin de positionnement, ou réducteur de lit, doit être évité.

Bien sûr, si votre enfant se retourne seul pendant la nuit, inutile de le déranger en le replaçant sur le dos. «Le risque n’est pas écarté, mais l’enfant est a priori assez tonique pour se redresser lui-même», explique Bérangère Pierret, sage-femme adjointe à la responsable des soins aux HUG.

De façon naturelle, on observe en effet une diminution des morts subites du nourrisson (MSN) à partir de 6-8 mois, âge auquel l’enfant commence à se retourner et soulever correctement sa tête. «L’incidence maximum de la MSN est entre 1 et 6 mois», constate Pr Mario Gehri, médecin-chef à l’Hôpital de l’enfance à Lausanne. Mais on considère que le risque est présent au moins jusqu’au premier anniversaire de l’enfant.»

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Paru dans Le Matin Dimanche le 26/07/2020.

 

[1] Dautzenberg, Tabagisme passif, Rapport du groupe de travail DGS, mai 2001

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